Le 13 novembre dernier, les députés ont adopté le "malus au poids" des voitures de plus de 1.800 kilos, excluant ainsi la plupart des modèles français. Mais dans les Alpes, où les 4x4 représentent une part importante du marché, les concessionnaires s’inquiètent.
En 2019, les SUV ont représenté 38% des ventes. Plus grands, plus lourds, plus puissants, ils sont pourtant pointés du doigt pour leur impact environnemental massif. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), ils seraient la deuxième cause d’augmentation de CO2 dans le monde entre 2010 et 2018.
Pour limiter leurs effets, les députés ont adopté fin 2020 un "malus au poids". Cette résolution ne sera appliquée qu’à partir de 2022, mais elle fait déjà beaucoup parler chez les concessionnaires. Elle prévoit notamment une taxe de 10 euros par kilo supplémentaire pour les véhicules à moteur atmosphérique pesant plus d’1,8 tonne. Premiers touchés par la mesure : les SUV hauts de gamme. Mais les gros 4x4 seront aussi concernés.
Dans les Alpes, ces véhicules représentent un marché important. "Pour nous, dans la région, c’est vraiment un outil de travail, justifie Thierry Alessandria, concessionnaire Jeep. Ce n’est pas pour faire les beaux. En station par exemple, les gens en ont besoin car il y a de la neige. Les 4 roues motrices c’est important et on en a besoin".
Décourager les acheteurs
Ce nouveau surcoût pourrait pousser certains acheteurs à revoir leurs habitudes. C’est le cas de Christophe, conducteur de 4x4 depuis plus de 20 ans. Pour cet entrepreneur du bâtiment, ces véhicules servent d’utilitaire. Mais il risque de faire partie des clients découragés par la taxe : "Dans l’entreprise, on va faire d’autres investissements, ça c’est sûr, explique-t-il. On ne pourra pas se permettre de rajouter 10 euros au kilo dans la société. On prendra d’autres véhicules, on va réfléchir effectivement".
SUV et 4x4 format gros gabarit sont donc dans le collimateur. Mais la majorité des autres voitures échappera à cette nouvelle mesure et en particulier si ce sont des véhicules qui sortent des chaînes de production de constructeurs français. "Nous ne serons pas touchés par cette taxe car on a une gamme en dessous de ce poids, précise Catherine Levaillant, directrice de la concession Automobile Premium Fontaine. Par contre, les marques allemandes ont des véhicules plus lourds donc eux seront plus pénalisés".
Pour les vendeurs de voiture, la taxe au poids est une mesure supplémentaire qui va dégrader un peu plus l’activité d’un secteur dont les ventes ont chuté de près de 20% en 2020.
Les origines de la taxe
À l’origine, cette taxe a été proposée par les membres de la Convention citoyenne pour le climat. Ces derniers souhaitaient taxer les véhicules pesant plus d’1,4 tonne. Finalement, les députés ont placé le curseur plus haut : seules les voitures de plus d’1,8 tonne seront concernées par la taxe au poids. Aux côtés d’autres membres de la CCC, l’Iséroise Christine Aranega avait défendu cette mesure. En vain : "Le gouvernement a retoqué cette proposition, préférant mettre en place un malus pour les voitures de plus de 1800 kilos. Ça représente trois voitures en France, se désolait cette médecin. Nous, on ciblait les grosses voitures que tout le monde a pour aller au travail et qui polluent pour rien. Nos mesures sont amoindries, elles ne sont plus efficaces".