Coronavirus : un rassemblement "revendicatif" avec 2.000 personnes sans masque crée la polémique en Ardèche

Images impressionnantes aux Vans en Ardèche : près de 2.000 personnes réunies dans une manifestation organisée en extérieur, samedi 20 mars, sans aucun respect des règles de distanciation sanitaire. Le port du masque est pourtant obligatoire sur cette commune : personne n'en portait.

Les images parlent d’elles-mêmes : l’ambiance était à la fête et presque au carnaval samedi 20 mars dans l'après-midi, dans le village des Vans en Ardèche. Une participante que nous avons pu contacter nous affirme qu’il ne s’agit pas du tout d’un carnaval, mais bien d’un "rassemblement culturel à visée revendicative. Merci de ne pas confondre." Un concert de l'artiste H.K. et son groupe était organisé, après un autre concert de percussionnistes.

"Je me suis fait insulter"

Serge a été un témoin direct de l’évènement. Habitant à Aubenas, ce sont ses grands-parents qui l’ont alerté du « bazar » sur la place principale du village, il est donc venu rapidement pour vérifier que tout allait bien pour eux. Il nous décrit une scène surprenante: "que les jeunes fassent la fête, tout le monde peut le comprendre. On en a tous marre des contraintes, moi le premier. Mais je me suis fait insulter parce que je portais mon masque. C’est pas bien. C’était clairement un rassemblement contre le port du masque. Ils criaient "vous nous emm… avec le masque". Mais aux Vans, il y a plein de personnes âgées, il n’y a pas que des jeunes. Ils peuvent avoir peur d’une nouvelle contamination. S’il y a une nouvelle flambée, faire ce genre de rassemblement, ça divise. On est loin d’en être sorti du Covid. Qu’ils revendiquent ce qu’ils veulent, c’est une chose, mais n’allez pas insulter ceux qui portent le masque. On ne peut pas se permettre ça. Ça n’a aucun sens. Vous croyez que les familles endeuillées depuis le début vont les comprendre ?"

Une revendication

Les organisateurs, qui ont créé un groupe Facebook, affichent en une de leur page ce message de revendication : "Face à un état d'urgence qui tente de masquer des tas d'urgences... À nous de prendre nos vies en main, de prendre les rues, d'être des Gens d'Arts Mobiles, déguisés, masqués, colorés, dans la joie d'incarner et de construire peu à peu de nouveaux rapports de farces et forces... à bientôt ici, dans les rues, dans nos maisons et lieux de rdv secrets... Face à ce monde cons finis, soyons moins cons finement... Inventons et explorons de nouvelles règles du Jeu."

Sur les photos publiées, plusieurs centaines de personnes dansent et chantent sous le soleil, parfois déguisées, mais sans aucun masque ni respect des consignes sanitaires, la distanciation sociale a été mise de côté. Nous avons tenté de joindre certains organisateurs de l’évènement, sans succès pour l'instant.

"Je ne peux pas cautionner cela"

Joint par téléphone, le maire (SE) des Vans, Jean-Marc Michel, affirme que la manifestation revendicative avait bien été déclarée en Préfecture. Il dit être "choqué" et avoir été "débordé" par cet évènement, lui qui a été un des premiers élus ardéchois à rendre le masque obligatoire partout sur l'espace public sur sa commune. "Je ne peux pas cautionner cela" nous dit-il. "Le conseil municipal a décidé hier à l'unanimité d'établir une motion pour l'écrire noir sur blanc."

L'élu pèse ses mots, lui qui revient de loin l'année dernière : "J'ai failli y rester." Il est resté 3 semaines dans le coma avant d'être tiré d'affaire par les équipes de l'hôpital d'Aubenas. "Je leur tire mon chapeau" tient-il à ajouter.

