Sauter de 4 000 mètres d’altitude avec un champion en parachute, c’est fait ! Pendant le championnat de France de parachutisme ascensionnel à Vichy, dans l'Allier, j’ai eu l’occasion de sauter en parachute. Une première pour moi que je vous fais découvrir.
 

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Je comptais les jours avant ce fameux mercredi 31 juillet. Partagée entre l’excitation et l’appréhension, je me rendais donc sur l’aérodrome de Vichy-Charmeil, dans l’Allier. Il est 10 heures et dès notre arrivée dans le hall de l’aérodrome, nous sommes pris dans l’ambiance. 
Tout le monde s’active à l’intérieur. D’un côté, agenouillés au sol, certains préparent leur voile ; d’autres effectuent des sortes de chorégraphie. Nous arrivons en plein championnat de France de parachute ascensionnel, organisé par la Fédération française de parachutisme. Ce jour-là, il y avait toutes les disciplines. 
 
 

Mathieu Bernier : quadruple champion du monde

Nous attendons quelques minutes avant de retrouver notre interlocuteur de la Fédération française de parachutisme. « Nous allons essayer de vous faire sauter ce matin », me lâche-t-il. Et le déclic se fait dans ma tête : je vais faire mon baptême de parachute. Le temps de réfléchir à tout ça, mon moniteur du jour arrive. Mathieu Bernier, avec sa mèche en bataille et son air décontracté, a déjà 18 000 sauts à son compteur. Je ne pouvais trouver meilleur moniteur.
 

Pour lui, le parachute, c’est une histoire de famille qui a commencé en 1995, à l’âge de 16 ans. « Le parachutisme, c’est un rêve de gosse pour moi. Mes parents pratiquaient la discipline, je les suivais dans toute la France. J’ai voulu faire de la compétition », me confiera Mathieu un peu plus tard. Et effectivement, il en fera de la compétition et il sera même récompensé par un beau palmarès : à 40 ans, Mathieu est quadruple champion du monde en vol relatif, six fois vainqueur de la coupe du Monde et maintenant entraîneur national de « vol relatif ». Nous reviendrons sur les différents types de vol en parachute un peu plus loin.
 

Equipement et positions

Revenons à notre préparation. Nous serons deux à faire notre baptême en parachute. Avant de sauter, il faut s’équiper et prendre connaissance des quelques règles de sécurité. 
J’enfile d’abord la combinaison : près du corps au passage, pour éviter toute gêne pendant la chute, et des poignées sur les bras et les jambes, ce qui avait tendance à me donner une démarche de cow-boy. 
Et enfin Mathieu commence le briefing. On apprend alors que nous allons monter à 4 000 mètres d’altitude, jusqu’à 1 500 mètres nous sommes en chute libre. 
« Il y a deux voiles, une voile principale et une voile de réserve. À l’intérieur du parachute, un petit ordinateur qui déclenche l’ouverture automatique du parachute de réserve, au cas où je suis inconscient ou si je suis blessé. C’est obligatoire. Un ordinateur qui calcule la pression atmosphérique et la vitesse. Passé une certaine altitude, ça se déclenche automatiquement », nous explique Mathieu. 
 

Après l’équipement, il faut parler positions. « Le but est d’acquérir une stabilité en chute comme le principe d’un volant de badminton. Le centre de gravité, c’est le bassin, on le pousse vers l’avant. Et on met les bras comme un oiseau ». Pour se rendre compte de la position, on essaye ensuite sur une planche à roulettes. « Pour l’atterrissage, il y a d’autres consignes : il faut lever les jambes et après il faudra trottiner ou marcher, sinon on atterrira sur les fesses »
 

La chute 

À ce stade, je me demande comment je vais retenir toutes ces informations pendant la chute… Mais je n’ai pas trop le temps de me poser de questions. J’enfile le harnais, Mathieu prend son parachute et nous voilà parti. Nous montons dans l’avion : pas de sièges, on s’assoit en enfilade les uns derrière les autres. Avec Mathieu, nous sommes les premiers à monter dans l’avion, ce qui veut aussi dire que nous serons les derniers à sauter. 
Nous décollons très rapidement. L’altitude défile : 1 000, 2 000, 3 000… Nous passons au-dessus des nuages. À cette hauteur-là, Mathieu termine de nous attacher l’un à l’autre et nous mettons les lunettes. 
4 000 mètres et la porte de l’avion s’ouvre. La première équipe se positionne au bord. Les pieds dans le vide. Et en quelques secondes, ils disparaissent dans les nuages. 
 

Julie se positionne à l’extérieur de l’avion juste à côté de la porte. Julie, c’est notre videowoman, c’est elle qui filmera notre saut. 
Nous nous rapprochons de la porte et là je me rappelle des consignes de Mathieu quelques minutes plus tôt, et je mets mes jambes sous l’avion. Et à peine trois secondes se passent, Mathieu nous pousse dans le vide. Le paysage défile sous mes yeux. Les 200 km/h dont parlait Mathieu, je les sens sur mon visage et tout mon corps. Pendant ces 55 secondes de chute libre, nous communiquons par des gestes. Je suis détendue. 
1 500 mètres d’altitude : il est temps de dire au revoir à Julie. Mathieu déploie sa voile et notre chute s’arrête nette.
 
