La période de confinement n'en est pas encore à une semaine et de nombreux comportements "inadéquats" sont observés par les forces de l'ordre sur le terrain. "Et on n'en est qu'au 4e jour..." commente un responsable syndical de la police
Alors que la population vit son 4eme jour de confinement en ce vendredi 20 mars, les forces de l'ordre déployées en Auvergne-Rhône-Alpes sont à l'affût : elles contrôlent en ville comme à la campagne les motifs de déplacement des uns et des autres... en théorie, seuls les motifs légitimes permettent de sortir de chez soi. En théorie...
Du côté des gendarmes, a priori en zone majoritairement rurale, on observe une bonne compréhension générale du principe "d'attestation dérogatoire". Mais là où ça se complique c'est avec les anciens et les jeunes.
Dans les villages, des personnes âgées inconscientes du danger
Car dans les villages, les équipages croisent souvent les même personnes - pour l'essentiel âgées - qui n'ont pas compris les risques mortels qu'elles encourent : "elles vont chercher le pain à 7h, les cigarettes à 9h, faire la sortie du chien à 11h... Parfois 5 à 6 fois dans la journée".Le problème indique ce gendarme, c'est que ces personnes vulnérables en raison de leur âge "ne se rendent pas comptent que peuvent rencontrer des porteurs sains, et se contaminer". Pourtant, il faut limiter les déplacements "Difficile de les verbaliser, elles ont souvent de très petits moyens, alors on fait de la pédagogie".
Des barbecues en bord de Saône ou de rivière d'Ain
Même chose avec les jeunes, qui eux ont l'impression (erronée) de ne pas être concernés par le virus : résultat, les "bleus" ont dû intervenir jeudi pour faire cesser des barbecues sauvages sur les bords de Saône ou de la rivière d'Ain. Jusqu'à 15 personnes ensemble, toutes verbalisées, insouciantes du danger pour elles et leurs proches.Jeudi dans la Drôme, 93 verbalisations ont eu lieu, essentiellement pour des déplacements non justifiés ou pour absence d'attestation dérogatoire. Dans l'Ain, ce sont 80 verbalisations qui ont été effectuées en zone gendarmerie, où un peloton de gendarmes mobiles est attendu en renfort à l'approche du week-end.
Co-voiturage interdit sauf pour les manutentionnaires de plateformes logistiques
Autre zone de friction : les axes routiers où les cas de covoiturage, de fait interdits, ne sont pas rares. Seules exceptions officiellement autorisées : les manutentionnaires des plateformes logistiques. "Ce sont souvent des populations modestes, qui n'ont de voiture personnelle, et comme il y a moins de bus et de trains..."Des tensions en ville, des heurs dans les zones sensibles
En ville, même si les remontées de terrain sont encore parcellaires, on note une vraie tension nous explique Hervé Redon, secrétaire départemental adjoint du syndicat Alliance Police Nationale à Lyon. "Vu le climat ambiant, jamais la population ne va pouvoir tenir plusieurs semaines".Car sur le terrain, dans la métropole lyonnaise, les policiers chargés des contrôles rapportent face à des réactions parfois épidermiques, qui peuvent aller jusqu'à des "interventions". "Et on en est qu'au 4e jour" lâche, un brin sceptique sur la tournure des jours à venir.
"Les mesures complémentaires ont aidé à la prise de conscience"
Côté syndicat Unité SGP Police, on est un peu moins noir. Ludovic Cassier, secrétaire départemental pour le Rhône explique que cela se passe bien dans 95% des cas. Il précise : "les mesures complémentaires comme la fermeture des berges à Lyon, celle des parcs et terrains de jeu ont aidé à la prise de conscience".En revanche, confie-t-il, dans "certaines zones urbaines connues pour des phénomènes de violence comme Vaulx-en-Velin ou Saint-Priest, c'est beaucoup plus difficile". Des jeunes se rassemblent à la tombée de la nuit. "Là, on a des équipages qui ont été caillassés, et il n'est pas franchement possible de verbaliser sans déployer de gros moyens".