Nouvelle renaissance pour la manufacture de Couleuvre dans l'Allier. Créée en 1789, cette manufacture de porcelaine d'exception prend un nouveau départ en modernisant les modèles d'antan grâce à un incroyable patrimoine de 300 000 moules et 6 000 modèles.
Le mercredi 5 mai avait lieu l'inauguration de la Manufacture de porcelaine, à Couleuvre, dans l'Allier. Elle renaît, après avoir fermé à de nombreuses reprises. Le savoir-faire laissé de côté depuis 20 ans reste le même, les gestes sont précis. « Après avoir soufflé mes pièces, je les trempe dans un bain d’émail et ça sèche tout de suite. Ça donne le brillant à la pièce. Si on n’émaille pas, ça reste en biscuit. Ça part ensuite dans le four à 1 400°C », explique Marie-Claude Boutet, ouvrière à la Manufacture de Couleuvre, l’une des 7 femmes embauchées pour cette réouverture.
Des pièces anciennes revisitées
Plus de 10 000 objets en porcelaine seront à nouveau fabriqués ici chaque année dans la plus grande tradition : « La manufacture représente 25 ans de ma vie. J’ai eu quelques péripéties, ça a fermé, ça a repris… Je suis revenue en 2002. Ce serait bien que ça soit pérenne. C’est l’histoire de Couleuvre. La porcelaine, c’est ce qui fait Couleuvre. On refait toutes les pièces anciennes. Ça fait plaisir de retrouver les pièces qu’on ne faisait plus et qu’on remet au goût du jour, en espérant que ça plaira au plus grand nombre », se réjouit Marie-Claude Boutet.
Une matière difficile
Depuis 230 ans, la manufacture de Couleuvre propose des objets décoratifs, symbole de l’art de vivre. Créée en 1789 par le Marquis de Lévis, Antoine de Sinéty, à la veille de la Révolution française, la manufacture réédite des objets créés par des artistes, des objets du quotidien en porcelaine, explique Sophie Salager, la nouvelle directrice de la Manufacture de Couleuvre : « C’est un travail magnifique. C’est une matière minérale et à la fois presque vivante car elle est très difficile à travailler et à appréhender. C’est une matière qui est travaillée de la même manière depuis le XVIIe siècle et qui, en même temps, fait appel à des usages beaucoup plus contemporains. On n’a plus forcément envie d’avoir la même porcelaine que nos grand-mères. »
300 000 moules
Le savoir-faire reste, lui, inchangé : « C’est fait à base de poudre de Kaolin, une poudre calcaire très blanche qu’on va utiliser pour faire de la barbotine qui sert ensuite à faire de la porcelaine. Ça va donner le côté translucide de la porcelaine », indique la directrice. La manufacture propose des rééditions de pièces anciennes grâce à son patrimoine de 300 000 moules. Ces objets sont remis au goût du jour : « On conserve la forme en ajoutant quelques petits détails sur la forme, à l’intérieur du moule. Surtout, on va changer les couleurs et les finitions », se félicite Sophie Salager.
Ces objets d’exception sont vendus entre 60 et 2 500 euros. La manufacture développe aussi des porcelaines teintées dans la masse et devrait proposer d’ici quelques mois de nouvelles créations contemporaines mais aussi des rééditions de pièces historiques, des pièces qui ont près de 100 ans comme la collection Perles, réédition des années 30. “Où Couleuvre tombera, pays sera, Porcelaine naîtra, Art vivra.”