Le 20 avril 2017, un terrible accident de la route faisait 3 morts à Gannat, dans l'Allier. Domicilié dans la Loire, Ludovic Lafay a perdu sa compagne et sa fille de 9 ans. Aujourd'hui, il a décidé de se battre pour que la prochaine réforme de la justice soit plus sévère avec les multirécidivistes.
Des photos, des souvenirs, voilà tout ce qui lui reste. Ludovic Lafay a perdu sa fille Angèle et sa femme Séverine dans un accident de voiture à Gannat (Allier), le 20 avril 2017. A quelques mois du procès de l’automobiliste qui a causé le drame, cet habitant de la Loire est hanté : « Combien d’années de prison vaut la vie de ma femme et de ma fille ? Ce n’est pas à moi de le dire. Toujours est-il que la personne qui va être jugée au début de l’année prochaine et qui a fait 10 mois de prison préventive si elle ressort libre du tribunal faudra venir m’expliquer que la vie de ma fille vaut 5 mois de prison et que celle de mon épouse vaut 5 mois de prison ».
110km/h sur une route limitée à 50 km/h
Percutée par une fourgonnette, la voiture de sa compagne percutera un arbre avant de finir sa route sur le bas-côté. Sa fille sera tuée sur le coup. Sa maman décédera à l’hôpital, tout comme une amie présente à leurs côtés dans le véhicule. Le quatrième passager, une autre fillette, s’en sortira avec d’importantes séquelles. D’après l’enquête, l’automobiliste qui les a percutées roulait à 110km/h sur une route limitée à 50 km/h. Le chauffard a été condamné plusieurs fois, notamment, pour conduite sans permis.
Pour Ludovic, il n’aurait pas dû être en liberté ce jour-là et encore moins après l’accident : « J’estime qu’après 10 condamnations (…) c’est une personne qui a été assez prévenue. Il n’y a pas lieu à lui faire encore un cadeau ».
Des sanctions plus lourdes pour les multirécidivistes
Aussi, pour faire changer la situation, le jeune veuf s’est plongé dans le code pénal, avec une idée : introduire la notion de récidive générale. Selon lui, au bout de 3 condamnations à de la prison ferme l’individu doit être emprisonné. Pour porter sa voix jusqu’au gouvernement, il a contacté son député. Ensemble, ils ont rédigé 3 amendements qu’ils aimeraient ajouter à la réforme de la justice.
Je ne suis pas là pour me venger. Je suis là pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus
« Vous avez quelqu’un qui, très calmement, vient vous expliquer qu’il y a une faille. Il voudrait simplement que justice soit faite, non pas pour son cas précis, mais pour les cas malheureusement à venir ou même actuels. C’est là qu’on est forcément obligé d’en prendre conscience », explique Julien Borowczyk, député LREM de la 6e circonscription de la Loire.
Et Ludovic Lafay de poursuivre : « Je ne suis pas là pour me venger. Je suis là pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus".
A l’Assemblée nationale, le groupe LREM a pour l’instant retoqué ces amendements. Ils ne seront pas inscrits dans la réforme de la justice. « Tout le monde m’a dit que c’était un combat juste, que les propositions faites n’étaient pas disproportionnées et qu’elles apparaissent comme étant du bon sens », relate le jeune veuf. « La seule chose que j’aimerais, mais ça n’arrivera jamais, c’est que ceux qui votent non viennent m’expliquer pourquoi ils l’ont fait ».
Ludovic Lafay ne s’avoue pas encore vaincu. Il accompagnera son élu local à Paris pour l’aider à convaincre le gouvernement.