Au plus fort de la crise du coronavirus, l’entreprise Piganiol d’Aurillac dans le Cantal avait cessé sa production historique de parapluies pour fabriquer des masques et blouses grand public. Début juin les stocks grossissent, le marché s’est effondré.
Depuis 1884, l'entreprise Piganiol, dans le Cantal, est spécialisée dans la fabrication de parapluies haut de gamme. Pendant le confinement, elle avait abandonné en urgence sa production pour celle de blouses ou de masques pour les soignants et le grand public, qui faisaient cruellement défaut pendant la crise du coronavirus Covid 19. Mais début juin, alors que commençait à peine la phase 2 du déconfinement, retournement de tendance, l’entreprise doit faire face à des difficultés de plus en plus grandes pour écouler ses stocks de protections. La décision a été prise : elle renoue avec son savoir-faire centenaire.
Sous les doigts des couturières, ce ne sont plus des masques ou des blouses. Depuis quelques jours, l'atelier a retrouvé son cœur de métier : la fabrication de parapluies. "Reprendre des parapluies alors que bon la maladie est toujours là, psychologiquement ça fait du bien du bien" dit Marie-Paule Vidalinc, une des couturières de la Maison Piganiol.
Au plus fort de la crise sanitaire, 600 masques étaient fabriqués et expédiés chaque jour. Désormais, des cartons entiers s'accumulent. Tout comme les sur-blouses qui peinent à trouver preneur; "L'Etat nous a encouragés à produire en grande quantité donc on s’est équipés, on a acheté de la matière première et aujourd’hui en France, il y a 10 millions de masques fabriqués en France qui ne trouvent pas preneur alors qu’on importe de Chine, d’Inde et du Pakistan. C’est un peu dommage" dit, amer, le directeur général Matthieu Piganiol.
Pour cette entreprise, l'arrêt brutal des commandes de ces protections à un coût. Celui des invendus et de ces matières premières remisés au fond de l'atelier. "J'ai 2 à 3 kilomètres de tissus qui me restent sur les bras et que je ne vais pas réutiliser. Il nous reste entre 10 et 15 mille euros de matière première et de produits finis qui ne trouveront pas de distribution. Ça reste hyper important pour une entreprise comme la nôtre".
Alors l'entreprise a retrouvé sa configuration presque habituelle et sa production de parapluies ; en gardant un œil inquiet sur la reprise économique. "On est en train de produire les commandes qu’on avait en retard, donc on vit sur notre carnet de commande. Ce qui est difficile quand même, c’est de voir l’avenir, la reprise en septembre. Tout va se jouer à ce moment-là. S’il n’y a pas de commandes de parapluies, si la pandémie repart à la rentrée, là ce serait vraiment dramatique" explique Matthieu Piganiol.
Parmi les commandes en cours, la remise en état de 1 000 parapluies appartenant à la ville d'Aurillac. Ils serviront dans les prochains jours à recouvrir certaines rues du centre-ville. Une canopée colorée pour tourner la page dans la capitale française du parapluie.