Dans quelques mois, les collectivités vont avoir l'obligation de proposer une solution pour traiter les déchets alimentaires à part du reste des ordures ménagères. Compostage individuel, partagé, collecte en bornes… Les solutions proposées sont multiples. On fait le point sur ce qui change au 1er janvier 2024. Exemple dans le Grand Reims et les Ardennes.
Après l'obligation de la collecte de tous les plastiques au 1er janvier 2023, il y a de nouveau du changement dans vos poubelles au 1er janvier 2024. À cette date, les collectivités devront toutes proposer une solution pour collecter les biodéchets de leurs administrés. En clair, cela correspond aux épluchures, aux restes de repas ou encore les produits périmés non consommés.
"Il n'y a pas d'obligation pour l'habitant de trier ses biodéchets. Il y a l'obligation pour la collectivité de mettre à disposition des habitants un moyen de se débarrasser des biodéchets", précise Emmanuel Debaty, directeur déchets et propreté du Grand Reims. Aujourd'hui, ces biodéchets, qui peuvent être valorisés en compost, se retrouvent avec les ordures ménagères et sont incinérés ou enfouis.
Et les volumes sont loin d'être négligeables. "On est à peu près à 55 kg par an et par habitant. Donc 24% de la poubelle ardennaise comporte des produits compostables", explique Jérôme Castello, le directeur général des services de Valodea, le syndicat de traitement des déchets des Ardennes. Dans le Grand Reims, l'analyse de caractérisation des poubelles a mis en évidence un résultat très proche, de 23% de biodéchets dans les ordures ménagères.
Des composteurs ou des bornes de collecte
Pour mettre en place concrètement cette nouvelle obligation, le Grand Reims a séparé son territoire entre le rural et l'urbain, et mis en place une organisation spécifique. À la campagne, le compostage individuel et partagé est en place depuis plusieurs années, et va s'étendre. "On vous invitera à suivre une formation qui peut maintenant se faire en ligne et qui vous permettra d'obtenir un composteur gratuitement", indique Pascal Lorin, vice-président du Grand Reims en charge de la collecte et du traitement des déchets.
En ville, c'est une solution d'apport volontaire qui a été retenue, comme pour le verre. Une collecte en porte-à-porte aurait posé aussi bien des questions de place – pour stocker un nouveau bac – que de coût, selon la collectivité. "Refaire passer un camion, on a estimé que c'était disproportionné au niveau du coût économique, mais aussi environnemental", justifie Emmanuel Debaty.
"Il faut trouver le juste équilibre entre avoir un système efficace, un système qui soit accepté par la population et un système aussi qui a le meilleur rapport qualité prix."
Emmanuel Debaty, directeur déchets et propreté du Grand Reims
Dans un premier temps, 150 points d'apport volontaire doivent être installés d'ici fin 2023, pour la plupart à côté des bornes à verre. "À terme, on devrait dépasser les 500 points d'apport volontaire dispersés sur l'ensemble de la communauté urbaine du Grand Reims, avec une densité beaucoup plus importante sur la partie urbaine", détaille Pascal Lorin. Une carte interactive doit être proposée sur le site de la collectivité pour identifier la borne la plus proche de chez soi.
Contrairement aux modèles de bornes expérimenté ces derniers mois à Reims, il n'y aura pas besoin de badge pour les ouvrir. Les habitants qui le souhaitent pourront se procurer auprès de la collectivité des sacs kraft ou des seaux pour apporter leurs biodéchets jusqu'aux bornes de collecte. Le Grand Reims a prévu de communiquer prochainement plus précisément sur les modalités pratiques.
Une fois collectés, les déchets seront transformés en compost au sein d'une plateforme située à Warmeriville, en périphérie de Reims. Le compost pourra ensuite être utilisé par des agriculteurs locaux. "Il y a un vrai intérêt environnemental et sociétal du retour à la terre de ces biodéchets, surtout s'il est local", souligne Emmanuel Debaty. L'investissement pour installer ces points d'apport volontaire dans le Grand Reims est chiffré à 800 000 euros. La collectivité a pu compter sur une subvention de 30 % de la part de l'Ademe, l'agence de la transition écologique.
Les professionnels obligés de trier
Dans les Ardennes, le choix a notamment été fait de privilégier le compostage individuel ou partagé, comme nous explique Jérôme Castello, de Valodea. "On va accélérer en 2024 pour pouvoir permettre aux usagers de sortir les déchets de cuisine et de table de leurs ordures ménagères et de les valoriser", ajoute-t-il. "On a encore beaucoup de travail sur le sujet. Mais on avance." Le syndicat de traitement des déchets a, lui aussi, pu compter sur un financement de l'Ademe.
Attention, si les particuliers n'ont pas l'obligation de trier leurs biodéchets en début d'année prochaine, les professionnels devront eux s'y plier dès le 1er janvier. Les habitudes vont donc devoir changer, par exemple au sein des cuisines des restaurants.