Depuis juillet 2015, les panneaux publicitaires le long des routes de campagne et aux abords des villes de moins de 10.000 habitants sont interdits. Dans le département rural du Cantal, la suppression de cette pollution visuelle n’est pas sans conséquences sur certains commerces.
Depuis juillet 2015, les pré-enseignes annonçant, par exemple, un hôtel ou un restaurant sont interdites en zone rurale et aux abords des villes de moins de 10.000 habitants. Selon l’arrêté du 23 mars 2015, seuls sont autorisés les panneaux signalant les activités suivantes :
- activités en relation avec la fabrication ou la vente de produits du terroir par des entreprises locales activités culturelles
- monuments historiques, classés ou inscrits, ouverts à la visite
- à titre temporaire, opérations et manifestations exceptionnelles
Si ces mesures visent à réduire la pollution visuelle, elles sont loin de faire l’unanimité, notamment chez les hôteliers qui exercent à la campagne.
Arrêté du 23 mars 2015 fixant certaines prescriptions d’harmonisation des pré-enseignes dérogatoires
Au Rouget, dans le Cantal, Gérard Roussilhe avait installé des pré-enseignes afin d’améliorer la visibilité de son établissement… jusqu’au jour où il reçoit par lettre recommandée un courrier des services de l'Etat le mettant en demeure d'enlever ses deux panneaux publicitaires posés en bordure de la RN 122. A défaut, il devra se soumettre à une astreinte administrative de 200 euros par panneau et par jour. Rapidement le restaurateur s'exécute et tout aussi rapidement les conséquences sur son activité se font sentir.
« Sur la restauration, du jour au lendemain, à partir du moment où on a enlevé les panneaux, on a eu une baisse de 20 couverts par jour à midi, soit 20% de baisse en restauration, essentiellement le midi », déplore l’hôtelier-restaurateur. Et de poursuivre : « Sur l’hôtel, la baisse est de 15 à 18% », indique-t-il tout en soulignant que pendant la période estivale, nombre de de cyclotouristes et motards qui circulent sur la nationale ne s’arrêtent plus.
Il y a des gens qui ont besoin de voir un panneau qui indique un restaurant, un hôtel, un bar
Affaire familiale depuis 1955 l'hôtel des voyageurs illustre les conséquences que peut entrainer l'application de la réglementation sur la suppression des pré-enseignes, plus particulièrement dans les zones rurales. Une situation que les professionnels du secteur de l'hôtellerie restauration condamnent.
« Il faut réinstaller les pré-enseignes. Il faut défendre nos territoires ruraux. Sur toute l’Auvergne, nous avons la même problématique : le long de nos nationales, on a enlevé toutes les pré-enseignes et tout le monde n’est pas connecté au numérique. Il y a des gens qui ont besoin de voir un panneau qui indique un restaurant, un hôtel, un bar », explique Thierry Perbet, Président de l'Union Régionale des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie.
Une proposition de loi
De son côté, le député LR du Cantal Vincent Descoeur a déposé, vendredi 16 mars, une proposition de loi visant à inclure dans le champ des pré-enseignes autorisées « les activités de restauration et d’hôtellerie, les commerces alimentaires et les distributeurs de carburant ».
Selon le député : " Là où cette nouvelle réglementation a été mise en œuvre, elle a eu pour effet de fragiliser les établissements et commerces qui, n’étant plus signalés, se sont vus privés d’une clientèle de passage (jusqu’à 30 à 50 % en moins pour certains hôtels-restaurants en milieu rural). Les outils numériques n’ont pas permis de compenser les pertes de chiffre d’affaires liées à la disparition de cette signalétique".