Coronavirus : déjà deux propositions de loi pour nationaliser Luxfer et Famar deux sociétés d'Auvergne-Rhône-Alpes

Après la France Insoumise, le groupe socialiste (SOC) a déposé mardi 14 avril une proposition de loi de nationalisation de Luxfer et de Famar. Deux sociétés d'Auvergne-Rhône-Alpes "particulièrement nécessaires à l'indépendance sanitaire de la Nation" dans le contexte d'épidémie de coronavirus.
 

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Cela fait près d'un an que l'usine Luxfer de Gerzat (Puy-de-Dôme) a cessé son activité. Mais le contexte de crise sanitaire engendré par l'épidémie de coronavirus a remis sa survie au centre des débats. Après l'alerte lancée par la CGT 63, les premiers écrits du maire (PS) de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, et celui de Gerzat, Jean Albisetti, une première proposition de nationalisation a été déposée début avril par le groupe la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Une nouvelle étape est franchie. Le groupe socialiste (SOC) à l'assemblée nationale a déposé mardi 14 avril une deuxième proposition de loi de nationalisation de Luxfer et de Famar, deux sociétés d'Auvergne-Rhône-Alpes "particulièrement nécessaires à l'indépendance sanitaire de la Nation" écrivent les signataires.
 

Nationaliser Luxer sinon rien ?


"Cette proposition de loi arrive au bon moment" estime la première signataire du texte, Christine Pires-Beaune, députée PS de la 2e circonscription du Puy-de-Dôme. "La crise sanitaire fait que ce dossier prend une autre importance, compte tenu de la pénurie de médicaments. Même si, le Ministère des Solidarirés et de la santé nous dit : "Les stocks d'oxygène sont suffisants pour faire face à cette crise ! " Qui nous dit que demain, on n'aura pas une autre crise ? s"interroge l'élue. "Dépendre de la Turquie, de la Chine ou des Etats-Unis pour nous fournir en oxygène, pour le coup se serait très dangereux " met elle en garde.

Avant sa fermeture définitive en mai 2019, l'usine de Gerzat (Puy-de-Dôme) produisait 220 000 bouteilles par an d'oxygène médical destiné aux hôpitaux. Elle était alors la seule à en produire dans l'Union européenne. Le site fabriquait aussi des bouteilles de gaz haute pression pour les sapeurs-pompiers. De son côté la société Famar basée à Saint-Genis-Laval près de Lyon fabriquait de la chloroquine, médicament testé dans le traitement du coronavirus.
Dans leur proposition de loi, les parlementaires socialistes prennent au mot le Président de la République: "Ce que révéle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché" a reconnu Emmanuel Macron lors de son son allocution du 12 mars dernier. 
"Qu'il s'agisse des respirateurs si nécessaires à la réanimation, des équipements de protection ou de certains médicaments, nos stocks étaient insuffisants. Cette situation est le résultat" selon les parlementaires socialistes " de décennies d'absence de vision stratégique sur l'indépendance sanitaire de la France" peut-on lire dans l'exposé des motifs de la proposition de loi. 
 

Favoriser un repreneur privé..?


Pour la députée de la majorité présidentielle Valérie Thomas: " On est un peu dans la précipitation. La question de notre indépendance se pose en termes sanitaires, c'est une évidence. Est-ce que demander la nationalisation de Luxfer, un peu dans l'urgence, est une réponse à apporter à cette entreprise ? Je n'en suis pas sûre" tempère l'élue LREM de la 1ère circonscription du Puy-de-Dôme. "Est-ce que la France a un problème avec les bouteilles d'oxygène ? Si j'entends ce que dit le Ministère ? Non ! " constate V. Thomas. "Il n'y a pas de problèmes sur ces bouteilles qui ne servent finalement" selon la députée "que pour le transport des malades, mais ce n'est pas du tout ce qui est utilisé en réanimation". Et de préconiser "de travailler sur des solutions de reprises par un ou des acteurs privés, de réfléchir plus stratégiquement sur le devenir de l'entreprise."
 La députée se défend d'être fondamentalement contre "dans la mesure ou elles répondent à des besoins identifiés, je ne suis pas certaine que ce soit le cas pour celle ci." conclut-elle.
 

