Dans le Cantal, le débat d'implantation d'une carrière dans la narse de Nouvialle, une zone humide classée Natura 2000, fait polémique. Selon les études du sous-sol, ce serait la plus grande réserve européenne de diatomite, un minerai très convoité.
C'est l'une des plus grandes zones humides d'Auvergne, classée Natura 2000 : la narse de Nouvialle, dans le Cantal. Elle compte 400 hectares et demeure au cœur d'un projet qui fait débat depuis 1995, celui de l'implantation d'une carrière d'un minerai rare. Jean-Pierre Teulade, membre du Collectif pour la Narse de Nouvialle, explique : « On va faire un trou, qui va amener de la poussière, des camions, une pollution pas possible, qui va tout détruire, à tous les niveaux. Ca va être une horreur par rapport au paysage que c’est, qui est très apaisant et très beau. Pour tous les oiseaux, la faune et la flore, qui sont présents ici, c’est fini ».
L'exploitation de la diatomite
Si cette zone humide intéresse autant, c'est parce que son sol est riche en diatomite, une micro-algue fossilisée, utilisée comme agent filtrant en agro-alimentaire et dans l'industrie pharmaceutique. Une substance d'intérêt national. En France, seules deux entreprises produisent de la diatomite. Toutes les deux sont dans le Cantal, pour l'instant sur une carrière, où une partie arrive en fin d'exploitation. Il s’agit de celle de l'entreprise Imérys qui a déjà acheté 65 hectares sur la narse de Nouvialle. Sandrine Peraud-Degez, directrice des opérations Imérys France, souligne : « C’est la seule zone exploitable, d’un point de vue rationnel, en Europe. Sur 10 hectares de surface ouverte, il y a à peu près 40 m de diatomite à aller chercher sur la zone du projet. Notre objectif est d’exploiter de manière raisonnée, rationnelle et dans le respect de l’environnement ».
Un collectif opposé au projet
Depuis 1995, le Collectif pour la Narse de Nouvialle milite pour l'abandon de ce projet car cette zone humide, réserve d'eau et puit de carbone est aussi une réserve de biodiversité. Près de 100 espèces y sont protégées. Anthony Marque, membre du Collectif pour la Narse de Nouvialle, précise : « On peut en citer deux qui sont un peu emblématiques : il y a la loutre et le courlis cendré, qui est la dernière population du Cantal qui se trouve sur la narse de Nouvialle et sur la Planèze. C’est véritablement schizophrène de vouloir ouvrir une carrière ici et de vouloir détruire cela. Ces espèces font l’objet d’un programme national d’action qui est porté par l’Etat ». Il ajoute : « Au final c’est l’intégralité de la zone humide qui sera détruite. Pour les oiseaux, l’Auvergne et la Planèze représentent un couloir migratoire entre le nord-est et l’Afrique. On a énormément d’espèces protégées qui passent par cette zone-là. Elles trouvent au printemps ou à l’automne, quand la zone est en eau, un lieu de repos et très important pour la chaîne de la vie de faune ». Pour l'heure, l'ouverture de la carrière n'est pas programmée mais déjà les voix d'accès sont à l'étude. Elles pourraient sacrifier 8 hectares de terres agricoles supplémentaires.