Limony est l'une des communes d'Ardèche la plus touchée par les intempéries. Sortie de son lit, la rivière qui traverse le village a tout emporté sur son passage ... et les habitants se sont retrouvés sous l'eau. Ils racontent.
“Voilà 42 ans que je vis à Limony et je n’ai jamais vu ça”. Sainoure Georges habite à Limony, un petit village d’Ardèche. La sexagénaire vient de subir de plein fouet les pluies diluviennes de la veille qui ont provoqué la crue de la rivière.
L’eau est arrivée tellement fort par le haut de sa rue, à hauteur de ses genoux, que “si [elle] avait ouvert la porte du garage à ce moment-là, tout [serait] mort”, rétorque-t-elle.
Pieds nus, balais à la main, l’Ardéchoise tente de réparer les dégâts causés par les intempéries, enlevant la boue qui s’est infiltrée jusque dans son garage. Le tout, après une nuit de courte durée. "J'ai attendu jusqu'à 4H00 du matin (vendredi) pour voir s'il n'allait pas se remettre à pleuvoir", lâche-t-elle.
La rivière a tout emporté sur son passage
Déviant de son lit sur plusieurs mètres, la rivière qui se jette dans le Rhône a emporté sur son passage des morceaux de bois à l’origine de bouchons, notamment sur le pont de pierre, deux passerelles ainsi que la Twingo rouge du voisin de Samuel.
La voiture a atterri dans le jardin du quinquagénaire, juste après avoir “défoncé le portail” et “s’être posée là”, affirme l’homme, désignant le véhicule désormais englué dans la boue. Samuel se souvient que son jardin avait l’allure d’une piscine, très profonde : “On n’avait même plus pied”, relate-t-il.
Sa cave est encore immergée, et "ça remonte par capillarité" vers le rez-de-chaussée, s'inquiète-t-il. "Le village ressemble à une zone de guerre", dit-il en décrivant une situation "dantesque".
À Limony, les rues sont jonchées de troncs arrachés, de tas de bois et de boue. Les jardins sont inondés, les voitures retournées ou perchées sur des murets... l’eau s’est infiltrée sur chaque portion de route, emportant tout sur son passage. Dans le village flotte une forte odeur de gasoil.
"Je me suis cramponnée à la porte d'entrée"
Michèle aussi a dû se battre contre les éléments. Elle a eu "de l'eau jusqu'au menton !", mime-t-elle. La septuagénaire était dans sa maison, en train de mettre ses chaussures quand l’eau a envahi sa maison.
"Je me suis cramponnée à la porte d'entrée", près de son fils, agrippé en hauteur lui aussi, en attendant les secours. Une fois les secours arrivés, elle a dû nager afin d’atteindre des flotteurs, puis l’hélicoptère, avant d’être hélitreuillé.
“Mon fils est monté sur la haie pour nous attacher”, renchérit Michèle, qui ne se souvient pas du vol jusqu’aux urgences d’Annonay, étant en crise d’hypothermie. L’Ardéchoise en a ensuite passé la nuit chez sa petite fille avant de revenir au village, où elle a découvert l'ampleur des dégâts.
Le choc du lendemain
L'eau a tout retourné dans sa maison, située dans la zone ou la rivière est sortie de son lit. "Je ne réalise pas encore", dit la vieille dame, qui habite Limony depuis 20 ans.
Dans le village de 800 habitants, les habitants se déplacent désormais avec des brouettes. Des engins de chantier y sont à pied d'œuvre pour dégager l'asphalte tandis que les pompiers tentent de pomper l’eau dans les sous-sols des maisons inondées.
"On n'a perdu personne, c'est le premier challenge qu'on a pu relever", a dit vendredi le maire Richard Molina à Agnès Pannier-Runacher, lors d'un déplacement au village de la ministre de la Transition écologique, en évoquant une "situation catastrophique".