Accusé d'agressions sexuelles sur 4 mineurs, un prêtre du Cantal a été mis en examen et placé en détention préventive vendredi 16 septembre. L'évêque de Saint-Flour, Monseigneur Bruno Grua, revient sur les circonstances de l'affaire qui bouleverse son diocèse. Il demande justice
L'affaire a choqué les paroissiens de Massiac ! Un prêtre qui officiait dans la paroisse de cette commune du Cantal a été mis en examen et placé en détention préventive vendredi 16 septembre. Il est accusé d'agressions sexuelles sur quatre mineurs d'une même fratrie. L'évêque de Saint-Flour Bruno Grua, revient sur les circonstances de la révélation de cette affaire.
Un enfant s'est mis à pleurer ..
"Je l’ai appris le 3 septembre dans l’après-midi, je remontais d’une réunion que j’avais à Montpellier la veille. Le curé qui a succédé au prêtre en cause m’a alerté parce que, la veille, il avait présenté la lettre du Pape François, "Lettre au peuple de Dieu" dans sa paroisse, comme j’y avais invité les prêtres du diocèse à le faire ..et un enfant s’est mis à pleurer . Le père était dans l’assemblée donc à la fin de la célébration le curé les a rassemblés et c’est de là que sont parties les révélations sont parties".
Question : qu’est-ce que vous avez ressenti à ce moment-là ? Monseigneur Bruno Grua : "Difficile de répondre..à la fois j’ai pensé aux victimes bien évidemment, à cet enfant qui s’est mis à pleurer , à ses frères et sœurs qui ont parlé ensuite, c’est une famille que je connais ..J’ai pensé au diocèse, à l’épreuve que nous allions traverser, j’ai pensé aussi à ce prêtre …On ne fait pas dans ces moments là, une analyse froide et rationnelle, on réagit avec son coeur ".
Question : quel a été votre premier réflexe ?
Monseigneur Bruno Grua : "Mon premier réflexe a été de demander conseil au niveau national ...voilà et puis ensuite bien évidemment le lendemain matin j’ai informé le Procureur de la République."
Le prêtre avait un antécédent..
Monseigneur Bruno Grua : "Alors il y avait des soupçons, il y avait des rumeurs ..oui c’est vrai mais qui n’étaient pas suffisamment précises pour que la justice ait pu conclure. L’année dernière, y avait eu des rumeurs qui m’avaient déjà amené à aller voir le Procureur que j’avais informé …à qui j’avais remis les rares documents dont je disposais et une enquête avait été ouverte. Elle ne permettait pas de trouver des éléments suffisants pour prendre quelques mesures que ce soit."
Question : ces documents ..c'étaient des lettres de dénonciation ?
Monseigneur Grua : "Pas « des » lettres Il a été écrit qu’il y avait des lettres Il y a eu « une » lettre Et une lettre qui ne concernait pas un mineur mais un majeur et pour des faits prescrits."
Un diocèse bouleversé
Question : est-ce que vous avez tenté de prendre contact avec les parents des enfants ?
Monseigneur Grua : "Non, je n’ai pas tenté de prendre contact avec les parents, ... j’aurai souhaité leur demander pardon, les apaiser, mais on m’a fait comprendre que ce serait maladroit et que cela pouvait être perçu comme une tentative d’interférence sur l’enquête en cours. Donc je n’ai pas bougé et à cette heure-ci, je n’ai eu aucun contact avec eux depuis les événements."
Question : ce n’est pas la première affaire de ce type. Est-ce que cela ne suscite pas chez vous une réflexion plus large, plus profonde ?
Monseigneur Grua : "Bien sûr, bien sûr ! Le Pape François a dénoncé le cléricalisme, c’est-à-dire l’incapacité que nous avons, peut-être à nous dire les choses avec clarté parce que ..on a mis, c’est l’histoire, les prêtres sur une sorte de piédestal et que du coup toute parole devient quasi sacrilège. Donc ça devient très difficile..."