La pandémie du Covid a multiplié le nombre de patients ayant perdu le goût et/ou l'odorat de manière durable. Au CHU de Poitiers, des consultations sont proposées pour tenter de retrouver ces sensations dont la privation est très handicapante au quotidien.
On se souvient que la perte du goût, de l’odorat ou les deux faisaient partie des nombreux symptômes du Covid-19. Depuis la pandémie, le nombre de ces pathologies a explosé et les patients doivent se livrer à une véritable rééducation pour retrouver leurs facultés.
Ça se traduit par ne pas savoir si ça sent bon chez moi, si je sens bon, si c’est brûlé quand je cuisine.
SarahPatiente du Covid ayant perdu le goût
Sarah a eu le Covid en décembre 2022 et après plusieurs mois, elle s’est rendu compte qu’elle ne sentait plus. Son médecin généraliste lui a prescrit radio et IRM avant de l’adresser au CHU de Poitiers. Voilà ce que Sarah nous a confié : "Ce handicap, on en parle que depuis le Covid et au quotidien, ça se traduit par ne pas savoir si ça sent bon chez moi, si je sens bon et ne pas savoir si c’est brûlé quand je cuisine. Et aussi, j’aime bien aller au bord de la mer, je ne sens plus rien, il y a plein de choses du quotidien qui manquent énormément. Le goût, je ne l’ai pas perdu et j’ose à peine imaginer ceux qui ont perdu et le goût et l’odorat, le plaisir de manger n’est plus là."
Ce jour-là, Sarah suit sa première consultation. Des tests sont effectués pour déterminer le traitement le plus adapté, comme l’explique le Docteur Florent Carsuzaa, praticien hospitalier ORL au CHU de Poitiers : "Ce test sert à mesurer l’odorat et d’aller voir si le patient a plutôt un problème sur le transport des odeurs, ou bien sur la représentation mentale des odeurs. Avec ce test, on peut mieux cibler la rééducation olfactive."
L’intérêt de venir en séance, c’est que le patient va être guidé pour faire des exercices qu’il ne pourrait pas faire tout seul chez lui.
Louise DuretOrthophoniste au CHU de Poitiers
Cette thérapie est assez lourde puisque les patients doivent venir une fois par semaine en consultation pendant au moins douze semaines et faire également des exercices chez eux. Louise Duret est orthophoniste au CHU de Poitiers : "Notre rôle va être d’aider les patients à réactiver les souvenirs et à travailler sur ce qu’ils peuvent utiliser sur le plan neurologique. Il y a besoin que le patient s’entraîne chez lui à flairer des odeurs pour travailler la détection et le travail d’imagerie mentale est fait, ici, en séance. L’intérêt de venir en séance, c’est que le patient va être guidé pour faire des exercices qu’il ne pourrait pas faire tout seul chez lui."
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Certains patients comme Sarah ont perdu le goût, d’autres l’odorat ou les deux. Le Docteur Florent Carsuzaa précise la différence entre les deux sens : "Il faut distinguer le goût et l’odorat. Le goût, c’est uniquement la distinction entre le sucré et le salé, l’acide et l’amer grâce aux papilles que l’on a au niveau de la langue. Tout le reste, c’est de l’odorat. Arriver à distinguer une viande d’un poisson, c’est de l’odorat, la banane du chocolat, c’est également de l’odorat."
On estime que la perte de l'odorat et du goût est un des symptômes ressentis par 30 à 60% des personnes atteintes par le Covid-19.