Attentat au nom de l'organisation Etat islamique, règlement de comptes avec son patron... les motifs "hybrides" de Salhi

Yassin Salhi doit être présenté, ce mardi 30 juin, à un juge antiterroriste en vue de sa mise en examen pour l'assassinat de son patron et ce que l'on qualifie d'attentat contre le site gazier Air Products. Pourtant, il conteste la dimension religieuse de son acte. 

A l'approche de la fin de sa garde à vue, le procureur de Paris, François Molins, doit décider de son défèrement et de sa présentation à un juge d'instruction.

A l'inverse d'un Mohamed Merah, ou plus récemment des frères Kouachi ou d'Amédy Coulibaly qui avaient proclamé avant leur mort leur affiliation à l'islamisme le plus radical, Salhi conteste toute motivation religieuse. Mais, pour les enquêteurs, le patron de son entreprise de transport, Hervé Cornara, qu'il a avoué avoir tué, est bien une nouvelle victime du terrorisme islamiste, six mois après les attentats de Paris et deux mois après l'assassinat d'Aurélie Chatelain dans un parking de Villejuif.

Originaire de Pontarlier, dans le Doubs, Salhi est connu depuis le milieu des années 2000 comme appartenant à la mouvance salafiste radicale. Il gravitait alors dans l'entourage de Frédéric Jean Salvi, un délinquant converti à l'islam en prison et radicalisé, que les Indonésiens soupçonnent d'avoir préparé un attentat à la voiture piégée dans leur pays en 2010. Salvi, qui vit dorénavant au Royaume-Uni "en toute légalité", ne fréquente plus Salhi depuis 2003, a fait savoir son avocat Jérôme Pichoff.

Le crime du 26 juin a été entouré d'un symbolisme macabre qui rappelle les mises en scène de l'organisation de l'Etat islamique (EI) dans les zones de djihad en Irak et en Syrie. Hervé Cornara a été décapité, sans que l'autopsie n'ait permis jusqu'à présent d'établir avec certitude si l'acte avait précédé ou suivi sa mort.

Séjour en Syrie?

Fixée à un grillage de l'usine de gaz industriels de Saint-Quentin-Fallavier, où Salhi se rendait régulièrement pour le compte de sa société, et qu'il a tenté de faire sauter, la tête était encadrée de deux drapeaux frappés de la chehada, la profession de foi musulmane.

Quand il a été maîtrisé par des pompiers, Salhi a crié "Allah akbar". Et les enquêteurs ont retrouvé dans son portable un selfie macabre avec la tête de sa victime, envoyé à un homme qu'il connaît depuis 2006, et qui combattrait dans les rangs de l'EI en Syrie.

Sur tous ces points, Salhi se montre peu disert en garde à vue. Selon une source proche du dossier, il pourrait d'ailleurs connaître plusieurs des quelque 500 personnes parties de France et actuellement dans les zones de djihad.

Mais les enquêteurs restent prudents sur cette connexion syrienne. L'épouse et la soeur de l'assassin présumé ont, certes, évoqué un séjour en Syrie en 2009, bien avant les combats auxquels prennent part les djihadistes. Mais les policiers n'ont pour le moment pas trouvé trace de ce voyage.

Salhi a jeté le trouble en réfutant toute motivation religieuse

Deux jours avant les faits, il semble avoir eu une vive altercation à la suite d'un différend professionnel avec sa future victime. Il a également évoqué devant les enquêteurs ses difficultés conjugales. Autre interrogation: la préparation sommaire et apparemment précipitée de ses actions. Sur les lieux de l'attentat, a été retrouvée une arme factice qui n'aurait été que le jouet de son fils que Salhi aurait repeint la nuit précédant les faits.

Une source proche du dossier évoque les motifs sans doute "hybrides" de Salhi. "Il y a sans doute des motivations dont la réalité est personnelle, mais il y a une symbolique qui elle emprunte tout aux images les plus affreuses, les plus abjectes du terrorisme", a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
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