Comment parler des attentats de Paris à ses enfants ?

Trois jours après les attentats, les enfants se sont retrouvés à l'école lundi matin. Inévitablement, ils ont partagé dans la cour de récréation ce qu'ils ont vu et entendu ce week-end... Une parole nécessaire. Pour la pédopsychiatre Sabine Turbé, les parents doivent communiquer avec leurs enfants.

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Sabine Turbé, pédopsychiatre CHU de Clermont, était l'invité du 12/13 de France 3 Auvergne lundi. Interrogée par Jérôme Doumeng, elle conseille de privilégier le dialogue au sein de la famille. Selon elle, les enfants "auront déjà vécu et entendu ce qu'ont dit leurs parents pendant le week-end, ce que eux-mêmes auront peut-être vu directement aussi. Et puis tout ce qui se sera passé dans la journée d'aujourd'hui, ce qui aura été dit... C'est important d'avoir un dialogue autour de tout ça évidemment, quelque soit ce que pensent et ce que ressentent les parents, d'être ouvert et discuter avec les enfants, et répondre à leurs questions inévitables"

Jérôme Doumeng : On a souvent tendance à dire que les enfants sont des éponges. En plus des images qu'ils auront perçu, des mots qu'ils auront entendu, ils auront eu affaire aussi à l'angoisse des parents?
Sabine Turbé : "Les enfants ont perçu l'émotion, l'angoisse, tout ce que ressentent les adultes en ce moment... chacun étant touché de façon plus ou moins proche évidement. Il est important que les adultes soient à l'aise, au clair avec leurs émotions, n'aient pas peur de les manifester. Il faut mettre des mots, il faut dire ce qu'on ressent, les enfants ne sont pas bêtes... c'est quand on cache que ça devient plus compliqué! Tout ce qui est traumatique, c'est un défaut de sens, donc il faut essayer de parler, de mettre un peu de sens dans ce qui est si insensé."

J. D. : Quelle limite ne pas franchir dans ce qu'il faut dire et montrer aux enfants ?
S. T. : "C'est compliqué, il y a aussi des chose quoi auront échappé aux adultes, notamment les grands enfants, les adolescents ont vu des images en direct. Il n'y a pas que la télévision! Sur internet il n'y a plus le filtre de l'adulte pour percevoir ça... Ce qu'il faut c'est pouvoir en parler, pouvoir dire ce qu'on ressent, écouter ce qu'eux ressentent, même si ce n'est pas la même chose que nous... Répondre à des questions. La question de la mort, de la guerre, n'est pas la même pour un enfant de 4 ans que pour un adolescent... Je crois qu'il faut d'abord entendre les questions qui vont se poser pour savoir quels mots utiliser. Pas de discours plaqué, pas de discours obligatoire non plus, parce que sinon on passe a coté parfois du ressenti de l'enfant."

J. D. : Contrairement à Charlie Hebdo, où les frappes étaient ciblées, cet événement fait que tout le monde est concerné ?
S. T. "C'est pas seulement des journalistes ou des gens qui ont une opinion, c'est tout un chacun qui est attaqué, les familles des enfants, le monde de l'art, toute la société qui est attaquée donc on peut s'attendre à des réactions bien différentes et beaucoup plus individuelles."

Sabine Turbé, pédopsychiatre CHU de Clermont, était l'invité de 12/13 de France 3 Auvergne lundi. Elle répondait aux questions de Jérôme Doumeng. ©France 3 Auvergne



La presse pour enfants consacre des numéros spéciaux aux attentats
Le petit quotidien (6-10 ans), Mon quotidien (10-14 ans) et L'Actu (14-17 ans) mettent gratuitement en ligne des numéros spéciaux afin d'expliquer les attentats aux enfants et adolescents, en fonction de leur âge.

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