Tri des déchets, compost, recyclage : avez-vous les bonnes pratiques ?

La nouvelle année 2025 est l'occasion de faire le bilan des pratiques de tri sélectif dans l'agglomération du Grand Reims (Marne). Sa population est plutôt bonne élève, mais des efforts peuvent être accomplis.

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Jetez-vous correctement vos déchets ? Les bonnes pratiques de tri sont parfois méconnues, et un rappel ne fait donc jamais de mal.

Une nouvelle application pour gérer ses dates et horaires de collecte a d'ailleurs été créée. On y trouve la déchetterie la plus proche de chez soi, ce qui évite par exemple de mettre une batterie électrique à la poubelle et causer un incendie (ça s'est déjà vu).

Pascal Lorin, vice-président en charge des déchets de l'agglomération du Grand Reims (Marne), a été contacté par France 3 Champagne-Ardenne. Il détaille ses observations sur cette thématique pour laquelle la communauté urbaine "investit beaucoup de moyens pour des expérimentations, en communication..."

Analyser nos poubelles

"Il y a des points de réussite, et des points à améliorer. Il faut s'adapter quand on n'arrive pas à convaincre les usagers." L'occasion de faire un rappel bien utile.

La vie de nos déchets ne s'arrête pas au moment où on les dépose à la poubelle ou dans une benne. Au contraire, celle-ci ne fait que commencer. "On fait ce qu'on appelle une campagne de caractérisation. Ce n'est pas tous les ans."

Au cours d'une année, plusieurs examens sont réalisés à différents moments de celle-ci. "Les poubelles sont prises au hasard et vidées. On y trie à la main. Évidemment, les personnes sont équipées de gants. Elles vont regarder ce qui est à sa place, et ce qui ne devrait pas y être."

Poubelle noire = déchets ménagers

Les poubelles dont le couvercle est noir sont destinées aux déchets ménagers (ou "ordures résiduelles"), plus généralement à tout ce qui n'est pas recyclable ou valorisable. Ceux-ci doivent être placés dans des sacs-poubelle du commerce pour éviter accidents, fuites, et mauvaises odeurs : il est toujours bon de faciliter le travail des éboueurs, dont le métier n'est déjà pas facile. 

"Avec l'évolution des consignes de tri, le fait qu'on puisse trier plus de choses qu'avant, on s'aperçoit que les poubelles d'ordures ménagères sont moins remplies qu'avant. Ce qui va permettre d'amener une réflexion sur le fait de réduire les collectes d'ordures ménagères. En hypercentre, c'est deux fois par semaine : peut-être que ça ne sera plus qu'une fois par semaine. C'est une piste de réflexion pour faire des économies : on est dans les études, les circuits de collecte doivent être adaptés."

Ces déchets seront incinérés pour produire de la chaleur ou de l'énergie électrique. Mais tout n'est pas rose (si l'on peut dire). "On trouve encore des choses qui ne devraient pas être dans les poubelles d'ordures ménagères. On est quand même, en 2022, à près de 60% de produits qui ne devraient pas s'y trouver." On jette donc moins aux ordures ménagères, mais ce qu'on jette pourrait être largement mieux trié, faut-il comprendre. 

"Lors de nos campagnes de caractérisation, on trouve facilement des bio-déchets, alors que maintenant, une collecte est en place. On trouve aussi du verre ou des boîtes de conserve. Alors qu'on trie, on valorise", regrette l'élu, également maire d'Aubérive (Marne).

Bornes à bio-déchets, la dernière nouveauté

Si les résultats de 2022 sont décevants, c'est parce qu'ils précèdent "de nouvelles consignes de tri", et notamment la mise en place des bornes d'apport volontaire de bio-déchets. Elles se remarquent, elles ont modifié le paysage urbain à partir de 2021, début d'une expérimentation dans le secteur Zola, avant généralisation fin 2023. "Ça va s'améliorer." 

