Il y a dix ans, la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux personnes de même sexe était adoptée par le parlement, puis promulguée par le président. En Auvergne, le premier mariage homosexuel avait été célébré le 7 juin 2013, dans le petit village de Louroux de Beaune. Nous avons retrouvé Eric et Laurent, les heureux époux, à Vichy.
C'est un oui qui voulait dire beaucoup. Après des années de vie commune, Eric et Laurent étaient enfin unis par le mariage, le 7 juin 2013 à Louroux, de Beaune. Un bonheur partagé avec leur petit village de l'Allier. Eric Jallet, époux de Laurent, explique : « Ce village a envoyé un message de tolérance. On parle souvent des campagnes, de la ruralité, de la France profonde et fermée. Là en fait, nos compagnes sont beaucoup plus tolérantes qu’on ne le croit. Ce n’est pas vrai partout mais en tout cas c’était un très beau message. On était très fiers de cela ».
Un couple attaché à ses droits
Dix ans plus tard, les deux époux coulent une retraite paisible à Vichy. Laurent Faudemer, mari d'Eric, souligne : « Je l’aimais beaucoup avant et je l’aime toujours autant. J’espère que c’est réciproque ». Ils sont toujours militants et attachés à leurs droits. Laurent poursuit : « On a acquis ce qu’on aurait toujours dû avoir. C’est cela qui fait la différence. On avait vécu déjà 30 ans ensemble avant l’accès au mariage. C’est devenu tout à fait naturel. C’est avant que ce n’était pas normal. Maintenant, la situation est normale pour nous ».
Combattre l'homophobie
Les deux sexagénaires continuent de défendre les victimes d'homophobie. Quelque 70 000 mariages homosexuels ont été célébrés en 10 ans, mais l'intolérance n'a pas disparu. Eric indique : « L’année 2013 c’est la mobilisation d’une homophobie ultraconservatrice, très localisée. Je dirais que l’homophobie en 2023 est plus diffuse dans la société. Elle concerne tous les sujets, tous les contextes. Mais elle est plus radicalisées, plus violente et donc plus dangereuse pour les personnes LGBT+ ». Eric et Laurent affichent leur bonheur pour faire changer les regards, pour qu'une promenade main dans la main ne soit plus un acte militant mais un simple geste de tendresse.
Propos recueillis par Julien Teiller / France 3 Auvergne