Ce mardi 7 janvier, les attentats jihadistes contre le journal satirique Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher ont été commémorés. Le massacre de la rue Nicolas-Appert, qui a donné naissance au slogan "Je suis Charlie" est encore dans les esprits, 10 ans après les faits.
Au soir du 7 janvier 2015, des milliers de personnes, partagées entre sidération et indignation, sont descendues dans la rue pour rendre hommage aux journalistes de la rédaction de Charlie Hebdo, massacrés quelques heures plus tôt. À Paris, mais aussi un peu partout en France, comme à Lyon ou Saint-Etienne, des rassemblements spontanés ont eu lieu. Cet attentat avait provoqué une émotion mondiale.
Des milliers de Lyonnais
Le soir du drame, très vite, la place des Terreaux devient noire de monde. Ce sont plus de 10 000 personnes qui se rassemblent spontanément au cœur de Lyon, sous les fenêtres de la mairie, pour rendre hommage aux journalistes assassinés. Des bougies illuminent les marches de l'Hôtel de Ville.
La place est devenue trop petite. La foule rassemblée scande un slogan "je suis Charlie". Elle brandit des drapeaux et des stylos. L'émotion est palpable. Les Lyonnais sont sonnés et indignés. Certains sont en larmes.
"C’est un peu comme la famille, des cousins. Je le lis toutes les semaines, je suis très ému", explique un Lyonnais, un exemplaire de Charlie Hebdo en mains. "D'en parler, j'ai envie de pleurer. C'est comme si je les connaissais. C'est insupportable", réagit une autre habitante. "C’est la démocratie, c'est tout ça," ajoute-t-elle.
Rassemblement stéphanois
"On est révoltés, on a envie de crier au monde entier qu'on n'est pas d'accord avec tout ce qui se passe. Qu'une minorité de personnes n'auront pas notre liberté d'expression", réagit une jeune stéphanoise le soir du drame.
À Saint-Etienne, même sidération, même rassemblement spontané sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Une foule d'anonymes est venue protester, dire son attachement à la démocratie et à la liberté d'expression. Certains brandissent aussi des stylos en solidarité avec les dessinateurs assassinés de Charlie Hebdo. Un rassemblement pour refuser l’obscurantisme et la barbarie. De mémoire de Stéphanois, il faut remonter à la Libération pour trouver la trace d’une telle mobilisation populaire. À Saint-Etienne, des photos, des dessins et des stylos ont même été déposés sur les marches de l'Hôtel de Ville. Autant de témoignages collectés et précieusement conservés dans les archives municipales. Des symboles d'un engagement collectif.
"Increvable"
La rédaction du journal satirique a été décimée en quelques minutes. Douze personnes, dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo, ont perdu la vie dans l'attaque planifiée par les frères Kouachi. Après deux jours de traque, les deux individus ont été abattus par le GIGN dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële où ils s'étaient retranchés. Deux policiers à Paris et Montrouge, ainsi que quatre personnes de confession juive dans un magasin casher porte de Vincennes, ont également été tués durant ces trois jours de terreur. À ces victimes s'est ajouté l'ancien webmaster de Charlie Hebdo, Simon Fieschi, grièvement blessé dans l'attentat et mort en octobre dernier.
Charlie Hebdo était la cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006. La tuerie de la rue Nicolas-Appert dans le XIe arrondissement a marqué les esprits. Dix ans après ce drame, le journal satirique reste dans toutes les mémoires. Un symbole. Cet attentat a provoqué une émotion mondiale. Un slogan resté célèbre est né : "Je suis Charlie".
Dix ans jour pour jour après la tuerie, Charlie Hebdo a sorti un numéro spécial de 32 pages et tiré à 300.000 exemplaires. En Une, l'hebdomadaire crée en 1970 se dit "increvable !". En Une, le dessin d'un lecteur jovial assis sur un fusil d'assaut, lisant ce numéro "historique".