Une cagnotte solidaire a été lancée pour sauver une ferme ardéchoise. Son propriétaire refuse de voir disparaître ce lieu qu'il a créé avec sa femme. Cette dernière a succombé à un cancer il y a quelques années. François Maire tient aujourd'hui l'exploitation avec sa fille. La Ferme du Puy rencontre des difficultés financières. Le chevrier a décidé de lancer une cagnotte pour sauver "son rêve".
La Ferme du Puy, à Saint-Jean-Chambre. L'exploitation en difficulté appartient à la famille Maire. Elle produit du fromage de chèvre et surtout du picodon AOP. Ce travail de plusieurs décennies risque de disparaître. François Maire, fondateur de cette exploitation, a lancé une bouteille à la mer. Il a ouvert une cagnotte.
Appel à la générosité
Sophie Martinez, fromagère à Lyon, a relayé cet appel à la générosité pour sauver cette exploitation ardéchoise. "Lorsqu'il nous a annoncé vouloir arrêter, j'ai enfoui ma peine, car je ne peux que comprendre que si ce qui l'a toujours animé n'est plus là, à quoi bon... Gardons en la saveur et la richesse des échanges.(...) Aujourd'hui François a encore plus besoin de nous pour décemment s'offrir le caprice de prendre sa retraite dans SA FERME, la Ferme du Puy," écrit-elle sur la page Facebook de son commerce.
Elle ne cache pas son attachement à ce producteur ardéchois : "On travaille avec lui depuis toujours. On travaille depuis 10 ans ensemble". La Ferme du Puy fournit aussi des chefs. Chaque semaine, François Maire vient en personne apporter ses Picodons à la fromagerie BOF de la Martinière, dans le 1ᵉʳ arrondissement.
Et Sophie Martinez ne tarit pas d'éloges à son sujet. "C'est un ancien Lyonnais qui a passé sa vie en Ardèche et qui a fait le choix de devenir chevrier il y a 37 ans. Il travaille dans le respect des règles paysannes. Il est sincère dans sa démarche. On l'appelle l'Ardéchois. C'est un homme de convictions qui travaille avec cœur. On aime le mettre en avant. Ses difficultés nous peinent beaucoup".
"Un rêve"
La Ferme du Puy est née en août 1987. "Un rêve" crée par François et son épouse. Et le rêve s'est transformé en fierté… Non sans efforts. "Ma femme voulait des chèvres et transformer leur lait en fromages. Elle a obtenu la médaille d'or au salon de l'agriculture en 1993 pour le Picodon", écrit l'exploitant.
Mais en 1996, les premiers ennuis d'une longue liste sont apparus : des investissements liés à de nouvelles normes européennes. "Nous avons mis 15 ans pour digérer les investissements nécessaires", résume le producteur de fromages.
Lorsque ma femme, il y a 37 ans m'a dit "je veux des chèvres, des fromages, une ferme", je lui ai dit "Oui", par amour. Ce serait à refaire, je referais exactement la même chose.
François Maire
Puis, c'est un terrible coup du sort qui frappe la famille : "Ma femme a eu un cancer des os. Elle en est morte au bout de 10 ans. Elle a livré bataille toutes ces années, mais un jour, lasse, elle a déposé les armes et est décédée en 2019. Depuis, ma fille aînée et moi-même tenons la ferme à bout de bras, mais aujourd'hui, nous n'avons plus de forces. Nous avons accumulé beaucoup de problèmes", poursuit François Maire.
Impasse financière
Après ce deuil, les ennuis se sont enchaînés : covid, problèmes de succession, " investissements incessants toujours pour ces normes européennes" et enfin augmentations du prix des matières premières. La ferme du Puy semble aujourd'hui dans une impasse financière. L'exploitant ne souhaite pas en parler davantage. Sans doute par pudeur, plus que par fierté. Son message publié sur la plateforme leetche "parle" pour lui : "Cette situation m'est particulièrement difficile, pas la peine d'en rajouter", explique-t-il dans un court message.
"On a appris qu'il rencontrait des difficultés, il y a environ trois semaines. Puis, on a compris qu'elles étaient plus importantes que ce qu'on croyait", explique Sophie. D'autant que l'exploitant "n'est pas du genre à crier à l'aide", ni à faire étalage de sa détresse.
Aujourd'hui, l'appel relayé par la fromagère lyonnaise commence à porter de beaux fruits. La cagnotte a déjà rapporté plus de 17 000 euros. La somme est encore loin du compte espéré, mais les 145 donateurs ont été sincèrement touchés par son sort.
À 60 ans, François Maire semble bien résolu à tout faire pour ne pas quitter cette ferme. "J'aimerais pouvoir finir ma vie dans cette maison, sur cette ferme que je chéris depuis le tout premier jour. J'aimerais rester le gardien de ce petit bout de terre".