En quelques mois, le prix de l’acier a doublé. Une situation qui n’est pas près de s’arranger avec la crise en Ukraine. Dans une entreprise de charpentes métalliques du Cantal, on envisage même de fermer l'atelier.
Dans l'atelier de cette entreprise située à Massiac, dans le Cantal, les poutrelles métalliques valent désormais de l'or. Michaël Boyer, cogérant de CMF Structures, explique : « Le prix de l’acier a doublé en quatre mois, à cause de la forte croissance en Chine, aux USA et en Europe. De mars à juillet 2021. Il est passé de 500 euros la tonne à 1 000 euros la tonne. Aujourd’hui, on est hors cotations. On annonce 1 200 voire 1 600 euros la tonne. On ne sait pas où ça va aller. On ne sait pas combien ça va nous coûter ni quand on va recevoir l’acier. Aujourd’hui, il n’y a plus de poutrelles sur le marché. On a trois semaines de production de prévues et après l’atelier sera complètement arrêté car on n’a plus de matière première. C’est catastrophique pour nous, car cela fait déjà huit mois que l’on vend à perte ». Les industriels italiens qui produisent l'acier se fournissent essentiellement en Russie et en Ukraine.
La menace du chômage partiel
Michaël Boyer est à la tête de cette entreprise de fabrication de charpentes métalliques depuis 2006. Il emploie 50 personnes et 10 intérimaires. Mais si la situation n'évolue pas, d'ici trois semaines, il sera contraint de fermer son atelier et de mettre une partie de ses salariés au chômage partiel. Jacques Condon, pointeur chez CMF Structures, souligne : « Le prix de la ferraille est tellement cher que ça va être très dur pour les patrons et pour beaucoup de monde. Les ouvriers aussi vont être touchés ».
"Je ne sais pas ce qu’il va se passer"
La reprise post COVID avait déjà entraîné une hausse du prix de l'acier. En huit mois, l'entreprise de Michaël a perdu 2 millions d'euros. Car le chef d'entreprise n'a pas pu répercuter toutes les augmentations sur le coût de ses chantiers. Cette fois-ci, il n'a plus de marge de manœuvre et doit revoir ses devis quasiment chaque semaine. Michaël Boyer précise : « En 2008, on avait déjà connu ces hausses de prix mais c’était retombé. Un chantier qui était à 100 000 euros était, il y a 15 jours, à 125 000 euros. Aujourd’hui, il va certainement passer à 140 ou 150 000 euros. Cela ne va plus être possible pour les gens. On a des gros chantiers où les augmentations d’acier vont se jouer jusqu’à 500 000 euros. Je ne sais pas ce qu’il va se passer. On a quasiment un an de carnet de commandes d’avance et on se demande si on va pouvoir assurer les commandes. On est complètement dans le flou ». Une année de travail assurée qui est désormais suspendue au contexte géopolitique mondial.