A Orgnac-l'Aven, dans le sud de l'Ardèche, la récolte des cerises vient tout juste de commencer. L'épidémie du Coronavirus a bouleversé l'organisation. Chrystel Cesana, productrice, espère malgré tout faire une bonne saison.
Les premières cerises à être récoltées, ce sont les Burlat, et les Primulat. Chair ferme, juteuses, elles sont un must et trouvent facilement preneur, au côté des fraises, à l'avant-garde des fruits d'été.
Chrystel Cesana, productrice à Orgnac-l'Aven, dans l'extrême sud de l'Ardèche, a commencé la récolte mardi. Les volumes ne s'annoncent pas mirobolants, la chaleur puis le gel ont joué contre. Mais comme la qualité est là et que le calibre est bon, les prix sont corrects : 4 euros le kilo pour le producteur.
D'ordinaire sur la ferme, ce sont des saisonniers espagnols qui viennent en renfort, une famille est fidèle depuis 40 ans, à laquelle se sont agrégés des amis du même village. C'est avec un pincement au coeur que l'agricultrice ne retrouve pas cette année ces gens devenus proches. Epidémie et confinement oblige, il a fallu faire autrement.
Héberger ? "Ce n'était pas vraiment envisageable, de mettre tout un groupe de travailleurs sous le même toit, c' est trop compliqué à mettre en oeuvre avec les contraintes liées au Coronavirus". Alors Chrystel Cesana a fait appel à une main d'oeuvre locale, inexistante d'ordinaire. D'habitude c'est la saison touristique qui aimante ces ressources humaines, mais elle est au point mort.
Sur la quinzaine d'hectares de vergers de Chrystel, la main d'oeuvre nouvelle a pris ses marques, et ses distances. "Chaque salarié a son matériel dédié, ils viennent un par un vider les seaux de fruits, sur la table de tri moins de monde intervient pour respecter des écarts raisonnables, on insiste là-dessus, on a du gel hydro alcoolique, de l'eau et du savon sur le site".
L'équipe est nouvelle, la façon de faire aussi, alors la récolte prend un peu plus de temps. Pas de chance, la pluie annoncée la semaine prochaine met un peu de pression, elle risque de malmener les fruits, et de retarder, alors que la cerise doit être récoltée rapidement, une fois mûre, pour ne pas s'abîmer. Mais l'ambiance et le moral restent bon. Il reste encore plusieurs semaines de travail, au fur et à mesure de l'avancée des variétés.
Ce qui est plus inquiétant, ce sont les débouchés. "Les années sont très fluctuantes pour la cerise, tout dépend du comportement des grandes et moyennes surface par exemple, j'espère que pour cette année difficile, elles joueront le jeu de la proximité, et feront des achats réguliers, sans casser les prix. J'espère aussi que tous les marchés rouvriront plus largement dès la semaine prochaine. Pour l'instant il y a trop peu d'étals sur ceux qui fonctionnent". C'est aussi au consommateur de jouer la saisonnalité et la proximité.