En France, l'instruction est obligatoire pour tous les enfants. Les parents peuvent choisir de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire, ou d'assurer eux-mêmes cette instruction, choix fait par certaines familles aux confins du Puy-de-Dôme et du Cantal. Ils nous expliquent pourquoi.

À Labessette, aux confins du Puy-de-Dôme et du Cantal, la salle à manger des Stevenson s'est transformée en salle de classe. Cadyn et Rosaline vont étudier les sciences naturelles ce matin et c'est Rebekah, la maman, qui annonce le programme. "On va réviser ce qu'on a vu la dernière fois : les arthropodes," leur énonce-t-elle, dans un léger accent américain.

À la maison, Rosaline et Cadyn abordent les mêmes matières qu'à l'école. Ici l'ambiance est plus détendue et surtout, ils peuvent aller à leur rythme. "Si j'ai envie, je peux me dépêcher et finir avant. Je peux finir quand je veux !" confie Rosaline, la plus âgée.

Cela fait deux ans que ces Américains, installés dans la campagne puydômoise à Labessette, ont opté pour cette liberté. L'instruction dans la famille leur permet d'organiser les temps de classe et d'activité comme ils le souhaitent. "Avec l'école à la maison, je peux connaître ses besoins et passer plus de temps avec lui. Soit les maths, soit la lecture en anglais... je peux cibler," explique la mère de famille.


Pas en classe d'école, pas isolés non plus

Les Stevenson ne sont pas un cas unique dans les environs. Alors pour ne pas isoler les enfants, plusieurs familles prévoient des temps en commun chaque semaine. Ce vendredi-là, Rosaline et Cadyn passent la Dordogne et retrouvent les Brabant à Bort-les-Orgues (Corrèze).

"On a un réseau qu'on a construit au fil des mois et on a un groupe WhatsApp en commun avec une quinzaine de familles, explique Noémie Brabant, la maman de la famille corrézienne. Dès qu'une famille a envie de partager une activité, elle y annonce le lieu, la date et l'heure et demande « qui vient ? »".

Pour cette fois, les Brabant et les Stevenson se rendent à la piscine municipale, mais ces sorties pédagogiques peuvent aussi bien être organisées chez des maraîchers ou au centre équestre. Dans cette éducation à la carte, il n'y a presque aucune limite.
 

École à la carte

Mais tous les enfants ne se font pas à l'instruction en famille. Chez les Brabant, on peut même dire qu'il y a deux écoles : Pernelle a demandé à poursuivre le cursus normal. "Je préfère quand on fait tous la même chose," assure la jeune fille. Sa sœur Pia, elle, préfère les cours à la maison. "Comme ça je peux choisir sur quoi j'ai envie de travailler", lance-t-elle.

Pour les parents, entre les enfants à emmener à l'école, les cours à faire aux autres, et les sorties à organiser, c'est quasiment un travail à plein temps. "On a pris un virage assez radical : on s'est installés à la campagne pour qu'ils grandissent en étant connectés à l'environnement où ils vivent, qu'ils connaissent les spécificités du territoire, souligne Noémie Brabant. C'est un quotidien : la journée gravite autour des enfants, ce qu'on va leur faire découvrir."
 

Une école autogérée

Pour alléger leur emploi du temps, plusieurs parents tentent de relancer l'Aventurine, une école parentale associative. Les parents d'élèves pourront alors se relayer aux côtés d'un professionnel pour encadrer les enfants et mettre en pratique des pédagogies alternatives comme celle de Montessori ou de Steiner-Waldorf.

"Notre but, c'est que l'enfant aille chercher ce dont il a besoin pour apprendre, il n'est pas dans une méthode pour apprendre, affirme Anne Meunier, éducatrice à Cros (Puy-de-Dôme). Si on lui présente un atelier et qu'il ne s'y intéresse pas, on laisse tomber ou on peu y revenir plus tard. Il y a plein d'ateliers et l'important, c'est que l'enfant se sente bien !"

Plus de liberté, plus d'autonomie, plus de souplesse aussi dans le rythme d'apprentissage. Une approche qui pourrait convenir à des enfants atteints de maladies chroniques. "Nous avons mis notre enfant dans cette école car il y a un accueil individualisé qui respecte son handicap, ses besoins, révèle Diane Giraud, une autre maman qui fréquente l'association. En ce moment, je suis en train de lutter avec ma plus grande pour le transport scolaire car on me dit que son diabète peut tout chambouler. Je sais que si j'inscris mes enfants dans une école alternative, où on se connaît tous, elle sera bien mieux prise en charge."

Reste pour ces familles à s'organiser et à réunir suffisamment d'enfants et de parents pour pouvoir rouvrir les portes de cette école associative. Elles espèrent pouvoir faire leur rentrée 2019 avant la fin de l'année.

 
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