A Saint Martin d'Ardèche, on s'inquiète pour la digue emblématique du site. L'Etat envisage de la supprimer pour rendre à la rivière sa continuité, au grand dam des acteurs du tourisme local.
La digue de Saint-Martin-d'Ardèche se retrouve au cœur de la discorde. Créée il y a plus de 4 siècles, elle est menacée de disparition. L’Etat souhaite en effet la supprimer pour assurer la continuité de la rivière. Autre scénario envisagé : le réaménagement de la passe à poissons, qui est aujourd'hui presque entièrement remplie de graviers.
Une passe à poissons envahie par les galets
Un réaménagement dont le financement reviendrait au propriétaire privé du site, qui ne veut même pas en entendre parler. Propriétaire du moulin bâti sur les rives de la rivière et donc d'une partie de la digue, Frédéric Lutz est catégorique. "La passe à poissons a déjà été mal conçue à l'époque par les services de l'Etat, puisqu'elle a été installée dans une zone d'ensablement. A chaque crue, ce sont des tonnes et des tonnes de galets qui viennent s'y déposer. Aujourd'hui, en plus, on me demande d'intervenir dans le lit de la rivière, dont je ne me sens pas du tout propriétaire".
Toute l'économie locale est menacée
Si personne n'entretient plus cette digue et qu'elle disparaît, c'est toute l'économie locale qui risque d'en souffrir. Car sans digue, pas de plage... et donc moins de touristes pour les restaurateurs installés sur les berges. Comme Aurélien Gualezzi, le responsable du restaurant "Les touristes", qui redoute cette disparition de la digue. "Une plage fréquentée quotidiennement par 400 personnes, ce sont des retombées immédiates pour les restaurants voisins. Ce sont nos clients, qu'il s'agisse de touristes ou des locaux qui viennent se baigner là en famille. La digue et son plan d'eau attirent énormément de monde, il ne faut surtout pas les supprimer."
Même inquiétude pour les organisateurs du Triathlon des Gorges de l'Ardèche. Chaque année, les épreuves débutent ici et attirent des milliers de participants et visiteurs. "Aujourd'hui, on est inquiets parce que si cette digue venait à disparaître, c'est une zone sur laquelle on ne pourrait absolument plus nager. Cette zone nous permet de faire nos parcours de natation. Si on fait notre triathlon à Saint Martin d'Ardèche, c'est aussi parce qu'il n'existe pas ailleurs des plans d'eau comme celui-ci", explique Aurore Damiens, la présidente du Triathlon des Gorges de l'Ardèche.
La création d'une centrale hydroélectrique est en cours d'étude. De quoi donner un petit espoir car elle permettrait de maintenir la digue.