C’est seulement le 2 juin que le gouvernement devrait prendre une décision sur l’ouverture des colonies de vacances, En Auvergne, les directeurs d’établissements préparent la saison, en pleine tourmente. Ils étudient la mise en place d'un protocole sanitaire.
C’est une question qui concerne plus d'un million de familles en France : les colonies de vacances seront-elles ouvertes durant l'été ? Fermées depuis le 14 mars, elles observeront de près le choix du gouvernement le 2 juin prochain. En attendant elles se préparent en mettant en place de nouveaux dispositifs sanitaires. Damien Dechaud, est le gérant de Djuringa. Sa structure, dont le siège est basé à Oullins près de Lyon dans le Rhône, gère notamment deux colonies de vacances en Haute-Loire à Retournac et à Yssingeaux. Il se veut prudent : « On n’a toujours pas le protocole à appliquer pour les colonies de vacances cet été. A priori on sera informés le 2 ou le 3 juin. On ne sait pas ce que l’on devra mettre en place pour les colonies d’été. Actuellement, on réfléchit déjà à un protocole, en prenant modèle sur ce qui est appliqué dans les écoles. Ce protocole n’est pas applicable dans un centre de vacances. On a les enfants 24 heures sur 24, la distanciation sociale est difficile à appliquer. On attend un protocole un peu allégé pour cet été ».
Des structures qui annulent leur réservation
Depuis plusieurs semaines, des annulations ont été enregistrées. Damien Dechaud explique : « On a beaucoup de collectivités, de mairies, de comités d’entreprises qui commencent à annuler parce qu’ils ne peuvent pas attendre. On a aussi très peu de ventes de la part des familles car elles sont aussi dans l’attente. Mais organiser l’été en un mois ça va être très compliqué ». Pour toute inscription après le 20 mars, le remboursement de l’inscription est garanti en cas d’annulation. Pour le moment, tout le personnel des centres de vacances est à l’arrêt. Au niveau administratif, il y a environ 30 % d’activité.Le gérant de Djuringa, qui emploie 650 personnes en juillet et en août, veut maintenir l’ouverture de ses centres cet été. Il indique : « On espère ouvrir cet été car on a des familles qui comptent sur nous. Ca va dépendre du protocole qui nous est imposé. On voudrait faire de la colonie et pas de la garderie, il faut aussi que les enfants y trouvent du plaisir. Pour l’instant cela semble compliqué. Je pense que l’on est plus qu’un tiers d’organisateurs à proposer des séjours cet été, en France et à l’étranger. Il faut un minimum de rentabilité pour ouvrir un centre. Et le protocole sanitaire va occasionner des frais supplémentaires, notamment pour la restauration et le ménage, environ 25 % en plus ». Le gestionnaire compte 14 centres en France et a d’ores et déjà prévu de fermer 5 centres cet été et de regrouper son activité.Faire de la colonie et pas de la garderie
Des séjours revus et corrigés
Même son de cloche auprès d’un autre gestionnaire du Cantal. Sébastien Veyrieres est directeur général des services Pep du Cantal. Il souligne : « La saison s’annonce difficile. On sait qu’il y a des besoins. La difficulté va être de répondre à la législation et aux préconisations des gestes barrière. On est encore dans le flou car on n’a pas le cahier des charges proposé par le ministère de l’Education et de la Jeunesse ». Avec ses équipes, il planche sur l’accueil des enfants. Il précise : « On est en train de prévoir des modifications pour adapter les séjours. On avait prévu beaucoup de séjours de 12 jours mais on va les diminuer et les ramener à une semaine. On a divisé par deux nos capacités d’accueil. Par exemple, sur un centre on ne va accueillir que 40 enfants. On est partis sur un taux d’encadrement d’un animateur pour 5 enfants et sur un élargissement des horaires. Le ménage va aussi être doublé, donc il faudra du personnel. On réfléchit sur un double service de restauration. Des activités qui coûtent très cher ne pourront pas être proposées. On est capable d’accueillir des enfants, d’appliquer des gestes barrière, mais à quel prix ? Un séjour de 7 jours coûtera le prix d’un séjour de 12 jours. Cela fera la semaine à près de 700 euros. Qui va être capable de payer ce genre de séjours. Y aura-t-il des aides ministérielles ou de la CAF ? ».Le problème du transport
La Pep du Cantal possède 3 centres en Auvergne et 1en Charentes-Maritimes. Le transport est aussi un véritable casse-tête pour le gestionnaire : « Le transport pose problème. On accueille beaucoup d’enfants de la région parisienne. Un car de 60 places ne pourra transporter que 30 enfants afin de respecter les gestes barrière. Le coût sera doublé. On étudie un transport le plus protégé possible ».Sébastien Veyrieres espère que les décisions gouvernementales seront applicables et que la saison des colonies pourra être maintenue. Il affirme : « On a des valeurs de solidarité et on veut répondre aux besoins des enfants et des familles. On veut tout faire pour essayer d’y arriver. On se dit qu’il va falloir faire des choix. On n’est pas défaitistes. Notre travail c’est l’animation. On réfléchit depuis 3 semaines pour nous adapter, mais à quel prix ? Les coûts des colonies sont déjà importants, et si on y rajoute tout le protocole, on ne pourra pas accueillir des enfants. Mais notre volonté est intacte ». Damien Dechaud, gérant de Djuringa, est quant à lui plus amer : « J’aurais préféré que l’on annule entièrement les colonies de vacances cet été plutôt que de nous faire attendre début juin pour savoir ce qu’il en est. J’espère que c’est pour nous alléger le protocole. C’est un peu désarmant ». Pour les gestionnaires de centres de vacances, il faudra patienter jusqu’au 2 juin pour afin connaître les conditions d’accueil des enfants en colonies.Notre volonté est intacte