Mise en place en 2022, l’expérimentation Opti’soins, une unité mobile d’obstétrique se déplaçant dans des communes isolées pour permettre à des femmes enceintes un suivi, a brutalement pris fin cet été. Une décision inexplicable pour des communes où ce camion a été très utile comme à Saint-Martin Cantalès dans le Cantal.
Toutes les semaines, des sages-femmes prenaient la route pour aller à la rencontre de patientes enceintes, dans le Cantal. Le camion Opti’Soins apportait un vrai suivi de grossesse à ces futures mamans, éloignées de toute offre de soins. Des communes comme Saint-Martin-Cantalès accueillaient le camion tous les mois. Mais cet été, le maire a reçu un courrier pour le moins abrupt. Pascal Escure, maire de Saint-Martin-Cantalès, raconte : “On était avec le sénateur et on a reçu un courrier pour nous dire que c’était fini. On nous a dit de ramasser les flyers et les pubs”. Dans cette lettre, le CHU de Clermont-Ferrand indique arrêter l’expérimentation pour “raisons financières”. Pascal Escure poursuit : “Aujourd’hui, c’est normal qu’un bus comme ça ne puisse pas être rentable. Mais si on attend que ce soit rentable dans nos petites communes, autant nous rayer de la carte”.
Une patiente déboussolée
Margaux et Nick ont pu bénéficier du camion pour leur premier enfant. L’émission Les Maternelles de France 2 a même filmé la consultation. “C’est un programme super chouette. C’est une idée de génie” confiait en 2023 Margaux Degrelle. Aujourd’hui elle indique : “Pour une première grossesse, on n’y connaît rien. On n’était pas dans un hôpital où toutes les demi-heures il fallait changer de patient. Les sages-femmes passaient du temps avec moi”. Elle était suivie par Opti’Soins pour sa deuxième grossesse mais tout a été arrêté, sans solution de repli pour le couple. Margaux Degrelle explique : “Il y a une rupture dans mon suivi de grossesse. Du jour au lendemain, j’ai changé de sage-femme. Je n’ai pas pu avoir de cours de préparation”. Des problèmes pour le futur bébé l’ont aussi poussée à effectuer 5 heures de trajet pour aller à Clermont-Ferrand. Le camion aurait pu lui éviter ces voyages. Opti’Soins était financé par le ministère de la Santé et la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce service public au plus proche des territoires ruraux disparaît pour raisons financières. Les déserts médicaux existent toujours.
Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck / France 3 Auvergne