Georges Pompidou : il y a 50 ans, le député du Cantal était élu président de la République

Lettré devenu homme d'Etat, Georges Pompidou, député du Cantal, dont l'élection il y a 50 ans comme président de la République est célébrée mercredi 19 juin par Emmanuel Macron, tint solidement les commandes du pays qui galopait vers la prospérité et qu'il contribua à moderniser.

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Le 15 juin 1969, Georges Pompidou, député du Cantal et héritier du général de Gaulle est confortablement élu avec 58,2% des voix face au centriste Alain Poher. Atteint d'une grave maladie de sang, il meurt cinq ans plus tard, le 2 avril 1974, et devient le seul président de la Ve République à mourir pendant son mandat.
Son passage à l'Elysée laisse le souvenir d'une embellie économique et sociale sans précédent qui s'achève en 1973 par le choc pétrolier, plongeant la France "dans l'ère des incertitudes", selon l'une de ses propres prédictions, peu avant son décès.

Premier ministre de Charles de Gaulle de 1962 à 1968, une longévité exceptionnelle, ce dernier le décrit dans ses Mémoires comme une personnalité complexe, douée "de la faculté de comprendre et de la tendance à douter, du talent d'exposer et du goût de se taire, du désir de résoudre et de l'art de temporiser".
Physique rond, cigarette vissée aux lèvres, profil bourbonien, demi-sourire constant et regard presque féroce sous la broussaille des sourcils, c'était un esprit fin, un homme discret et efficace, doté d'un grand bon-sens, ennemi de toute grandiloquence.
Né le 5 juillet 1911 à Montboudif (Cantal), Georges Pompidou est petit-fils de paysan et fils d'instituteur. Il devient normalien, agrégé de grammaire, se passionne pour l'art et la poésie (il écrira en 1961 une "Anthologie de la poésie française"). En 1935, il épouse Claude Cahour (1912-2007). Le couple adopte un fils, Alain, devenu médecin spécialisé dans les maladies du sang.

Moderniste conservateur


A la Libération, professeur d'hypokhâgne au lycée Henri-IV, il entre au cabinet de de Gaulle, président du gouvernement provisoire, dont il devient un homme de confiance. Après un passage à la direction de la banque Rothschild, il dirige, en 1958, le cabinet du général jusqu'à son installation à l'Elysée.
En 1962, il est nommé chef du gouvernement. En mai 68, jouant la carte de la modération, c'est lui qui signe les "accords de Grenelle" avec les représentants des grandes centrales syndicales et du patronat.

C'est peu après qu'éclate l'affaire Markovic (ancien garde du corps d'Alain Delon qu'on retrouve assassiné dans une décharge des Yvelines) où sa femme est la cible de fausses rumeurs. Blessé, il reproche à l'Elysée de ne pas l'avoir averti de cette manipulation.
D'Italie, en janvier 1969, il dit être "candidat à une élection à la présidence quand il y en aura une". Cet "appel de Rome" est critiqué par de nombreux gaullistes. Après l'échec du référendum d'avril et le retrait du pouvoir du général, il remporte facilement la présidentielle.
La France entre alors dans un "âge d'or" industriel pendant lequel la croissance annuelle n'est jamais inférieure à 5%. On inaugure un collège par jour, on livre 300.000 logements par an et le chômage touche moins de 400.000 personnes. Il se fait le chantre du développement industriel avec les débuts du TGV, la modernisation du téléphone, la construction d'autoroutes, y compris en centre-ville (voies sur berges à Paris).
Il s'intéresse à tout : l'agriculture, l'aménagement du territoire, l'énergie, l'espace, la construction européenne (qu'il s'efforce de développer) et la culture. Il décide la création au cœur de Paris d'un centre d'art contemporain, qui porte aujourd'hui son nom.
Revers de la médaille, c'est aussi lors de cette décennie que les paysages sont défigurés par les grands ensembles, que l'usage de la voiture explose... Et moderniser le pays n'empêche pas de prôner une morale conservatrice. M. Pompidou maintient l'ordre social (avec la loi anticasseurs, en 1970) et attend de la télévision qu'elle soit "la voix de la France", illustrant pour certains "une volonté de revanche" sur Mai 68.

L'annonce de sa mort, survenue dans son appartement parisien de l'île Saint-Louis, provoque une grande émotion. Jusqu'au bout, il garde secrète cette maladie de Waldenstrom qui déformait son visage depuis des mois.
En août 1972, dans une lettre remise à Edouard Balladur, secrétaire général de la présidence, il laissait ses dernières volontés : "Je veux être enterré à Orvilliers (ndlr: Yvelines, où il possédait une maison). Ni fleurs ni couronnes, ni monument funéraire bien sûr..."
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