Au début, pour les utiliser, il fallait s'inscrire, avoir un badge... Bref, c'était pénible. Maintenant, il suffit d'amener ses bio-déchets dans un petit sac kraft, pousser la trappe de la borne à la main ou en appuyant sur une pédale, et hop, c'est fait.

"On est monté en puissance. C'est très encourageant, et on va continuer à communiquer en 2025. On a en déployé 530 pour couvrir toutes les zones denses de la métropole. C'est dispatché de manière cohérente, de manière que les gens ne les aient pas très loin de chez eux. La qualité de la collecte était bonne à 95% alors qu'on visait 90%" pour que ça soit viable.

On arrive à collecter onze tonnes de bio-déchets par semaine.

Pascal Lorin, vice-président en charge des déchets dans l'agglomération du Grand Reims

"Ça marche pas mal. On arrive à collecter onze tonnes de bio-déchets par semaine. Et c'est bien : ce sont onze tonnes qui ne partent pas à l'incinération. En plus, ça perturbe le système et fait baisser l'indice calorifique" de l'incinérateur chargé de produire chauffage ou électricité.

Ainsi, les épluchures de fruits et légumes, restes alimentaires (y compris viande, pas intégrable dans un compost domestique), serviettes en papier et mouchoirs usagés ont un destin plus utile : du compost. Il peut être récupéré par les jardiniers municipaux ou les agriculteurs au lieu de devoir acheter des engrais chimiques.

Mieux vaut éviter les os, en revanche, que la poubelle noire sera ravie d'accueillir. L'élu souligne également que "n'importe quel sac kraft" est à privilégier car "les sacs en plastique bio-dégradables mettent trop de temps à se dégrader". Et il est aussi admis de venir "avec son propre contenant et le vider directement dans la borne", même si ça salit : c'est fait pour. "À chaque collecte, c'est vidé et lavé." Avec un rythme renforcé en période estivale, pour éviter certaines joyeusetés dues aux chaleurs : mauvaises odeurs, mouches et guêpes...

Poubelle jaune, tout le recyclable y va (ou presque)

Dans les poubelles jaunes, qui ont bénéficié ces dernières années de vastes extensions pour les emballages qu'on peut y mettre, c'est plutôt clair. Et les chiffres sont (relativement) bons.

"On est au-dessus de la moyenne nationale, mais on peut toujours mieux faire. Dans les communes rurales, on a augmenté de 11% la collecte des déchets triables, mais dans les quartiers avec une densité de population importante, on n'a augmenté que de 3%." L'agglomération a tenté d'y remédier en faisant appel à une société de réinsertion pour boiter des conseils de tri dans plusieurs quartiers. "Au total, on est à 5% sur l'ensemble du territoire" de l'agglomération. 

Conserve en métal, emballage plastique, sachet de gâteaux : tout peut y aller. Même pas besoin de le laver en vue du tri, en plus. "C'est équipé pour faire le nettoyage, que ce soit le pot de yaourt ou le suremballage de charcuterie." Pensez quand même à manger le yaourt avant... Et si vous jetez un produit périmé qui serait donc encore emballé, privilégiez plutôt la poubelle noire. 

Depuis 2021, les briques cartonnées, canettes en métal, et bouteilles en plastique peuvent aussi être déposées dans trois ou quatre bornes électroniques spécifiquement dédiées. En échange, il est possible de faire un don associatif, ou récupérer un bon de réduction utilisable dans des enseignes locales. Hélas, ce type d'automate ne fait pas ses preuves. "C'est pour inciter les gens qui sortent d'un magasin ou du marché à jeter l'emballage de ce qu'ils viennent d'acheter" et éviter de surcharger les poubelles publiques municipales.

"On a eu du mal à trouver des emplacements d'implantation", à savoir campus de l'université, Cora Neuvilette,  maison de quartier Châtillons, et entrée des Halles du Boulingrin. "Cela nous coûte cher, et le résultat n'est pas concluant du tout. Il y a un manque d'intérêt. On ne pense pas continuer, et on va réfléchir à autre chose." Des automates qui ont la même fonction, mais différents, se trouvent aussi à l'entrée de certains supermarchés, comme les Carrefours de Cernay ou de Clemenceau. Le système "marche bien quand les gens vont faire leurs courses et pensent à amener leurs briques de laits et bouteilles d'eau" pour ces automates. 

