Municipales 2020. "Il n'y a plus aucun respect" : à Trizac (Cantal), madame le maire a décidé de jeter l'éponge

Un  mandat et puis s’en va ! Pour Alice Malga, 78 ans, maire sortante (sans étiquette) de Trizac (Cantal), ces 6 dernières années n’auront pas été de tout repos. Loin s’en faut. Selon ses dires, le projet éolien a notamment «semé la zizanie dans tout le village ! ». Malgré elle.
 

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A Trizac (Cantal), quand il s’agit de trouver madame le maire, il n’y a rien de plus simple. Il suffit de traverser la rue. Soit d’un côté de la mairie, soit de l’autre. Sa maison se trouve juste en face de l’hôtel de ville. La proximité entre vie publique et vie privée ne peut pas être plus étroite. Les yeux vers le ciel, Alice Malga tord le nez : « Le problème, c’est qu’il y en a qui en profite pour taper au carreau ou à la porte, à n’importe quelle heure. Et quand on est retraité, on est à la merci de ses administrés. Il n’y a pas d’heure et c’est un des problèmes ! ». Des problèmes ? Mais quels problèmes ? En surface, tout semble ici être au mieux dans le meilleur des mondes ruraux.

Miracle ou mirage ? Trizac est un village en vie


Quel village de 520 habitants du Cantal (et d’ailleurs) peut se targuer d’avoir une école, une agence postale qui « fait aussi office de tourisme » et des commerces de proximité comme s’il en pleuvait  (une boulangerie, une boucherie-charcuterie, une pharmacie, une librairie/presse, un salon de coiffure, une épicerie, des bars et restaurants) ? On se le demande. A l’heure où les campagnes ne cessent de se vider à vue d’œil, cela tient du miracle. Sourire en coin, Alice Malga, savoure sa petite victoire : « En 2014, quand j’ai été élue, mon souhait de maire était le maintien du tissu commercial. L’accueil réservé aux nouveaux venus a été primordial. Avec mon équipe, on y est arrivés. Il faut bien se faire des compliments quand même ! ». Elle et son équipe en ont bien besoin on dirait. Hum…à suivre. Huit longues années que Trizac attendait aussi le retour d’un médecin depuis le départ « en catastrophe », selon l’élue, « d’un médecin roumain ». Et voilà qu’un praticien (qui semblerait avoir atteint sa cote d’usure sur la Côte d’Azur) trouve ici une place loin de toute cette agitation vaine. Son cabinet l’attend dès le mois d’avril en face du…« Garage ».     
                                                                       

Eoliennes et vents contraires



L’ancien garage de Trizac justement, parlons-en. Garons-nous ici deux minutes. Cela vaut le créneau. Car le garage est devenu restaurant, seule la station-service a survécu au virage à angle droit pris par la fille du garagiste, Dominique Peythieu. Ses pieds nus dans ses sandales d’été, au cœur de l’hiver, trahissent peut-être un tempérament de feu. Son carburant à elle, c’est l’anti-éolien. Comme d’autres, la patronne du restaurant est vent debout contre le projet d’un parc de douze éoliennes sur les hauteurs de Trizac qui, selon elle, « va dessiner un paysage industriel, là où la nature a jusqu’ici était préservée. Je vous l’avais dit Alice hein ! la boîte à calottes, c’est pour vous !", se souvient-elle, avant de reconnaître: « Elle en a bavé et je l’ai un petit peu embêté mais ce n’est pas grave, il faut bien hein ! Et on n’en dira pas plus ». Mouais…. Long. Très long silence même. Madame le maire le rompt, du bout des lèvres, droit dans les yeux: « c’est l’o-mer-ta ».

Manifestement voilà le sujet qui fâche et l’on comprend qu’il a dû peser bien lourd sur les épaules de l’élue. L’éolien, voilà donc LE problème. Dans les rues du bourg, Alice Malga martèle: « Depuis 3 ans, ce projet sème la zizanie dans le pays. C’est un projet privé sur des terrains privés, les agriculteurs veulent des éoliennes, peut-être pour des revenus supplémentaires. La commune ne peut pas non plus s’en priver. Mais c’est la préfecture qui gère tout ça et ce n’est pas moi ! J’ai eu du mal à le faire comprendre ».

Une élue "vaccinée"


André Mercier, son premier adjoint continuera à défendre ce projet face à une autre liste d’opposition. Tous les vents contraires ne le freinent pas pour autant : « Il faut y aller, c’est la seule façon de sortir la tête de l’eau ». Quitte à essuyer des tempêtes plein la figure ? A la vitesse d’un courant d’air, Alice Malga lui souffle la réponse: « Il a été habitué avec moi ! ». Celle qui aura passé vingt-deux années à la mairie, dont ces six dernières années avec l’écharpe tricolore en bandoulière nous décrit l’envers du décor, de ce village où jusqu’ici, rappelons-nous, tout semblait être au mieux dans le meilleur des mondes ruraux: « Les gens sont de plus en plus exigeants, ils ne veulent pas dialoguer, ils sont de plus en plus agressifs, la calomnie règne et l’agressivité est difficile à vivre. Il n’y a plus aucun respect ni pour la fonction, ni pour l’âge. Cela m'a vaccinée ». Réflexion faite, des vents soufflaient donc bien ce jour-là. Mais étrangement aucun brin d’air ne venait pourtant balayer Trizac. Preuve que, quand ils sont là, les vents, on finit toujours, tôt ou tard, par les entendre mais on ne les voit jamais arriver, les vents.
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