En Auvergne, des agriculteurs redoutent un nouvel épisode de sécheresse

La météo est particulièrement clémente en Auvergne depuis l’arrivée du printemps et les agriculteurs commencent d’ores et déjà à manquer d’eau, aussi bien pour l’élevage que pour les cultures de céréales. Une 3e année de sécheresse semble se profiler.

Voici encore une belle journée ensoleillée. Ce jeudi 9 avril, 24 degrés enregistrés dans la région de Moulins, par exemple. De quoi ravir les confinés qui ont la chance de profiter d’une maison et d’un jardin. Mais il en est qui scrutent le ciel avec inquiétude : les agriculteurs. « Cela fait bien un mois que nous sommes sans eau », s’inquiète Adrien Damoret, éleveur de brebis à Bourbon-l’Archambault dans l’Allier. « Les températures sont chaudes. Je suis en t-shirt dans mon champ, alors que nous ne sommes que début avril ! C’est incroyable ! »

"Les graînes ne peuvent pas attendre qu'il pleuve"

Cent quarante kilomètres plus au sud, dans la plaine de la Limagne, dans le Puy-de-Dôme à Saint-Rémy-de-Chargnat, Jérôme Tourette, céréalier, se désole : « En mars, je n’ai mesuré que 18 mm de pluie. Ce n’est rien ! Il en faudrait le double, sachant qu’en janvier et en février, il n’a plu que 5 mm sur mon exploitation. » Un printemps ensoleillé après un hiver sec, il n’en fallait pas plus pour craindre une nouvelle sécheresse avec des conséquences immédiates : « Nous entrons dans la période des semis de maïs et de tournesol », explique Jérôme Tourette. « Je suis incapable de les semer car il n’y a aucune humidité dans le sol. Les graines ne peuvent pas attendre qu’il pleuve. Elles perdront leur pouvoir germinatif ou se feront manger par les insectes. »

"Le taux d’humidité dans le sol est encore plus bas que l’année dernière"

Les cultures d’hiver comme l’orge, le lin, le blé ou le colza souffrent aussi. « Le froid avec des températures négatives il y a deux semaines, le manque de pluie aujourd’hui, nous allons perdre en rendement », prédit Jérôme Tourette. « Cela pose la question de lancer dès à présent l’irrigation pour prendre le relais du ciel », s’interroge David Chauve, président de la FNSEA 63. « Le taux d’humidité dans le sol est encore plus bas que l’année dernière à la même époque. »

La partie centrale de la région particulièrement concernée

Des inquiétudes qui traversent tout le milieu agricole sur un axe qui démarre du nord de l’Allier pour atteindre l’ouest de la Haute-Loire en passant par la plaine de la Limagne dans le Puy-de-Dôme. « La situation est plus dure sur cette partie centrale mais depuis un mois, l’ensemble du département du Puy-de-Dôme est touché », continue David Chauve de la FNSEA 63. « En montagne, cela affecte le démarrage de la pousse de l’herbe, alors que les troupeaux commencent à sortir à 1000 mètres d’altitude. Mais les granges sont vides, il n’y a plus d’autre choix que de mettre les animaux au pré », témoigne ce producteur de lait dans la région d’Ambert.

"C'est tout un système à réinventer"

A Bourbon-l’Archambault dans l’Allier, Adrien Damoret, l’éleveur de moutons, se prépare déjà à l’idée d’avoir à acheter du fourrage. Avec son père, il élève 580 brebis sur 82 hectares et leurs pâtures sont déjà bien grignotées par les animaux. « Acheter du foin, ce n’est pas un système viable », analyse-t-il. « Cela fait deux années de suite déjà que nous percevons des aides pour la sécheresse. Ce n’est pas normal : nous devrions nous en sortir tout seuls, une aide « sécheresse » ne peut devenir permanente », poursuit ce jeune agriculteur en cours d’installation. « Nous essayons de nous adapter au réchauffement climatique mais il va plus vite que nos capacités à modifier nos pratiques d’élevage. C’est tout un système à réinventer. »

"Rien n'est perdu"

Un début de sécheresse qui s’ajoute à de nombreuses autres inquiétudes, dont la crise du COVID 19. « Les prix agricoles sont à la baisse », se soucie Gilles Cabart, président de la FNSEA 03. « Je ne vous dis pas, le moral dans les campagnes est au plus bas… » Puis de se montrer optimiste: « Rien n’est encore perdu car on peut avoir de l’eau dans les semaines qui viennent. Dans un mois, peut-être que je vous dirai : c’est bon ! »
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