"Cette manifestation n'était pas du tout encadrée"

Face à ces 2.000 "manifestants" anti-masque, il précise: "Ils ont investi la ville. Il y en a toujours qui se croient plus forts que les autres. Cette manifestation n'était pas du tout encadrée. Il n'y avait presque personne du bourg, que des gens qui venaient de l'extérieur. On a mis tout ce qu'il fallait pour que les gens respectent les choses. On chante, on danse, c'est la liberté, je veux bien le comprendre. Mais dans des conditions normales. Là, les gens sont inconscients."

Une "mise en péril de la vie d’autrui"

Thierry Devimeux, le nouveau préfet de l’Ardèche, a tenu à condamner fermement dans la soirée de mercredi cette manifestation: "Au regard de la forte circulation du virus dans le département, le préfet de l’Ardèche tient à rappeler la nécessité de respecter les gestes barrières, le port du masque et la limitation des rassemblements pour freiner la propagation de l’épidémie. Une manifestation initialement déclarée comme une "revendication citoyenne pour proposer d’autres solutions dans la lutte contre le COVID19" s’est rapidement transformée en festivités non déclarées et non autorisées ce samedi 20 mars 2021 dans la commune des Vans. Cet événement a rassemblé plusieurs centaines de personnes, sans respect du protocole sanitaire et a entraîné de nombreux troubles à l’ordre public: perturbation de la circulation, gêne des commerçants et des riverains présents sur le marché, consommation d’alcool sur la voie publique, mise en place d’une restauration illégale, non-port du masque, etc."

Tous les participants à ce rassemblement sont invités à se faire tester le plus rapidement possible. Thierry Devimeux parle d'une "mise en péril de la vie d’autrui", tout en rappellant que les rassemblements de ce type "sont interdits. Ils constituent un grave trouble à l’ordre public et risquent d’engendrer un cluster mettant en danger le reste de la population."

Les contrôles des forces de l’ordre seront renforcés et les contrevenants seront systématiquement verbalisés selon lui.

Toujours selon la Préfecture la manifestation "revendicative" avait bien été autorisée au départ par la mairie et déclarée dans ses services comme il se doit. La mairie avait par contre refusé une aide technique notamment pour des branchements de matériels de son. La manifestation ayant été organisée au même moment que le marché du samedi, le maire craint de nouvelles interdictions qui pourraient avoir des conséquences sur la vie du village.

Un autre rassemblement a eu lieu dans la Drôme

Sur les réseaux sociaux circule également une vidéo d'un autre rassemblement autour d'un accordéon et d'une guitare, à Saillans (Drôme), sur l'air de la même chanson dont les paroles disent: "Nous, on veut continuer à danser..." Là encore, aucun masque ou très peu, beaucoup d'enfants avec leurs parents visiblement très joyeux de ce moment festif et de danse, mais sans aucun respect des consignes sanitaires.

Et samedi prochain ?

Sur la page Facebook de l’évènement des Vans, un appel est lancé pour d’autres rassemblements en extérieur, chaque samedi : "N'envoyez pas samedi prochain votre armée et vos gros bras et vos mitraillettes, on n'en a pas besoin, c'est bon, on se débrouille très bien sans vous... ou alors si vous venez, mais sans armes, sans haine, sans violence, venez chanter et danser avec nous le nouveau monde qui émerge peu à peu..." affirme un membre de ce groupe.

L'évènement fait polémique puisque les chiffres s'emballent depuis quelques jours dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le département du Rhône craint désormais un 3e confinement imminent, à cause notamment du taux d'incidence qui atteint les 375 pour 100.000 habitants au 19 mars 2021.

Le taux d'incidence a bondi de 40% en Ardèche

Au 23 mars 2021, le département de l'Ardèche recensait 90 hospitalisations en cours pour cause de Covid-19, un chiffre en baisse depuis le 03 mars dernier dans ce département. Actuellement 13 malades sont en réanimation pour cause de coronavirus, c'est 3 de plus en 24h. Mais c'est surtout le taux d'incidence qui inquiète le plus les autorités : il a bondi de 40% entre le 15 et le 22 mars, de 141 à 200 cas pour 100.000 habitants actuellement. Ce taux est de 231 pour 100.000 habitants dans la Drôme.

 

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