Le jugement de l'influenceur algérien, arrêté vendredi à son domicile à Échirolles, a été renvoyé au mois de mars par le tribunal correctionnel de Grenoble. Il est poursuivi pour "provocation directe à un acte de terrorisme".
L'influenceur algérien "Imad Tintin", interpellé à Échirolles vendredi et placé sous contrôle judiciaire dimanche, comparaissait ce lundi 6 janvier devant le tribunal correctionnel de Grenoble.
"A l'audience de comparution immédiate de ce jour, le mis en cause a demandé un délai pour préparer sa défense", a fait savoir Eric Vaillant, procureur de la République de Grenoble.
Affaire renvoyée au mois de mars
Le tribunal a renvoyé l'affaire au 5 mars prochain et a placé le prévenu en détention provisoire jusqu'à la date de la nouvelle audience. Un supplément d'informations a aussi été ordonné pour permettre l'audition de "Zazou Youcef", un autre influenceur algérien écroué samedi pour avoir appelé à commettre des attentats en France.
Le supplément d'informations ordonné par le tribunal correctionnel de Grenoble concernera aussi l'audition de Chawki Benzehra, opposant algérien réfugié en France après avoir pris part aux manifestations prodémocratiques contre le pouvoir en 2019.
L'homme de 33 ans, qui se définit comme activiste politique, a joué un rôle important dans l'arrestation de l'influenceur isérois. Les vidéos d'"Imad Tintin" et d'autres influenceurs algériens tenant des propos menaçants sur les réseaux sociaux ont été traduites et signalées par Chawki Benzehra.
Le renvoi de l’audience permettra également l’expertise du téléphone portable d'"Imad Tintin". L'influenceur échirollois de 31 ans a été arrêté à son domicile puis "placé en garde à vue pour menaces de mort matérialisées par écrit, image ou autre objet commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion", avait indiqué Eric Vaillant.
Jusqu'à 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende
Les faits qui lui sont reprochés avaient par la suite été requalifiés en "provocation directe à un acte de terrorisme commise au moyen d’un service de communication au public en ligne", avait précisé samedi le procureur lors de la prolongation de sa garde à vue. La peine encourue est de 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende.
Surnommé "Le Bledar de luxe" sur le réseau social TikTok, où il est suivi par plus de 70 000 personnes, le trentenaire avait appelé dans une vidéo devenue virale à "brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne qui s’opposerait au régime algérien".
"Si vous bougez, on va vous brûler ! (...) Je le jure devant Allah, nous allons tous vous violer (...) Ici en France on va vous achever. Personne pourra vous défendre en France. Si je vous retrouve, je vous achèverai", menaçait-il à visage découvert.
Deux autres influenceurs interpellés
Une capture de cette vidéo, vue plus de 800 000 fois, avait été reprise par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dénonçant des propos "ignobles".
🚨Un autre influenceur algérien 🇩🇿 habitant à Grenoble 🇫🇷 appelle à brûler vif, tuer et à violer sur le sol français toute personne qui s’opposerait au régime algérien et exprime sa solidarité avec zazouyoucef arrêté ce matin❗️Il s’agit d’un ex-militaire 🇩🇿 en situation… pic.twitter.com/2o6RsCpX5o
— Chawki Benzehra شوقي بن زهرة (@ChawkiBenzehra) January 3, 2025
L’influenceur isérois avait publié cette vidéo pour manifester son soutien à "Zazou Youcef". Âgé de 25 ans, ce dernier a été interpellé vendredi matin dans un quartier populaire de Brest. Après cette interpellation, l'influenceur isérois avait retiré sa vidéo des réseaux sociaux. Arrivé en France en 2021, l’Algérien fait l’objet d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) depuis mai 2023.
Depuis quelques jours, les vidéos prônant la violence contre les opposants au régime algérien émergent sur les réseaux sociaux. Il s’agit du troisième influenceur qui fait l’objet de poursuites en France après la publication sur les réseaux sociaux de vidéos appelant à commettre des violences.