Dès le premier jour de son procès en appel pour le meurtre de son mari, la défense de Manuela Gonzalez, surnommée "la veuve noire de l'Isère", a tout fait pour semer le doute dans l'esprit des jurés en relançant notamment la thèse du suicide.
En première instance, en 2014, Manuela Gonzalez, épouse Cano, avait été condamnée à 30 ans de réclusion malgré l'absence de "preuves évidentes".
Ce lundi 23 mai, sûre d'elle, veste noire sur chemisier blanc, visage impassible, l'accusée a répété d'entrée de jeu devant la cour d'assises de la Drôme: "Je suis innocente." Depuis la première audience, plusieurs choses ont changé. D'abord, elle comparaît libre, après avoir été remise en liberté au motif d'un trop grand délai entre les deux procès, après cinq années de détention.
Ensuite, elle a teint ses cheveux noirs corbeau en blond. Pourquoi? "Peut-être pour adoucir son visage", raille un avocat des parties civiles en marge des débats.
Reportage Marion Feutry et Yves-Marie Glo
Une femme 'diabolisée'
Manuela Gonzalez a aussi étoffé sa défense, faisant appel à Me François Saint-Pierre, un ténor du barreau. Lui et son confrère Me Ronald Gallo ont attaqué sur un point de sémantique, réfutant le surnom de "veuve noire" donné à leur cliente, en allusion à cette araignée qui tue son partenaire après accouplement. Un surnom hérité de son passé trouble et funeste puisque deux de ses anciens compagnons ont péri de morts violentes et deux autres ont été intoxiqués."Cette femme a été diabolisée. On la surnommait ainsi, la veuve noire, bref une tueuse en série. Mais Madame Cano n'a jamais été condamnée" pour ces quatre précédents cas, a attaqué Me Saint-Pierre, petites lunettes rondes au bout du nez.
La défense a relancé ensuite la thèse du suicide de Daniel Cano. Selon Manuela Gonzalez, son mari aurait en effet "glissé" dans le cercueil de sa mère, morte quelques mois avant lui, un mot indiquant: "Bientôt, je serai à tes côtés."
Une affirmation qui n'a jamais pu être vérifiée puisque "déjà plusieurs demandes ont été refusées". Ses avocats ont donc sollicité à nouveau une exhumation. "Moi, je dis, il vaut mieux juger en connaissance de cause que face au doute", a asséné Me Saint-Pierre.
"C'est une stratégie très intelligente (de la part de la défense) car, dans tous les cas, que cette lettre soit recherchée ou pas, qu'elle soit trouvée ou pas, leur but est d'insinuer le doute dans l'esprit des jurés", estime le conseil du fils et des frère et soeur de la victime, Me François Leclerc. "Elle ment, elle est très sûre d'elle, mais elle ment beaucoup", poursuit-il. Notamment, selon lui, lorsque l'accusée affirme que c'est le chien de la famille qui a déclenché le premier incendie dans la chambre conjugale.
Le verdict est attendu le 31 mai. L'accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité.