Son frère Franck Brinsolaro est l'une des 12 victimes de l'attentat de "Charlie Hebdo". Dix ans après, Philippe , commandant de police à Marseille, a participé aux commémorations qui se sont déroulées ce 7janvier à Paris. Lui qui a perdu dans cette attaque son jumeau revient sur ce deuil difficile.
"C'est une cérémonie qui, comme chaque année, ravive les mauvais souvenirs et la douleur de cette tragédie qui nous prive de quelqu'un de cher", Philippe Brinsolaro avait quitté Marseille ce 7 janvier pour assister aux commémorations des 10 ans de l'attentat qui lui a enlevé son jumeau. Tous les deux étaient policiers. Franck Brinsolaro assurait la protection de Charb, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo le jour où les frères Kouachi ont mis à exécution leur sombre plan .
Cette année, elle est effectivement particulière. Dix ans, ça montre qu'il y a toujours un devoir de mémoire, c'est important.
Philippe Brinsolaro, après la cérémonieFrance 3 Provence-Alpes
Son frère a donné sa vie pour la police et la liberté et Philippe, lui, est toujours dans le métier. Continuer est devenu, à ses yeux, "un devoir". "Je suis fonctionnaire de police, donc je me suis engagé et je savais les risques. Même si je ne pensais pas qu'un jour l'addition serait lourde. C'est douloureux de perdre quelqu'un de sa famille dans ces circonstances."
Je ne pensais pas que je donnerais autant à la police et qu'elle me prendrait autant. Mais pour autant j'aime ce métier. Je puise la force de continuer dans la mémoire de mon frère. Il n'a rien lâché, à nous de ne rien lâcher à notre tour.
Philippe Brinsolaro, commandant divisionnaire à Marseille
"Vous savez, mon frère est toujours avec moi. Dans mon bureau, j'ai son poster en grand, il m'accompagne, il est présent à tout moment. C'était un homme d'engagement, un homme de valeur et c'était mon jumeau", raconte le frère après avoir assisté avec de nombreux proches des victimes et personnalités, dont Emmanuel Macron et son prédécesseur François Hollande, à la commémoration officielle de l'attaque du 7 janvier 2015 devant les anciens locaux de Charlie Hebdo.
On n'imagine pas. On se demande comment on vit avec ça. Les années passent, mais c'était hier en fait.
Philippe Brinsolaro, frère de Franck, victimeFrance 3 Provence-Alpes
"Une cicatrice qui ne se ferme pas"
Après dix ans de deuil, la famille du policier Brinsolaro est toujours dans la douleur. "Ce qui meurtrit ? Tous les moments qu'on ne peut pas avoir. Les événements familiaux où l'absence est remarquée, les moments avec la famille, avec mon père, ma mère et lui qui n'est plus là."
Il y a des hauts et des bas, à certaines périodes, ou dans certaines circonstances. "Tous ces moments qu'on ne peut plus avoir et qui font que chaque moment familial, chaque moment de fête est gâché par cette absence et par les circonstances de cette absence surtout. Donc c'est une blessure qui ne guérit jamais. Elle se rouvre systématiquement le jour des cérémonies. Elle se rouvre au moment des fêtes. Elle se rouvre quand on voit qu'il y a un nouvel attentat qui a frappé notre pays et ça nous renvoie à chaque fois à ces moments douloureux et il faut faire avec."
Un entretien réalisé pour France 3 Provence-Alpes par Karen Cassuto