"On attend avec impatience de pouvoir monter dans ces trains", le rétablissement des lignes, repoussé de deux ans en Ardèche

L'Ardèche est le seul département sans train. Le projet de rétablissement de lignes ferroviaires pour transporter des voyageurs débattus depuis de longues années, et un temps promis en 2024, vient encore d'être repoussé de deux années supplémentaires. L'État et la région se renvoient la balle, les usagers, eux, désespèrent.

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Cela fait 50 ans qu'il n'y a plus de train en Ardèche, seul département français sans gare. Un projet de rétablissement est en discussion depuis de longues années. En Août 2022, une nouvelle liaison a fait son apparition. Un train reliant Nîmes dans le Gard à Pont-Saint-Esprit dans le Gard aussi, en passant par Avignon dans le Vaucluse. Mais fait étonnant et insolite, il fait demi-tour dans la commune d'Ardèche, Le Teil. Un demi-tour où il ne s'arrête pas et ne prend pas de voyageur.

"Ça fait tellement de temps qu'on en parle, et puis à l'arrivée il n'y a jamais rien qui se fait de sérieux. Voilà, maintenant stop ! À la région, on a les moyens de financer". En 2020, alors en campagne pour sa réélection à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez promettait par ces mots l’arrivée de trains voyageurs en Ardèche dès 2024. Finalement, il n'en sera rien le nouvel horizon fixé est en 2026.

Une étude d'impact environnemental

La raison de ce énième report ? Une demande d'étude sur l'impact écologique de l'ouverture de la gare a été demandée par les autorités environnementales. Une telle étude coûte du temps, et de l'argent, or la région refuse de financer. "La région AURA est attachée au retour du train voyageur en Ardèche. Elle rappelle que les investissements sur l'infrastructure relèvent de la responsabilité de l'Etat, la région prenant en charge l'acquisition des trains nécessaires et le coût de l'exploitation" justifie Frédéric Aguidera, délégué aux transports de la région AURA. Pour Franck Pallier, porte-parole du Collectif des Usagers des Transports Publics en Sud Ardèche (CUTPSA), c'est une promesse non tenue du président de la région qui avait assuré financer le projet ; "aujourd'hui il dit : « l'Etat ne met pas assez d'argent alors je ne le fais pas », c'est trahir notre confiance".

Qui doit payer ? 

L'État et la Région doivent donc se mettre d'accord sur qui va financer l'étude environnementale, qui va elle-même prendre beaucoup de temps : entre l'appel d’offres, la réalisation de l'étude sur 4 saisons, et l'analyse du compte rendu, il faut compter 2 ans, c'est ce qui amène le projet à 2026. Mais là encore, certains contestent, et estiment que le conseil régional y met de la mauvaise volonté. "La région n'a qu'à demander une dérogation à l'Etat, comme l'a fait l'Occitanie, pour ne pas avoir à réaliser cette étude d'impact" estime Olivier Peverelli, le maire PS du Teil. Le porte-parole du collectif lui ne conteste pas l'utilité d'une étude environnementale, mais il pense que la région joue la montre "si la région se montrait plus offensive, et se servait des études environnementales qui ont déjà été effectuées sur la rive droite du Rhône, on aurait déjà levé certains doutes, et les travaux pourraient commencer rapidement".

"On marche sur la tête"


L'Ardèche, grande oubliée du réseau ferroviaire, le problème n'est pas nouveau. Franck Pallier le rappelle régulièrement, c'est le dernier département de France Métropolitaine à être privé de trains voyageurs, et les Ardéchois "se battent depuis 2012 au moins pour que ça change". Alors ce nouveau report vient comme un coup sur la tête, surtout au vu de la situation que notre porte-parole qualifie d'ubuesque. En fait, il existe déjà une ligne qui relie Nîmes au Teil, en passant par Avignon. Mais le terminus des voyageurs se trouve à Pont-St-Esprit, et le train ne monte jusqu'à la petite ville ardéchoise que pour faire demi-tour, sans prendre de passager. "On attend avec impatience de pouvoir monter dans ces trains qui passent 5 fois par jour" ironise le porte-parole du collectif des usagers des transports publics en Sud Ardèche "ces trains viennent de toute façon, donc qu'ils transportent ou non des voyageurs, ça ne changera rien du tout à l'impact environnemental".

L'autre partie phare du projet ferroviaire, c'était l'ouverture d'une ligne reliant le Teil à Romans-sur-Isère, en passant par Valence. Là encore le report est de mise, et là encore ça fait grincer des dents. "Pour nous on marche sur la tête. Alors effectivement s'il s'agissait de travaux énormes, de refaire tous les abords de la gare etc... mais ce n'est pas le cas ! Ce ne sont que des travaux mineurs au Teil. Et puis on parle d'enjeux environnementaux, mais le vrai enjeu environnemental dans cette histoire c'est d'être obligé de prendre sa voiture sur des trajets qu'on pourrait faire en train" conclut Franck Pallier. Le rétablissement du réseau ferroviaire reste, en Ardèche, un serpent de mer, dont on ne voit toujours pas le bout.

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