Depuis le 1er novembre, les trente vétérinaires de la clinique Agoravet de Strasbourg assurent des gardes à tour de rôle pour accueillir les urgences animales 24h/24, 7j/7. Une décision pour combler un vide médical criant, et soulager les plus petites structures, qui ne parviennent plus à assurer leurs gardes.
Les propriétaires d'animaux le savent bien : faire soigner ce membre de la famille à part entière relève souvent du parcours du combattant lorsque celui-ci tombe malade la nuit ou au beau milieu du week-end.
Et l'Alsace ne fait malheureusement pas exception à la règle : pour soigner leurs compagnons à poils, à plumes ou à écailles, les familles doivent parcourir plusieurs kilomètres avant de tomber sur un vétérinaire de garde. Parfois, sans succès, les propriétaires d'animaux doivent attendre le petit matin ou le début de semaine, afin de se rabattre dans l'angoisse sur leur médecin habituel.
"Ça pose de plus en plus problème d'assurer les urgences 24h/24. Les cliniques ont du mal à se structurer pour ça", abonde Thierry Azoulay, cofondateur de la clinique Agoravet à Strasbourg.
Pourtant, depuis une trentaine d'années les vétérinaires de l'EMS (Eurométropole de Strasbourg) se mutualisent pour organiser leurs services. Chaque clinique est de garde à tour de rôle, pour permettre aux 500 000 habitants de la métropole d'accéder à des soins rapidement. Mais comme le relève le docteur Azoulay : "Beaucoup de cabinets d'un ou deux vétérinaires commencent à avoir des difficultés à assurer les gardes, vu la demande croissante des soins en période d'urgence."
Jusqu'à 150 animaux le week-end
C'est à partir de ce constat alarmant, que la clinique vétérinaire Agoravet a décidé de proposer ses services aux familles 24h/24, 7J/7.
Depuis l'annonce de cette décision, le 1er novembre dernier, la clinique ne désemplit pas : chaque nuit, les vétérinaires accueillent entre 5 et 20 patients. Et jusqu'à 150 animaux le week-end, comme ce berger malinois nommé Tokyo, amené d'urgence par ses propriétaires ce dimanche.
Cela fait plusieurs jours que la jeune chienne est victime de vomissements et refuse de s'hydrater. Du sang retrouvé dans ses selles ce dimanche matin a poussé Olivia, sa maîtresse, à l'emmener aux urgences. La jeune femme a conduit pendant presque une heure pour se rendre à la clinique.
"Ce matin c'était l'angoisse. On ne peut pas savoir à quel point sa maladie est grave", témoigne Olivia au micro d'Isabelle Michel, journaliste à France 3 Alsace. "Tout est fermé le dimanche, on doit attendre jusqu'au lendemain en ayant peur qu'il ne soit trop tard." Une prise de sang et quelques tests plus tard, le docteur Azoulay vient rassurer la famille : Tokyo est simplement victime d'une gastro-entérite aiguë. Une maladie bénigne facilement curable.
Quelques médicaments et la jeune malinoise est déjà un peu plus vive qu'en arrivant. Olivia reprend des couleurs après plusieurs heures d'inquiétude.
Développer les structures d'urgences
Dans la salle d'attente, quelques patients font connaissance. Accompagnés de leur chien, tous saluent la présence de cette clinique ouverte à toute heure de la journée. L'attente est peut-être longue, mais rien ne vaut d'être rassurés.
Sous les sièges en plastique, Uma, chienne de deux ans au pelage noir, rattrape son manque de sommeil, à l'abri derrière les jambes de sa propriétaire. Le jeune chien a toussé et vomi toute la nuit. Joëlle, sa maîtresse, a été orientée vers l'Agoravet sur recommandation de son vétérinaire habituel.
La Strasbourgeoise remercie la clinique d'avoir opté pour des soins en continu : "Sans ce lieu je devrais me déplacer plus loin. Si Uma était dans un état critique ce serait terrible... Je trouve qu'il n'y a pas assez de prise en charge d'urgence pour les animaux de compagnie, donc heureusement que celle-ci a ouvert. Plus il y aura de structures, mieux ce sera."
Une trentaine de vétérinaires et d'auxiliaires spécialisés se relaient jour et nuit dans la clinique, qui espère voir ce système s'étendre à l'avenir, même si les co-créateurs reconnaissent que le manque de moyens ou de personnel est un réel frein au développement de ce service dans d'autres structures.