Depuis le 1er avril, la commune de Vallon-Pont-d'Arc est sous le coup d'une interdiction de construire faute d'une ressource en eau suffisante. Il s'agit d'une interdiction préfectorale. 22 communes dans le département sont dans ce cas.
Il n'est plus possible de construire de nouvelles maisons, ni de faire des extensions. Il est interdit aussi de construire de nouvelles piscines. C'est ce que prévoit l'interdiction préfectorale dans 22 communes d'Ardèche.
On ne prend pas ces décisions à la légère ou pour pénaliser une collectivité ou un territoire, on les prend au contraire pour sécuriser et responsabiliser l'approvisionnement en eau potable d'un territoire.
Thierry DevimeuxPréfet de l'Ardèche
Des professionnels inquiets
À Vallon-Pont-d'Arc, chef de file du tourisme en Ardèche, la décision de ne plus délivrer de permis de construire sonne comme un couperet. Pour les agences immobilières de la ville, les dossiers concernant la vente de terrains ou de constructions de maisons sont à l'arrêt.
Aujourd'hui le problème c'est qu'on ne sait pas, on introduit de nouveau aléas, on nous a dit au mois de mars qu'à partir du 1er avril on ne pouvait plus construire, j'ai eu encore ce matin un client au téléphone et je ne peux rien lui dire de concret
Cyril HamelinAgent immobilier Vallon-Pont-d'Arc
C'est un coup dur pour les agences immobilières, mais aussi pour toute la filière du bâtiment qui se retrouve avec moins de travail. Pour les constructeurs de piscines, la sentence est la même. Ils ne peuvent plus construire de nouvelles piscines. La sanction est sévère car en moyenne, leur chiffre d'affaires est constitué à 80 % de construction neuve. Ils vont devoir s'orienter vers plus de rénovation et/ou de vente de spa et de bien-être afin de pallier ce manque à gagner.
22 communes en Ardèche sont donc concernées par cette interdiction de construire, le temps pour elles de trouver des solutions pour améliorer leur réseau d'eau.
Mais à Marchols-les-eaux dans le centre Ardèche sous le coup de l'interdiction depuis 2019, les solutions n'ont pas été trouvées. Pour le maire, c'est une incompréhension et un sentiment d'injustice. Tous les projets de construction sur la commune sont en suspens depuis cette date.
La commune de Marchols-les-eaux, 280 habitants, dispose de 3 sources d'eaux. La commune possède également une réserve d'eau de 280 m3 et une réserve incendie de 50 m3. Et le maire dit qu'il possède suffisamment d'eau.
On marche sur la tête, ça manque d'un bon sens inouï, je ne sais pas ce que cherche l'État dans ce contexte, la commune de Marchols a un réseau d'eau qui est optimal, on a à peine 10 % de fuite sur le réseau.
François BlacheMaire de Marchols-les-eaux
Des communes qui ont trouvé des solutions
Certaines communes en Ardèche ont été sous le coup d'une interdiction qu'elles ont réussies à lever. Jaujac en fait partie. Une interconnexion des réseaux avec la commune voisine a été effectuée. Par solidarité, la commune de Prades qui bénéficie d'une ressource en eau plus abondante a accepté de partager avec sa voisine un peu de son eau.
C'est normal que les gens soient un peu inquiets, mais on a balayé les inquiétudes en leur expliquant clairement ce que voulait faire Jaujac, qu'ils avaient déjà amélioré leur réseau d'eau et que nous n'allions pas pomper toute l'eau, on parle de 5 à 10 cubes par jour.
Alain ValetteMaire de Prades
C'est le cas aussi pour la commune de Valgorge situé au pied du Tanargue dans les Cévennes ardéchoises. Elle a changé tous ses tuyaux d'eau pour une facture de 600 000 euros. Certes, une dépense coûteuse, mais qui la met à l'abri pour plusieurs années.
Avant les travaux, à la pointe de la saison touristique, on prélevait 600 m3 d'eau par jour dans un ruisseau qui au plus sec, en avait à peu près 1000 et aujourd'hui après les travaux, cet été, on en prélevait au maximum 126 m3 donc c'est vrai que ces travaux nous permettent d'aborder l'avenir avec beaucoup de sérénité
Guillaume BoninMaire de Valgorge
La sécheresse de l'été 2022 aura permis de réveiller les consciences sur la ressource en eau. Beaucoup de communes réfléchissent à améliorer leur propre ressource en eau. Un bien rare qui n'est pas illimité dans le temps et qu'il faut préserver. Les solutions existent bel et bien. C'est un espoir pour l'avenir.