Kamel Daoudi, condamné pour un projet d'attentat terroriste, est assigné à résidence depuis le 15 février à Aurillac, dans le Cantal. Une décision dont le maire, Pierre Mathonier, n'a pas été informé. L'élu, qui ne décolère pas, s'est fendu d'une lettre au ministre à Christophe Castaner.
Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 10 ans, doit depuis le 15 février pointer au commissariat d'Aurillac deux fois par jour. Il loge dans un hôtel de la commune. Il a été condamné en 2005 pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" à six ans de prison, dans le cadre du projet d'attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris en 2001. Algérien naturalisé français en 2001, il est déchu de sa nationalité française en 2002.
Le maire d'Aurillac, Pierre Mathonier, n'a pas été avisé de l'arrivée du plus ancien assigné à résidence de France. Il a simplement reçu un appel de la préfète du Cantal pour l'en informer. Mais rien de la part du ministère de l'Intérieur.
Les Aurillacois inquiets
L'élu PS cantalien s'est donc fendu d'une lettre adressée à Christophe Castaner dans laquelle il ne mâche pas ses mots. Ainsi, il écrit : "Face à une décision d'une telle importance et sur une sujet aussi sensible que le terrorisme, il me semble que le maire de la commune d'accueil aurait pu être consulté". Il ajoute : "Devant le fait accompli et sans aucune information préalable, je dois aujourd'hui gérer une anxiété compréhensible de la population aurillacoise. Cette situation, où je ne peux apporter aucun élément aux Aurillacois sur le contexte et les décisions qui ont prévalu à cette arrivée, est inacceptable et très inconfortable pour le maire que je suis". L'élu poursuit : "Cette décision d'imposer l'accueil de Kamel Daoudi sans concertation avec les élus locaux est de nature à susciter des amalgames malsains, que des groupes extrémistes se complaisent à alimenter ; remettant en cause le travail fait pour obtenir l'assentiment de la population à l'accueil des réfugiés".Pas de réponse à la lettre
Contacté par téléphone, le maire d'Aurillac ne décolère pas. Il précise : "Cette façon de procéder est mal vécue par les élus et les administrés. Il s'agit d'une politique à la hussarde et d'une attitude infantilisante. Je ne comprends pas ce fait du prince". Il indique ne pas avoir reçu de nouvelles du ministre de l'Intérieur depuis l'envoi de la missive, le 19 février dernier.Sur Twitter, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a condamné l'arrivée du terroriste à Aurillac.
Atterrant... La place de ce terroriste étranger n'est pas dans un hôtel à Aurillac mais hors de France !https://t.co/385Bux4wDX
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 24 février 2019