Ardèche : les opposants à l'église de Saint-Pierre-de-Colombier favorables à une étude environnementale

La préfecture de l'Ardèche avait donné 48h aux opposants à l'église St-Pierre-de-Colombier pour valider le lancement d'une étude environnementale. Ils donnent leur feu vert et obtiennent la suspension des travaux. 

C'est un "oui" avec un "mais". Un "mais" qui a son importance. Les opposants au projet de l'église de Saint-Pierre-de-Colombier ont donné leur accord pour que soit enfin conduite une véritable étude environnementale. Ils la demandent depuis plusieurs mois. Selon eux, ce projet d'église "pharaonique " met en danger la survie et l'habitat de plusieurs espèces protégées. C'est pour cette raison qu'ils jugeaient indispensable la suspension des travaux, le temps que l'étude soit conduite.

Un projet qui menace des espèces protégées

Le collectif les Ami(es) de la Bourges dénonce le projet de la congrégation, "la Famille Missionnaire de Notre-Dame" (FMND) depuis des mois. Celui de la construction, en plein cœur du Parc National des Monts d'Ardèche, d'un édifice religieux pouvant accueillir 3500 fidèles. Et avec lui, de logements, d'un parking et d'une passerelle sur la rivière La Bourges. "Un projet démesuré et néfaste pour l'environnement" selon ses opposants.

Leur combat a pris une dimension nouvelle lorsque, pour les soutenir, de jeunes militants environnementalistes ont installé une ZAD sur le chantier de l'église ce week-end. La "zone à défendre" a rapidement été évacuée par les forces de l'ordre et la préfète a ensuite souhaité recevoir les militants, en présence de toutes les autres parties du dossier.

Une table ronde à la fin de laquelle la préfète a proposé qu'une étude environnementale soit menée afin « de préciser définitivement l'impact du projet sur les espèces et leur habitat ». C'est ce que dénonce en effet le collectif, appuyé par une étude du Parc Régional des Monts d'Ardèche qui a identifié huit espèces menacées.

"Durant cette période de suspension des travaux, une solution acceptable par tous devra être trouvée entre les services de l'État compétents, le Parc naturel régional, la famille missionnaire Notre-Dame (congrégation catholique qui porte le projet, ndlr) et le collectif des Amis de la Bourges (opposants écologistes, ndlr)", a prévenu la préfecture dans un communiqué.

Celle-ci ajoute qu'elle ne tolèrera "aucune occupation illégale" des terrains concernés, après avoir fait évacuer des militants écologistes lundi par les forces de l'ordre.

Un accord avec de nombreuses réserves

Pour les opposants, la suspension totale du chantier était une condition sine qua non de la conduite de cette étude. "Soyons cohérents, on ne peut pas chercher les impacts de ces travaux tout en les continuant. Arrêtons le massacre, parce que ces travaux sont irréversibles, une fois que le béton sera coulé, il sera trop tard", s'indigne Sylvain Herenguel, membre du collectif des Ami(es) de la Bourges.

Si les militants valident donc la proposition de la préfecture, ils émettent par ailleurs de nombreuses réserves sur l'impartialité d'une telle étude. "Il ne faut pas qu'elle soit biaisée", prévient Sylvain Herenguel, qui demande avec le collectif à ce que l'étude soit conduite sur une année pleine (afin de prendre en compte les différentes saisons) et sur l'ensemble du site projeté.

Nous souhaitons une étude longue et fouillée, elle doit prendre en compte le fait que le site et les habitats des espèces protégées sont d’ores et déjà altérés par les travaux. Il faudra donc qu'elle intègre toutes les données bibliographiques et de terrains connus pour le secteur concerné,

ajoute le militant.

Le collectif exige également que tous les impacts du projet soient pris en considération. Et ils sont nombreux. L'impact sur le paysage. Sur la qualité de vie dans la vallée. Sur l'artificialisation de terres agricoles ou encore sur la gestion de l'eau.

De nouveaux soutiens

Depuis que son combat a été médiatisé, notamment grâce à l'opération de ZAD, le collectif a reçu de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux. La Confédération paysanne de l'Ardèche a également demandé la suspension du chantier, dénonçant un projet "démesuré et inutile".

En un peu plus de 48h, les militants ont obtenu la signatures d'un peu plus de 50 élus, députés, conseillers municipaux, départementaux, régionaux... Ils ont tous répondu à l'appel du collectif des Ami.es de la Bourges, demandant la suspension des travaux. Sollicité par le collectif, le Président du Conseil départemental de l'Ardèche, Laurent Ughetto a également interpellé la préfète du département à ce sujet. Il a demandé, lors d'une conférence de presse, à ce que le chantier de l'église soit suspendu pendant la conduite de l'étude afin qu'elle soit menée dans les « conditions les plus normales possibles ».

Les Ami(es) de la bourges ont annoncé qu'ils allaient porter plainte et déposer un référé au tribunal administratif pour demander la suspension du chantier. Selon eux, les travaux sont illégaux, puisqu'ils ne respectent pas le droit de l'environnement. Aucun arrêté dérogatoire autorisant la destruction d'une espèce et de son habitat n'a en effet été pris par la préfecture de l'Ardèche.

La préfecture a annoncé jeudi soir, le 18 juin, que le chantier allait être suspendu jusqu'en octobre dans le but de trouver un compromis.

 

 

 

 

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