A l’image du marché au cadran de Mauriac dans le Cantal, la filière bovins-viande est désorganisée par le coronavirus COVID 19. La Fédération Nationale Bovine demande l’instauration d’un prix minimum.
Au marché au cadran de Mauriac dans le Cantal, la crise du coronavirus COVID 19 a changé les habitudes à compter du 6 avril 2020. Désormais, le marché, rendez-vous hebdomadaire entre les vendeurs et les acheteurs ne se tient plus qu’un lundi sur deux, un seul éleveur est admis pour amener les bêtes et les mesures barrières sont appliquées comme la distanciation des acheteurs autour du ring de présentation alors que certains portent des masques.
"C’est vraiment important de maintenir cette activité et de permettre que les broutards s’écoulent, continuent à partir" explique Michèle Chastant la présidente du marché au cadran de Mauriac.
"Pourtant l’ambiance est pesante, il n’y a plus la convivialité habituelle et les cours ne sont pas tout à fait maintenus" dit un éleveur habitué du marché. Il estime avoir perdu 40 centimes au kilo. Un avis nuancé par l’association qui gère le marché car la destination des bêtes est variable : "Le marché italien est toujours assez présent malgré tout par contre le marché espagnol est catastrophique, peu de clients s’y manifestent, l’ambiance est morose sur l’Espagne" dit Jean-Paul Boyer un marchand de bestiaux aveyronnais, "les autres pays européens restent bon an, mal an sur un minimum d’activité mais avec des gens qui sont sceptiques et qui ont peur".
De nouvelles habitudes de consommation
Depuis le début du confinement, la demande a changé et pèse sur les prix, les pièces nobles sont moins prisées. Pour Pierre Sabut, négociant en bestiaux cantalien : "C’est souvent des pièces qu’on consomme en famille dans des repas un peu importants. C’est vrai que quand on se retrouve un couple dans un appartement confiné on ne va pas consommer nécessairement ces pièces nobles. C’est vrai que s’est embêtant, après on sent que la consommation se rabat beaucoup sur les steaks hachés car c’est facile à faire et à stocker quand on les congèle".Pour un prix minimum
Le prix au kilo est à la baisse : "Dans de très bonnes bêtes c’est 3.50, 3.60 à peu près, d’habitude elles faisaient jusqu’à 4 euros" relève un des participants au marché de Mauriac. Un constat qui a amené la Fédération Nationale Bovine à demander au Ministre de l’Agriculture de "donner aux éleveurs les moyens de continuer à nourrir les Français". En lui rappelant ses déclarations du 18 mars dernier, le cantalien Bruno Dufayet en tant que président national de la FNB a signé une lettre ouverte adressée à Didier Guillaume afin qu’il instaure "dans notre filière pendant toute cette période d’état d’urgence sanitaire, un prix minimum payé aux éleveurs à hauteur de notre coût de production".Ils estiment "qu’en garantissant pendant toute la période l’euro qu’il manque à gagner pour produire" cela "correspondrait à une hausse théorique du prix consommateur de 15 centimes par steak. Une hausse que les distributeurs ou industriels pourraient s’engager à prendre sur leur marge".
Ainsi "ils mèneraient, véritablement, la mission de "service public d'alimentation" qu'il revendiquent auprès des citoyens, dans le contexte de crise que nous traversons ! " conclut la fédération Nationale Bovine.
Pour Patrick Benezit, secrétaire adjoint de la FNSEA, lui aussi éleveur dans le Cantal, "On est très dubitatifs, certains utilisent la situation et pas qu’en viande bovine, la filière ovine aussi est touchée à quelques jours de Pâques", les intermédiaires ne joueraient pas cartes sur table sur les pièces demandées par les consommateurs. "On n’est pas dans un marché normal, c’est pour cela que l’on demande des dispositions particulières".