 

La tête dans les nuages

Tout est plus calme d’un seul coup. Nous enlevons nos lunettes de protection. Mathieu me demande comment je vais après la chute : c’est indescriptible, mais ce n'est que du bonheur. Le paysage continue de défiler doucement sous nos yeux lorsque Mathieu me propose de piloter la voile. Perplexe, j’accepte quand même sa proposition : après tout, il sait ce qu’il fait. Il me dit alors de baisser les bras pour freiner, de lever les bras pour avancer tout droit et à pleine vitesse, de tirer à droite pour tourner à droite, et de tirer à gauche pour tourner à gauche. Un jeu d’enfant. 
 
Mais malheureusement, pas le temps de s’attarder : « Aurélie, on va maintenant se préparer pour l’atterrissage ». J’écoute les consignes de mon moniteur même si intérieurement, je serais bien restée encore un peu dans les airs. Je lève donc les jambes et je commence à trottiner avant même de poser les pieds au sol. 
Les pieds sur terre, mais la tête encore dans les nuages, j’ai du mal à reprendre mes esprits. Une chose est sûre : la prochaine étape sera de voler en solo. 


Faire un saut en parachute en tandem ou en solo

Si vous n’avez pas peur du vide, n’hésitez pas. Il faut compter plus de 200 euros pour sauter en parachute en tandem. Pour ceux qui ne sont pas tout à fait rassurés, mais qui veulent découvrir les sensations de la chute libre, il y a la possibilité d’aller dans une soufflerie : de puissants moteurs et hélices génèrent un souffle de plus de 200 km/h qui porte le parachutiste sur un coussin d’air. Par créneaux de 1 à 2 minutes et accompagné d’un moniteur de soufflerie, vous pourrez découvrir dès 8 ans les sensations de la chute libre et du vol.
Pour ceux qui ont déjà fait leur baptême, et qui veulent aller plus loin et voler en solo, il y a deux options. 
 
  • P.A.C. : progression accompagnée en chute. Elle permet d’accéder à la chute libre dès le premier saut. À 4 000 mètres pour 50 secondes de chute libre et au moins un moniteur à vos côtés, vous apprendrez à contrôler votre position et à ouvrir votre parachute. La descente sous voile dure entre 5 et 7 minutes. Ce stage se compose de 6 sauts minimum accompagnés par au moins un moniteur. 
  • O.A. : progression traditionnelle en ouverture automatique. Les premiers sauts de cette progression s’effectuent à la hauteur de 1200 mètres. Environ trois secondes après la sortie d’avion, le parachute s’ouvre automatiquement. Ensuite, commence la descente sous voile qui dure entre 5 et 7 minutes environ. Pendant cette étape de la progression, vous apprendrez à contrôler la sortie d’avion, la position et le pilotage de la voilure. L’objectif est d’acquérir les fondamentaux techniques afin d’accéder à la chute libre que vous pratiquerez dans un premier temps à 1500 mètres pour monter progressivement à des hauteurs plus importantes. Une formation au sol est nécessaire avant d’effectuer le premier saut. Elle dure une partie de la journée. Un stage de 10 sauts s’organisera sur une semaine en moyenne. Les écoles de parachutisme vous proposent habituellement deux formules : saut d’initiation ou stage de 5 sauts.

N’hésitez pas à vous renseigner sur le site internet de la fédération française de parachutisme.  
 
Les disciplines du parachutisme
Freefly : cette discipline du parachutisme regroupe toutes les positions de la chute libre. Les pratiquants volent dans des positions tête en bas, tête en haut, sur le dos, dans l’angle, sur le ventre, etc.

Freestyle : c’est la « danse du ciel ». La discipline demande des compétences gymniques, acrobatiques, esthétiques, toniques.

Vol relatif : quatre ou huit parachutistes doivent réaliser une série de figures imposées et différentes à chaque saut. Le vol relatif est la discipline la plus pratiquée en France.

Vol relatif vertical : c’est un mixe du VR traditionnel et du free fly (toute position sauf à plat).Cette discipline consiste à réaliser le plus grand nombre de points en un temps imposé en chute libre. L’équipe de 5 compétiteurs (4 performeurs et un vidéoman) évolue dans des vitesses avoisinant les 300 km/h.

Voltige : effectuée à partir d’une hauteur de 2 200 mètres, la voltige est une discipline « explosive » faisant appel à d’excellentes qualités de coordination et d’équilibre. L’épreuve consiste, après une prise de vitesse où certain compétiteur atteignent plus de 300km/h, à réaliser le plus rapidement possible un enchainement de 6 figures imposées en chute libre : exécuter 2 fois à la suite 2 rotations alternés de 360°  suivi d’un salto arrière.

Précision d’atterrissage : plus ancienne des disciplines du parachutisme, la Précision d’Atterrissage (PA) est une épreuve d’adresse où la technique de pilotage et l’analyse des conditions météo sont déterminantes. Les compétiteurs sont largués à une hauteur d’environ 1000 mètres et doivent, après s’être étagé pour assurer une séparation suffisante entre chacun,  venir se poser sur une cible mesurant 2 cm de diamètre. 

Voile contact : consiste à réaliser, à partir d’un largage à 2 000 mètres, des figures, parachutes ouverts. Dès la sortie d’avion, les parachutistes ouvrent leurs voiles pour construire une formation. 

Skysurf : le “surfer” effectue des figures acrobatiques avec une planche fixée sur les pieds. 

Ascensionnel : c’est le moyen choisi par les champions de vol libre pour effectuer les plus longues distances sous voile ou par les spécialistes dans la précision d’atterrissage en parachutisme, pour se perfectionner.
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