Le chatus, cépage noir ardéchois, connaît une incroyable renaissance sur les terroirs légers et gréseux de la bordure cévenole, entre Aubenas et Bessèges. Depuis 30 ans, une poignée de vignerons s'y emploie.
En Ardèche, depuis 30 ans, une poignée de vignerons se bat pour défendre un cépage typiquement cévenol, le chatus. Retour à Vernon qui le sauva autrefois.
Un cépage ressuscité
Le chatus est l’un des plus anciens cépages français, au même titre que le Pinot Noir. L’oïdium et l’épidémie de phylloxera auront raison de lui au milieu du XIXe siècle. On lui préfère alors des variétés plus résistantes aux maladies. Quelques pieds sont greffés sur des vignes américaines (Jacquet) dès 1883 par des vignerons de Vernon ce qui le sauvera.
"C'est le seul cépage rouge dans nos sols granitiques qui donne un vin de caractère" analyse Jérôme Serret. Avec son père qui a largement contribué à la réintroduction du cépage, il cultive à Vernon 5 hectares de Chatus. Et ce n’est pas un hasard, le terrain est idéal.
Un cépage cévenol
"Si vous suivez la route d'Alès, à droite, vous avez les grès, à gauche les calcaires. Ce cépage est implanté dans les terroirs de grès. Le taux d'acidité est entre 4.5 et 5" détaille Maxime Serret. C'est un vin tannique, acide qui a longtemps été mis de côté, "car il demande beaucoup d’efforts" précise-t-il.
Pour le faire réhabiliter, il a fallu cinq ans de démarche. Une cartographie a été diligentée. Le premier millésime date de 1995.
Le premier week-end de décembre, c'est la sortie du Chatus. Cette année, on goûte la cuvée 2021. "Ce qui le caractérise, c'est sa longueur de bouche. Il explose en bouche et ça tient très longtemps" précise Christophe Reynouard Président du syndicat des Vignerons du Chatus.
Si Hollywood faisait des chewing-gums avec un goût aussi long que celui du Chatus, ce serait formidable.
Christophe ReynouardPrésident du syndicat des Vignerons du Chatus
"Pour le Chatus romain, on vinifie avec la grappe qui sert de drain dans la cuve. Il est beaucoup plus fin au nez, les tanins sont plus soyeux. Il est plus facile à boire jeune". Mais qu'on ne s'y trompe pas. Le cépage se garde parfaitement. C'est le seul vin de basse Ardèche qui se conserve longtemps. Il se souvient avec délice la bouteille de 2010 qu'il a ouverte, il n'y a pas si longtemps.
150.000 bouteilles sont produites par an par les 7 producteurs. La majeure partie est vendue sur place, mais l'export commence. "Avec du fromage de chèvre ou du gibier, c'est magnifique" (avec modération, bien sûr) conclut Brigitte, goûteuse qui vient aussi pour les vendanges.