Les poubelles jaunes partent au centre de tri de Reims, sur la zone de la Pompelle. Des chaînes de tri et opérateurs récupèrent des fortunes en métal, à titre d'exemple. "On revend l'acier à Arcelormittal."

Piles, vaisselle, vêtements : une place bien précise

Hélas, dans ces poubelles jaunes, on y a parfois retrouvé des batteries de moto, ou des fours à micro-ondes. Or, ce ne sont pas des emballages. C'est plutôt destiné à la déchetterie. "On a aussi un fléau : ce sont les piles au lithium. On peut pourtant les collecter en déchetterie." Leur répartition est plutôt homogène (voir carte ci-dessous).

Pour rappel, en sortie de tout supermarché, on trouve aussi souvent des meubles de dépôt éclectiques. On peut y mettre des piles, ampoules, cartouches d'encre, voire néons et petits appareils électroniques.

Le vice-président livre une anecdote au passage sur une poubelle jaune bien particulière. "On a eu des chaussures, car le monsieur pensait que c'était un emballage... pour les pieds. Mais non, il est possible de les mettre aux ordures ménagères si elles sont en trop mauvais état."

"Ou de les donner si vous pensez qu'elles peuvent avoir une seconde vie." Pour ce faire, il y a des bornes blanches ou grises de collecte à tiroir rotatif, celles où l'on peut mettre des vêtements : ceux qui ne passeront pas le tri pourront de toute façon servir à produire de l'isolant. Ou bien Emmaüs, tout simplement, qui sera également ravi de récupérer votre vaisselle en faïence ou vos gros vases, qu'il serait dommage de jeter en benne à verre.

La collecte du verre bien respectée

Il existe deux types de réceptacles pour les bouteilles de verre. "On a des conteneurs enterrés." Avec une borne en métal qui dépasse, munie d'un orifice. "C'est beaucoup plus discret, ça s'intègre mieux au paysage, notamment à Bezannes [qui s'est rapidement urbanisée; ndlr]."

"On a également les colonnes à verre, 600 sur l'ensemble de nos 143 communes, qui prennent moins de place." Selon les villes, ces dernières ne sont pas forcément très gracieuses, mais certaines municipalités tentent de réfléchir à leur habillement. "On essaye d'y penser, pour que ça soit mieux intégré dans le paysage."

"Dans ces colonnes à verre, on retrouve très peu d'incivilités. Il reste encore quelques bouteilles en plastique; des gens continuent à faire l'amalgame même si ça s'appelle 'colonne à verre'... Mais c'est insignifiant, ça ne pose pas de souci." 

"Mais pour celles enterrées, des gens prennent encore ça pour la collecte des ordures ménagères. Alors que ce n'est pas ça du tout." Il est pourtant difficile de se tromper : il y a des grosses images de bocaux et de bouteilles sous l'orifice. Heureusement, "ça reste fort limité, c'était sur un seul secteur. La collecte du verre, c'est ce qui est le mieux intégré depuis 20 ans."

La collecte du verre, c'est ce qui est le mieux intégré depuis 20 ans.

Pascal Lorin, vice-président en charge des déchets dans l'agglomération du Grand Reims

Un dispositif a été expérimenté sur cinq quartiers périphériques : Europe, Chemin Vert, Clemenceau, Orgeval, et Neufchâtel. Il se nomme Cliiink. "En mettant vos bouteilles dans la colonne à verre - et pas à côté - vous pouvez collecter des points. Cela permet de faire un don à une association, ou récupérer des bons de réduction. On l'a mis en place en 2023 : on attend le retour d'expérience." 

Le verre collecté est bien valorisé. Il alimente les "circuits courts", et est notamment "transformé dans la verrerie le long du canal pour produire des bouteilles de champagne". Elle emploie 90% de verre recyclé localement.

