Parmi les mesures annoncées ce matin par le premier ministre: une prime à la conversion pour les foyers équipées de chaudières au fioul. Il s'agit d'en finir avec ce mode de chauffage d'ici dix ans. Cette énergie fossile longtemps bon marché, est très utilisée en zone rurale, notamment en Ardèche.
Autour d'Aubenas dans les pas d'un livreur de fioul
Bannir les chaudières individuelles fonctionnant au fioul domestique d'ici dix ans, soit la fin du prochain quinquennat. La nouvelle annoncée ce mercredi matin par le premier ministre Edouard Philippe est perçue comme difficile à mettre en oeuvre, notamment en zone rurale où le chauffage au fioul est très répandu.
Comme celui du carburant, le prix du fioul a fortement augmenté ces derniers mois. 70 centimes le litre en moyenne l'an dernier, pour presque un euro aujourd'hui. En Ardèche, Philippe Monteil est fournisseur de combustibles a vu les comportements de sa clientèle changer. Le professionnel constate que de plus en plus de particuliers ne remplissent que partiellement leurs cuves de fioul domestique. L'hiver approchant, certains ont reculé l'échéance. Ils ont attendu pour faire le plein espérant un maintien ou une baisse des tarifs. D'autres clients n'hésitent pas à demander l'étalement des paiements. Car la facture chauffage pèse de plus en plus lourd sur les budgets dans un département où les salaires comme les retraites sont majoritairement modestes.
Malgré la hausse du prix du fioul et les annonces du gouvernement, le changement d'installation de chauffage n'est pourtant pas une évidence. Une prime de conversion permettra-t-elle de pouvoir changer son installation ? La fin du fioul domestique d'ici 10 ans, est-ce un objectif réaliste ? Philippe Monteil en doute : "dans les campagnes, changer d'énergie, cela risque d'être un peu difficile et de prendre plus de temps que ça, les gens n'ont pas les moyens de changer d'énergie aussi rapidement..."
Ainsi, pour Marcel Molina, retraité, la fin du chauffage au fioul rime pour lui avec chauffage à l'électricité. Il n'entend dépenser d'argent dans une nouvelle installation et "faire des frais inutilement".
Faudra-t-il isoler davantage son habitation ? Quelles installations ?
Pour certains particuliers, le passage aux panneaux solaires, en dehors des considérations de coût d'installation, n'est pas forcément une alternative vertueuse en matière d'écologie. "Ces panneaux solaires, il faudra les recycler," explique Jean-Luc Teyssier, sensible aux questions environnementales. Il reste perplexe. "Est ce que l'on est sur la bonne voie ? Je ne sais pas," ajoute-t-il en conclusion.
Intervenants : Philippe Monteil, Fournisseur de combustibles / Marcel Molina / Jean-Luc Teyssier - 14/11/18
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