C'est un avocat réputé de Grenoble qui a été interpellé, ce lundi 23 mai au matin, à son domicile, avant d'être conduit à l'Hôtel de Police de Grenoble. La procédure porte sur des menaces et intimidation envers un magistrat.
Le 13 mai dernier, Bernard Ripert aurait menacé un magistrat de la cour d’appel de Grenoble, chargé du dossier de sanction le concernant.
Du coup, l'avocat fait l'objet de poursuites pour "menace ou tout acte d'intimidation commis envers un magistrat (...) en vue d'influencer son comportement dans l'exercice de ses fonctions". Un délit passible de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Mais Me Ripert n'a pas honoré sa convocation à l'Hôtel de Police prévue vendredi dernier. C'est ce qui a conduit l'autorité judiciaire à utiliser la force publique pour le contraindre à se présenter.
Il "a été interpellé comme un terroriste, alors que c'est lui qui est terrorisé", a déclaré son épouse Rose-Marie Ripert. "Ça ne s'est pas bien passé. C'est inquiétant cette façon de procéder. Il a été menotté, a-t-elle complété. Ces méthodes démontrent bien la justesse de son combat".
>>> Lire aussi - Avocat suspendu à Grenoble: bras de fer entre le ministre de la Justice et Me Ripert
Des supensions à répétition
Avocat "historique" de l'organisation armée d'extrême gauche "Action Directe", Me Ripert, 65 ans, était déjà suspendu d'exercice après une décision de la même cour d'appel pour des manquements déontologiques. Il n'entendait pas en rester là. Cette première affaire remonte à plusieurs mois, à la suite d'une remarque du parquet général quant au comportement du défenseur. Le Bâtonnier de Grenoble avait saisi le Conseil de l'Ordre d'une requête en suspension provisoire. Finalement, le Conseil a attendu avant de prendre une décision, l'avocat ayant présenté une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) auprès de la Cour de cassation. Ce délai a permis au pénaliste de plaider dans l'affaire de la rixe d'Échirolles.Le barreau de Grenoble a ensuite fait appel. Et malgré une demande de renvoi, en raison de l'absence pendant deux mois de Me Ripert, il a été suspendu. Une audience sur le fond de cette affaire doit avoir lieu début juin.
Condamné à trois reprises à des sanctions disciplinaires, Me Ripert avait déjà été suspendu pendant un an en 2013 pour avoir qualifié une avocate de "roquet" et dit d'un président de cour d'assises qu'il avait "triché" et "menti".