Le sujet de la consigne intéresse localement. Mais il n'est pas aisé à instituer, par exemple car "on ne peut pas utiliser deux fois la même bouteille de champagne à cause de la pression assez élevée. C'est intéressant pour les bouteilles de coca ou d'eau, mais le ministère ne nous a pas donnés d'indications précises."

 

L'élu en profite pour préciser un bon point : qu'il y a "rarement" des tas de bouteilles en désordre au pied de colonnes à verre éventuellement pleines. "L'organisation des collectes est bien précise; et si une colonne est pleine plus tôt que prévu, elle est collectée grâce à un indicateur."

Il regrette tout de même certaines incivilités, par exemple des bouteilles de trop grande taille abandonnées sur place car elles ne rentrent pas dans les orifices prévus à cet effet. Mieux vaut l'amener en déchèterie.

Les enlèvements toujours pas assez respectés

Un formulaire en ligne permet de se débarrasser d'encombrants quand on n'a aucun moyen de les mettre au rebut. Il peut y avoir un délai d'un mois maximum, et le coût, qui se veut accessible, est de douze euros. Mais tout le monde ne semble pas en avoir connaissance... ou vouloir jouer le jeu.

"Malgré tous les moyens qu'on a mis en place", lâche Pascal Lorin, "alors qu'on a signé des partenariats avec Emmaüs par exemple, pour leur apporter une seconde vie, on a des problématiques dans certains quartiers périphériques. On m'a envoyé des photos où des gens étaient allés jusqu'à jeter des meubles par la fenêtre de leur appartement."

Des gens étaient allés jusqu'à jeter des meubles par la fenêtre.

Pascal Lorin, vice-président en charge des déchets dans l'agglomération du Grand Reims

"Les gens ne s'en préoccupaient pas, et ça se retrouvait devant, sur les pelouses. Ils se disaient que quelqu'un allait forcément passer ramasser." Alors, oui, c'est ramassé. Mais "ça a un coût important. Et il est important. Nos équipes sont là pour entretenir les pelouses et ramasser deux trois papiers ou une canette qui traînent, pas s'occuper de l'ameublement qui traîne." 

"Malgré toute l'information qu'on essaye d'apporter, pour certaines personnes, ça ne semble pas être une priorité. On a formé des ambassadrices pour se rendre dans les milieux scolaires. En 2023, elles ont rencontré 1 500 élèves." Et indirectement autant de parents à qui les petits auront peut-être ouvert les yeux en leur en parlant lors du dîner. "C'est la génération de demain qu'on doit impliquer et séduire, pour qu'elle comprenne les enjeux." 

Des initiatives nationales sont également relayées. Par exemple la semaine du développement durable, fin mai. Ou celle européenne de réduction des déchets, au début octobre.

Mais on ne manque pas non plus d'idées aux bureaux de l'agglomération : ainsi, un tri-truck, "comme un food-truck mais pour trier" a été mis en place pour passer dans certaines communes. "Il peut se déplacer sur les marchés et lors de grandes manifestations."  De la documentation et des ambassadrices prennent place à bord pour sensibiliser le public qui n'aurait rien à y jeter : c'est tout bénéfique.

Et après ?

L'amélioration du tri n'est pas encore achevée. La prochaine étape est de dédier une filière spécifique au tri et à la récupération des jouets dans les déchetteries. Il est aussi envisagé de mieux y trier le béton du plâtre. En dehors des déchetteries, l'achat en vrac (sans emballage aucun, on amène son contenant) serait à développer, mais se heurte à des résistances. 

Le mot pour la fin sera que "le meilleur déchet, c'est celui qu'on ne produit pas". Avec un exemple : une expérimentation a montré que "les gens ne sont pas rassurés" si un tube de dentifrice était plus facilement acheté s'il était abrité dans une boîte en carton, même si celle-ci est purement cosmétique et ne livre aucune indication particulière. Pascal Lorin livre là une phrase pleine de sagesse, mais aussi tout un programme...

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