Il y a 50 ans, le 2 août 1973, Henri Charrière dit Papillon, était inhumé au cimetière de Lanas en Ardèche, le département de sa naissance. L'ancien bagnard évadé avait gagné une gloire internationale en racontant dans un livre son évasion du bagne de Cayenne.
Certains s'en souviennent encore. Henri Charrière surnommé Papillon fut un Ardéchois célébrissime du XXᵉ siècle. D'une célébrité plutôt sulfureuse puisque c'est à Cayenne qu'il avait gagné sa gloire. Ou plutôt en s'évadant du terrible bagne de Guyane, un enfer surnommé "la guillotine sèche" tant les conditions de détention y étaient épouvantables.
Un fils d'instituteur rebelle à l'autorité
Fils d'instituteur, Henri Charrière était né à Saint-Etienne-de-Lugdarès en 1906. À l'âge de 11 ans, il perd sa mère qu'il adorait. Il dira plus tard ne s'en être jamais remis et que ce premier drame a conditionné toute son existence.
S'ensuit une adolescence bagarreuse en pension puis à 19 ans, il s'engage pour trois ans dans les sections spéciales de la marine. Allergique à la hiérarchie, réfractaire aux ordres, il enchaîne les sanctions. À cette époque, fou de liberté, il se fait tatouer un papillon sur la poitrine. Ce papillon devient son emblème et son surnom.
En 1927, retour à la vie civile. Papillon s'installe à Paris et plonge dans la petite délinquance. Jusqu'en 1930 où il se retrouve accusé du meurtre d'un certain Roland Legrand, officiellement charcutier mais officieusement proxénète. Un meurtre que Papillon a toujours nié, mais pour lequel il sera condamné en 1933 aux travaux forcés à perpétuité. Au bagne de Cayenne, un enfer carcéral.
Une évasion rocambolesque de l'île du Diable
Pour cet homme à la liberté chevillée au corps, l'évasion devient immédiatement une obsession. Détenu sur l'île du Diable, il se fait la belle une première fois avant d'être repris. En 1944, après onze ans de détention, la seconde tentative sera la bonne. Il se retrouve à Caracas, au Venezuela.
Il y rencontre sa femme Rita, y monte des affaires et devient un homme influent. En petit comité, il raconte volontiers ce qu'il a vécu au bagne, avec un réel talent de conteur. L'idée lui vient alors d'écrire son histoire : en mai 1969 parait "Papillon", édité par Robert Laffont. Sa peine ayant été prescrite en 1967, il est désormais libre de courir le monde pour promouvoir son livre.
Un carton foudroyant en France et dans le monde : 13 millions d’exemplaires vendus pour un bouquin traduit en 15 langues. Un succès total, à la fois littéraire et commercial, et une extraordinaire revanche sur son passé.
Le succès international de l'ancien bagnard
En septembre 1969, il revient pour quelques jours en Ardèche, dans la région d'Aubenas. Dans les librairies où il dédicace son livre, il est accueilli comme une star.
Henri Charrière va alors vivre les quatre dernières années de sa vie à un rythme effréné, enchaînant voyages, interviews et conférences. En 1973, son livre est adapté au cinéma, Steeve McQueen y endosse le rôle de Papillon. Ce film fait entrer définitivement Henri Charrière dans la légende. Un remake sera réalisé en 2017 par Michael Noer, avec un succès mitigé.
Le 29 juillet 1973, à 67 ans, il meurt d’un cancer en Espagne, où il s'était installé. Mais selon sa volonté, il sera inhumé au cimetière de Lanas en Ardèche, aux côtés de sa mère adorée.
Curieusement, sa tombe sera surveillée durant quelques semaines par les Renseignements Généraux de peur qu’elle ne soit profanée à cause d’une rumeur : il aurait été enterré avec l’énorme diamant qu’il portait toujours au doigt... Chez les bagnards conteurs aussi, on ne prête qu'aux riches.