"Déplacer ces résidents autistes et très âgés serait une catastrophe humaine", leur lieu de vie médicalisé est menacé de fermeture

Un Ehpad et un foyer d'accueil médicalisé situés sur les hauteurs d'Antraigues-sur-Volane sont menacés de fermeture. En cause une liquidation judiciaire de leur groupe. Une catastrophe humaine et sociale en perspective. Une tragédie pour cette commune de la montagne ardéchoise. Le maire se démène pour trouver une solution. Le couperet devrait tomber le 21 mars.

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"On est très inquiets. On se demande ce que les résidents et les employés vont devenir. C'est une petite structure, c'est familial, l'équipe est géniale. Je souhaite de tout cœur que ça puisse être repris", explique la fille d'une résidente âgée de 90 ans. Cette dernière, arrivée en décembre dans l'établissement, commençait tout juste à s'adapter. 

À Antraigues-sur-Volane, l'Ehpad "les Châtaigniers" et le Foyer d'Accueil Médicalisé "La Passerelle" pourraient fermer leurs portes le 15 avril faute de repreneur. Le groupe privé Médicharme dont ils dépendent a été mis en liquidation judiciaire le 29 février dernier. Il est dans la tourmente depuis l’affaire Orpea.

"Catastrophe humaine"

Le maire d'Antraigues-sur-Volane, Gilles Doz, a appris la mauvaise nouvelle en même temps que les salariés. Une surprise. "Nous avons été abasourdis par la décision de liquidation judiciaire dont nous n'avons eu connaissance que le 29 février. Nous avons été informés très tardivement", explique Gilles Doz.

"La situation est préoccupante, car les délais pour trouver une solution sont très courts," déplore le maire. Le foyer d'accueil médicalisé accueille entre autres des personnes âgées souffrant de troubles autistiques. L'élu ne cache pas son inquiétude concernant leur sort.

Nous avons au sein du FAM des résidents autistes très âgés. Certains sont là depuis plus de 20 ans, les déraciner serait une véritable catastrophe humaine.

Gilles Doz

maire d'Antraigues-sur-Volane

Même constat au niveau de l'Ehpad, selon l'édile. Certains pensionnaires, très âgés, vivent dans cette structure depuis très longtemps. "Certains présentent des troubles qui ne facilitent pas une réinstallation dans un autre établissement", assure l'édile.

Le personnel est tout aussi préoccupé pour les pensionnaires âgés et vulnérables. Un changement de lieu de vie aurait des conséquences dramatiques. "On a des résidents qui sont là depuis une vingtaine d'années, les années 2000, c'est comme si on leur enlevait leur maison. Ils ont leurs repères. Les déplacer aura un gros impact psychologique sur eux. S'ils n'ont pas le choix, ça se fera. Mais au niveau psychologique, certains risquent de se laisser mourir ou de lâcher prise," assure un membre de l'équipe qui a souhaité rester anonyme.  

"Au bout du bout !"

Si le taux d'occupation des chambres n’est que de 60 % seulement, l'Ehpad et le foyer d'accueil sont indispensables à la petite commune d'un millier d'âmes. Comme l'école, l'établissement pour personnes âgées fait aussi partie du village. "Cet Ehpad est bien intégré dans la vie locale, les résidents participent à certaines manifestations culturelles, comme le personnel. Pour nous, ils font partie de la famille. C'est douloureux pour tout le monde, s'ils partent", assure Gilles Doz. 

Les deux établissements comptent 50 salariés. Si l'élu se dit préoccupé par le sort des pensionnaires, il l'est tout autant pour le personnel. "Travailler à l'Ehpad a été une chance de trouver un emploi sur le secteur pour certains. Où vont-ils retrouver du travail sur un bassin d'emploi où le marché est très déprimé ?", s'interroge l'édile.

Le maire ne s'en cache pas non plus : cette fermeture pourrait avoir des répercussions sur les finances de sa commune et la vie économique locale. "La disparition de l'Ehpad et du FAM va impacter notre potentiel fiscal, notre fiscalité locale. Ça peut impacter notre dotation globale de fonctionnement dans un avenir proche, si les résidents ne sont plus là. On risque de rentrer dans un cercle catastrophique pour tout le monde. Sans parler de l'économie locale, car l'établissement fait travailler des commerçants et artisans locaux".

Une réunion de crise a eu lieu mercredi soir en mairie. Gilles Doz se démène et multiplie les contacts tous azimuts pour trouver une solution. 

Je ne lâcherai pas l'affaire, j'irai au bout du bout. Il en va de la vie du territoire, il en va de la vie des résidents. Pas question de lâcher quoi que ce soit !

Gilles Doz

maire d'Antraigues-sur-Volane

De son côté, Le groupe privé Médicharme a annoncé par communiqué que la priorité reste " la continuité de la prise en soin et du bien-être des résidents, ainsi que la préservation des emplois au sein des établissements".

Mais c'est le tribunal de commerce de Nanterre qui décidera au final du sort de cette structure. Il doit examiner les offres de reprises le 21 mars prochain.

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