Sur le papier, Eric Piolle a pris une claque. En le renvoyant à ses responsabilités dans l'affaire du bidonville Esmonin, le tribunal administratif de Grenoble lui a donné une leçon de choses: c'est au maire de prendre l'arrêté d'expulsion. Du coup, les anciens maires jubilent.
La théorie Piolle est désormais la suivante: si l'Etat ne trouve pas de solutions pour reloger les quelque 300 habitants du bidonville, leur expulsion n'est pas possible. Dans un entretien accordé à France 3 Alpes, il plaide "un regard humaniste" nécessaire.
Cette lecture n'est, évidemment, pas partagée par ses opposants. Deux anciens maires ont pris la plume pour décrire l'histoire d'un maire qui ne peut pas, ne veut pas expulser des malheureux. C'est au-delà de sa conscience, de ses idées politiques. Pourtant, selon eux, il se doit de répondre aux alertes de ses administrés, atterrés de voir un bidonville prendre de l'ampleur.
Michel Destot, ancien maire PS de Grenoble, explique ainsi dans un communiqué: "j'ai été maire de Grenoble pendant 19 ans. J'ai toujours pris mes responsabilités, surtout face à des situations humainement complexes. Aujourd'hui, je demande à la municipalité d'en faire de même.Gouverner, c'est choisir, c'est agir"
Gouverner, c'est choisir, c'est agir. Le jeu politicien ne mène nulle part, et ne fait qu'accroître les difficultés rencontrées par les riverains comme par les occupants du camp, obligés de vivre dans des conditions indignes. Elle ne fait que renforcer les tensions entre les personnes, alors que la mission des élus consiste au contraire à les apaiser.
Aujourd'hui, le maire de Grenoble ne doit plus nier la réalité: il est aussi responsable d'une situation devenue difficilement gérable. Au lieu de s'en remettre au Président de la République avec un art de l'esquive qui ne trompe personne, il doit s'atteler sérieusement à faire cesser ce drame humain qui entraîne chaque jour la souffrance de femmes, d'hommes et d'enfants."
Au lieu d'agir (...) Eric Piolle tergiverse
Alain Carignon, ancien maire Les Républicains, estime, lui, qu'Eric Piolle a "allumé l'incendie lui-même". "Au lieu de stopper dés le départ le développement du camp Esmonin, la municipalité a installé l'eau et l'électricité (...) au lieu de prendre un arrêté d'expulsion, elle a saisi le tribunal administratif. Au lieu d'agir, étant débouté, Eric Piolle tergiverse encore et écrit au Président de la République (...) Eric Piolle ne remplit pas son devoir de maire."