Le 17 juin 2023, un rocher de six tonnes a dévalé une falaise pour s'écraser dans l'Ardèche sur la commune de Saint-Remèze. Fort heureusement, aucun kayak ne naviguait à ce moment-là sur la rivière. Des spécialistes des risques rocheux tentent de comprendre ce qu'il s'est passé.
Le week-end dernier, un énorme rocher de six tonnes est tombé dans les gorges de l’Ardèche au niveau de la commune de Saint-Remèze. S'il n'a fait aucune victime, cet événement suscite des interrogations.
Comment a-t-il pu se décrocher ? Pourquoi la végétation n'a-t-elle pas stoppé sa chute ? Y a-t-il un risque de sur-éboulement ? Pour le savoir, des spécialistes des risques rocheux du Ceréma mènent l'enquête.
Un secteur interdit aux promeneurs
Par précaution, l'accès à la zone d'enquête est interdite aux promeneurs. Elle est considérée "à risque", avec potentiellement de nouvelles chutes de pierre. Chaque caillou déplacé peut en entrainer un autre.
"À chaque éboulement, les blocs qui tombent vont modifier tout ce qui se passe autour" nous explique Mathieu Mlynarsk. "Au niveau de la cicatrice elle-même et sur le couloir de propagation, il y a énormément de blocs qui vont se répandre et ces blocs peuvent être mobilisés par la pluie ou des animaux. Il faut donc être prudent dans ce type de zone".
Mais plus généralement, le spécialiste explique que la falaise des gorges de l'Ardèche est une zone à risque par nature. Constitués de pierres calcaires, ses blocs bougent régulièrement sous l'effet de l'érosion provoquée par les pluies.
Ce jeudi 22 juin, le rôle de l'équipe de spécialistes sur place est d'identifier la zone de départ du bloc de six tonnes tombé dans l'Ardèche et son couloir de propagation, afin de vérifier s'il n'y a pas un risque de sur-éboulement.
Si c'est le cas, plusieurs options se présenteront à eux. "Le plus probable, c'est que nous "purgerons" les blocs en les faisant tomber quand il n'y aura personne en dessous", poursuit Mathieu Mlynarsk.
La falaise toujours accessible
Romain Franquet est conservateur de la réserve naturelle des gorges de l'Ardèche. Il rappelle que la falaise est libre d'accès à tous les promeneurs "qui restent responsables de leur propre sécurité", d'où son invitation à se déplacer plutôt sur les sentiers sécurisés et balisés.
Le conservateur tient néanmoins à rassurer. Dans les gorges de l'Ardèche, la falaise domine une forêt. Ainsi, les éboulements sont ralentis par les arbres et les petites pierres qui tombent ne finissent pas dans l'eau. "C'est seulement à quelques endroits que la falaise est plus avancée que la forêt".
De plus, les éboulements comme celui du 17 juin restent exceptionnels. "Le dernier en date, c'est le Rocher du Charlemagne qui a pris la foudre en 2018 et qui s'était fracturé", poursuit Romain Franquet.
Les amateurs de kayak et de randonnée peuvent donc être rassurés : il y a peu de chance qu'un rocher leur tombe sur la tête s'ils s'aventurent dans les gorges de l'Ardèche.
Notre reportage avec les spécialistes des risques rocheux :