Le collectif Pas de bébés à la consigne appelle les professionnels de la petite enfance à la grève mardi 19 novembre. En question, le manque de personnel et la dégradation des conditions d'accueil. La crèche associative Enfance et différence à Marseille participe à cette mobilisation nationale.
À la veille de la journée internationale des droits de l'enfant, les professionnels de la petite enfance sont appelés à se mobiliser ce mardi 19 novembre pour dénoncer le manque de personnel et la dégradation des conditions d'accueil dans les crèches françaises. Le collectif Pas de bébés à la consigne (qui regroupe une cinquantaine d'organisations syndicales et d'associations) lance d'ailleurs une pétition nationale réclamant l'application de mesures d'urgence pour sauver les modes d'accueil, exigeant notamment la publication d'un décret avant fin 2024 visant à modifier le Code de la santé publique.
Ateliers d’éveil, repas, ou toilette des touts petits, requièrent du soin et de l'attention pour chacun. Céline Sportouche, est auxiliaire de puériculture, avec sous sa responsabilité huit enfants, parfois porteurs de handicap : "c'est déraisonnable", assure-t-elle et voudrait voir le ratio redescendre à un personnel pour cinq bébés. Elle dénonce également le manque de place à l'intérieur des locaux, la surface dédiée à chaque petit pensionnaire, étant de cinq m2, "ce n'est pas possible, il faut passer à 7m2, pour pouvoir proposer un accueil de qualité".
On croit toujours au 21ᵉ siècle que pour s'occuper de jeunes enfants, il suffit d'être bien intentionné, avec une petite formation, mais les trois premières années de la vie sont les plus importantes pour la construction de l'enfant.
Muriel Schneiner, directrice de crècheFrance 3 Provence-Alpes
Rendre la filière de la petite enfance plus attractive est l’un des enjeux majeurs de ce mouvement. Au rang des revendications figurent une augmentation des salaires de 10% et la formation de 15.000 professionnels par an durant 5 ans.
Des dérives et des drames
Pour Muriel Schneider, directrice de la crèche, il est urgent de réagir. Les gouvernements se succèdent, mais les annonces sont rarement suivies d’effet et la plupart des professionnels de la petite enfance se sentent laissés-pour-compte. "Nous avons été témoins de drames comme la mort d'un bébé et le suicide d'une collègue dans l'est de la France", confie-t-elle, "on arrive à un trop-plein de souffrance d'un point de vue professionnel et de cas de maltraitances, parce que cette situation tendue engendre des dérives et des drames ". Pour cette directrice, si une aide financière est indispensable, la priorité est d'obtenir rapidement en renfort "des personnels, motivés, formés et compétents".
Son établissement fermera donc ses portes l’après-midi ce mardi 19 novembre afin que le personnel puisse se rendre à la manifestation. Des rassemblements sont prévus dans une quarantaine de villes en France dont Toulon et Marseille.
La moitié des crèches en sous-effectif
Aujourd'hui, la France compte 460.000 places d'accueil en collectif, dont 50 % relèvent des crèches publiques, 27 % des crèches privées et 23 % des crèches associatives.
Le secteur est sous tension depuis plusieurs années et connaît des dysfonctionnements. La moitié des crèches en France manquent actuellement de professionnels, selon les estimations gouvernementales, basées sur un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) commandé après la mort d'un bébé de 11 mois dans une crèche lyonnaise en 2022.