Lundi 27 novembre, l'Union Européenne a renouvelé l'autorisation de l'utilisation du glyphosate pour cinq ans. Dans le département du Cantal, la FNSEA, favorable à cette décision et la Confédération Paysanne, défavorable, réagissent à la nouvelle.
Après plusieurs renvois au cours des dernières semaines, les États membres de l'Union Européenne ont enfin tranché sur le sort du glyphosate lundi 27 novembre. L'utilisation de cette substance controversée a été autorisée pour cinq ans supplémentaires. Le Cantalien Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA et Stéphane Malroux, porte-parole de la Confédération Paysanne du Cantal, expriment leurs opinions concernant cette autorisation.
Réactions divergentes
Pour la FNSEA, cette prise de position de l'Union Européenne n'est pas une surprise : "On prend acte de la décision. On pensait que ça se passerait comme ça", explique Patrick Bénézit. Le premier syndicat agricole de France, favorable au renouvellement du glyphosate, salue cette décision: "Plusieurs de nos exploitants n'ont pas trouvé de moyen plus efficace pour désherber leurs cultures." D'ailleurs, le syndicat souhaite aussi voir le glyphosate disparaître :
Nous ne sommes pas contre une évolution, mais il faut trouver des produits de substitution.
Stéphane Malroux, de la Confédération Paysanne, n'est pas du tout de cet avis: "Pour nous, le glyphosate est un produit qu'on sait dangereux depuis longtemps. Cette autorisation, c'est avant tout une histoire de lobbyisme..." Alors qu'il pensait que la position de l'Union Européenne pourrait enfin changer concernant le glyphosate, cette décision est un coup dur.
Le glyphosate, interdit en France dans trois ans ?
Suite à l'aval des États membres, le président Emmanuel Macron a réagit immédiatement sur son compte Twitter, en assurant pouvoir faire disparaître le glyphosate en France d'ici 3 ans :J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans. #MakeOurPlanetGreatAgain
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 novembre 2017
Le porte-parole de la Confédération Paysanne salue cette proposition, et croit à la fin du glyphosate sur le territoire national dans trois ans :
Autre son de cloche du côté de la FNSEA : "C'est impossible. On ne peut pas demander toujours plus aux agriculteurs. Ils seront désavantagés face aux exportations des autres pays qui autorisent le glyphosate et seront donc moins chers", avance Patrick Bénézit. Ce à quoi Stéphane Malraux répond : "Il faut arrêter de définir notre compétitivité uniquement sur le prix, et arrêter la culture de volume. Ça ne marche plus."Bien sûr, cet objectif est réalisable. Mais il va falloir changer notre façon de voir l'agriculture. Il va falloir miser sur la qualité, et non la quantité.
Quelles solutions pour le futur ?
Quoi qu'il en soit, les deux syndicats sont d'accord sur le fait d'éliminer progressivement le glyphosate. Mais la façon de faire est très différente. Patrick Bénézit propose deux pistes de réflexion:
On peut d'abord sélectionner des variétés de plantes plus résistantes aux mauvaises herbes, ce qui permettra d'améliorer génétiquement les semences.
L'autre solution pourrait être de robotiser le désherbage, mais cela demande du temps: "Il faut trouver la technologie adéquate, qui puisse s'adapter à tous les terrains."
Se pose alors la question du labour, qui relâche du CO2 dans l'atmosphère, et qui va a l'encontre des objectifs de la COP 21. Mais Stéphane Malraux a une solution qu'il applique lui-même dans son exploitation : "Aujourd'hui, on peut faire des semis directs sans labour, avec une première culture qui empêche les mauvaises herbes de pousser. Évidemment, ça demande plus de temps, et l'agriculteur produit moins."
Substance dangereuse ?
Enfin, concernant la dangerosité du glyphosate, toujours difficile à définir tant les études scientifiques divergent les unes des autres, chacun des deux camps avance des arguments en accord avec sa position: "Nous nous réferons à l'avis de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), qui n'a pas classé le glyphosate comme cancérogène avéré ou présumé.", déclare Patrick Bénézit.
"Sur d'autres produits, on applique le principe de précaution. Pourquoi pas avec le glyphosate ?", propose Stéphane Malraux, qui insiste aussi sur la dangerosité des substances mélangées avec ce désherbant. Il reste en tout cas confiant en l'avenir : "On peut passer à une agriculture viable qui ne soit pas dangereuse pour nos agriculteurs, les premiers touchés par les effets du glyphosate."