C'est une des conséquences de plus de l'épidémie de coronavirus COVID 19, les ventes de lentilles blondes de Saint-Flour dans le Cantal se sont effondrées depuis la mi-mars. Les producteurs de cette petite filière locale commencent à s'inquiéter.
En raison de l’épidémie de coronavirus COVID 19, de nombreuses sociétés enregistrent une baisse de leur chiffre d’affaires. Depuis le début du confinement, la commercialisation des lentilles blondes de Saint-Flour, dans le Cantal, a littéralement chuté. En cause, la fermeture des restaurants, des grossistes et des lieux de restauration collective, principaux acheteurs. "Nous enregistrons une baisse de 70% de nos ventes" déplore Serge Ramadier, directeur de la société qui commercialise les lentilles blondes de Saint-Flour. Puis il ajoute : "Nous essayons de chercher d’autres marchés mais ce n’est pas simple. L’avantage que nous avons c’est que la lentille est un légume sec. Nous pouvons donc stocker la production".
@cantalauvergne Du côté de Saint-Flour, ils préfèrent les blondes !! Les semis ont débuté sur la Planéze. Une 40aine de prod, 60T de lentilles récoltées. Mais une grande morosité : depuis le début du confinement, les ventes se sont effondrées de 70% @F3Auvergne pic.twitter.com/YEmyPKEBR4
— Laetitia Théodore (@laetitiatheo19) April 17, 2020
Après la sécheresse, le COVID 19 est un nouveau coup dur
En 2019, la quarantaine de producteurs de lentilles blondes localisés dans le secteur de la Planèze avait déjà vécu une année difficile. Avec la sécheresse, les rendements étaient plus faibles. "L’an dernier, j’ai produit 991 kilos de lentilles brutes sur mes 2 hectares. Ce n’est même pas la moitié du rendement normal" explique Fabien Meyniel, producteur sur la commune de Talizat. Pour comparatif, il ajoute : "Normalement pour 1 hectare de terrain on obtient plus d’1 tonne de lentilles en poids net". Comme lui, Henri Cairon qui produit de 2 hectares de lentilles à Neuvéglise-sur-Truyère n’a pas obtenu le rendement traditionnel : "Avec la sécheresse et la grêle, la floraison n’as pas été optimale. Ma production a été divisée par deux".En ce moment, les producteurs sèment pour récolter à l’automne. Ceux qui travaillent avec la société des Lentilles Blondes de Saint-Flour perçoivent 50% du prix à la livraison et les 50% restant au mois d’avril. Le directeur, Serge Ramadier précise : "En ce moment, il faut qu’on règle nos producteurs. Tout le monde attend après son argent. Ce qui est normal. Donc évidemment quand on n'a pas de débouchés et bien on a un décalage en trésorerie. Commercialement, c’est compliqué et donc économiquement, aussi, forcément".
De son côté, Henri Cairon précise : "Les délais de paiement seront peut-être échelonnés, mais je ne suis pas trop inquiet, heureusement comme beaucoup de producteurs de lentilles, ce n'est pas ma seule production. Je suis beaucoup plus préoccupé par la vente de mon lait". Puis il conclut en disant : "Nous allons sortir de cette période économiquement difficile et puis les consommateurs je l’espère vont changer leurs habitudes et penser à nous".
Une reconnaissance AOP reportée à cause du COVID 19
Depuis deux ans, les producteurs de lentilles blondes avec l’aide la Chambre d’Agriculture œuvrent pour obtenir d'une Appellation d'origine protégée (AOP). Un dossier a été officiellement déposé, fin 2019, auprès de l’Institut National des Appellations d’Origine (INAO). "Une commission devait venir le 8 et le 9 avril. Pour l’instant nous n’avons pas de nouvelle date. Mais ce n’est pas pour demain. Le décalage sera conséquent. Ce ne sera pas avant l’automne voire plus tard" regrette Serge Ramadier.Dans les années 50, la lentille blonde était très cultivée. Au fil du temps sa culture s’était raréfiée en raison de la diversification des productions, l’exode vers les villes et le fait que ce légume se ramasse à la main. Elle avait totalement disparue à la fin des années 70. Il a fallu attendre 1997 pour voir son grand retour. Il a été impulsé par le maire de Saint-Flour, Pierre Jarlier, qui a évoqué cette lentille avec nostalgie et a fait le pari de relancer la production.
Les 40 producteurs espèrent tous obtenir l’AOP. Serge Ramadier conclut en disant : "Cette AOP serait une belle reconnaissance pour la lentille, pour la protection du nom mais aussi pour le travail des producteurs".