C'est la première fois au monde, que la "neurostimulation vagale" est appliquée aux maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. L'expérimentation en est encore au pur stade clinique et il lui faudra parcourir bien des étapes encore d'avant d'être validée. Le traitement s'annonce prometteur.
Reportage. Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin sont douloureuses et handicapantes, avec diarrhées, maux de ventre, fatigue. Une personne sur 1000 en France est touchée. Ces symptômes traduisent des lésions dans le tube digestif avec différentes pathologies: colite, rectolite et maladie de Crohn.Manuel souffre de la maladie de Crohn depuis l'âge de 21 ans. C'est le tout premier patient à tester la neurostimulation vagale. Depuis bientôt trois ans, il ne prend plus de médicaments et la pathologie est en rémission.
La technique qui semble l'avoir soigné est bien rodée: une électrode, reliée à un stimulateur électrique, est implantée au niveau du cou, sur le nerf vagal qui joue un grand rôle pour la régulation du coeur, mais aussi, de la digestion.
Cette neurostimulation est déjà utilisée depuis des années pour traiter la maladie de Parkinson ou l'épilepsie. En ce qui concerne les maladies inflammatoires de l'intestin, elle n'en est encore qu'à la phase des essais cliniques dans une étude pilotée par une dizaine de médecins et chercheurs du CHU de Grenoble. L'espoir: éviter les médicaments pour éviter leurs effets secondaires. L'action anti-inflammatoire s'accompagne souvent d'une baisse des défenses immunitaires.
Comme Manuel, huit patients expérimentent le traitement, accompagné d'une batterie d'examens, à commencer par des électrocardiogrammes. Ils confirment l'importance du nerf vagal et du stress dans ces maladies.
La neurostimulation vagale pourrait révolutionner la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Mais il faudra encore plusieurs années avant que soit validée, ou non, le traitement de routine.
Reportage de Xavier Schmitt, Antoine Marnas & François Hubaud
Intervenants : Dominique Hoffmann, neurochirurgien; Manuel Marques-Duarte, patient; Bruno Bonaz, gastro-entérologue; Sonia Pélissier, chercheur en neurosciences