Le procès de Damien Saboundjian s'est ouvert lundi 11 janvier devant la cour d'assises de Bobigny. Désormais en poste à Grenoble, ce policier est jugé pour avoir tué un braqueur d'une balle dans le dos, en avril 2012, à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis. Témoignage.
"J'ai toujours voulu être dans la police", affirme l'accusé, qui risque 15 ans de réclusion pour des faits de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Face au président qui l'interroge, Damien Saboundjian, un solide gaillard de 36 ans, répond d'une voix mal assurée, les épaules rentrées. Comme écrasé par un procès dont les enjeux visiblement le dépassent.
Au fil de ce premier jour d'audience, les juré découvrent une enfance sans histoire au sein d'une famille unie et modeste d'origine arménienne, dans l'agglomération grenobloise. A la fin de la troisième, cet élève moyen, qui adore dévaler les pistes de ski, exerce divers petits boulots avant d'entrer en 2002 dans la police nationale et d'être envoyé "sur la voie publique" six ans plus tard.
En 2012, il demande à être muté à Grenoble pour pouvoir veiller sa mère, gravement malade. Sans savoir qu'il le sera d'office après la mort d'Amine Bentounsi. Interdit de port d'armes, Damien Saboundjian est désormais opérateur pour le Service d'information et de commandement (SIC) de la police grenobloise: il "réceptionne les appels 17 et oriente les secours", selon ses termes. "J'aime toujours mon métier", assure-t-il.
Le policier était-il en situation de légitime défense quand il a tiré ? C'est la question auquel devra répondre le procès, qui se tient moins d'un an après la relaxe à Rennes de deux policiers jugés pour leur rôle dans la mort de Zyed et Bouna.