Faut-il réquisitionner Luxfer ? 


A chaque parlementaire sa solution. Le député communiste André Chassaigne "apporte son soutien à toutes les actions qui soutiennent la lutte des salariés." Mais plutôt que le dépôt d'une proposition de loi, il a fait le choix " de demander au gouvernement d'actionner l'article de la loi d'urgence Covid 19 qui permet la réquisition immédiate". La nationalisation viendra ensuite estime le patron de la Gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée Nationale.. 
Une nationalisation qui, en tout état de cause, ne doit pas se faire sur l'achat d'actions. Ce serait faire "un cadeau aux liquidateurs" estime l'élu . D'autant qu' "avec un immobilier estimé à 4,4 millions d'euros, des machines non transportables sans valeur marchande et un passif environnemental (dépollution) estimé à 20 millions d'euros" sa valeur est nulle conclut le parlementaire.

"La nationalisation de Luxfer c'est faisable" abonde Christine Pires-Beaune. Et sans craindre une irrecevabilité financière. De plus, le projet de loi de finances rectificative a inscrit 20 milliards d'euros dans le budget de l'Etat "pour des prises de participation de l'Etat qui pourraient aller jusqu'à des nationalisations pour une liste d'entreprises. Une liste classée confidentielle" souligne l'élue.
 

Une reprise d'activité de Luxfer est-elle possible ?


Le 10 avril dernier, les anciens salariés ont écrit au Président de la République pour redemander la nationalisation de l'entreprise. Ce jour là, le Figaro révélait qu' "un repreneur potentiel du site Thierry Torti Holding (TTH)" s'était manifesté auprès de la Préfecture du Puy-de-Dôme "sans formaliser d'offre auprès du Ministère de l'Economie". La possibilité d'une reprise du site de Luxfer "a fait l'objet de contacts préliminaires, sans garantie de faisabilité à ce stade" aurait confié Bercy au journal.

Dans ce contexte, le dépôt d'une nouvelle proposition de loi demandant la nationalisation de l'entreprise est forcément bien accueillie par les anciens salariés. "On est assez content de son contenu" se réjouit Alex Peronczyck, ancien représentant CGT Luxfer. "Elle est calquée sur une proposition de loi faite en 1982 . On appartenait alors au groupe Péchiney, on avait été nationalisés en 1982 jusqu'en 1995. On espère qu'elle va aboutir". Pour l'ancien syndicaliste, il suffit de lever l'obstacle : "Aujourd'hui le blocage à la reprise, c'est Luxfer, qui abuse du droit de propriété privée et continue à prendre à la gorge tout le marché de la bouteille de gaz en abusant de sa position dominante".

Le 2 avril dernier, Bruno Le Maire, le Ministre de l'Economie et des Finances avait opposé une fin de non recevoir à la demande de nationalisation de l'usine. Motif avancé selon la CGT 63, "ni les salariés, ni les machines ne sont disponibles pour reprendre l'activité, interrompue depuis fin 2019, ce qui rend la production impossible". C'est faux ! rétorque Axel Peronczyck "C'est un manque de respect total, une méconnaissance de notre dossier" s'insurge l'ancien syndicaliste. "Sur les 136 salariés licenciés et les 27 intérimaires de l'usine, on est en contact avec chacun d'eux. 32 personnes sur les 136 ont retrouvé un travail , dont 12 en contrat précaire". Depuis le début de l'année et jusqu'au début du déconfinement, une vingtaine d'entre eux s'était barricadé dans les locaux de Luxfer pour éviter le démantèlement du matériel. Sur les 4,5 hectares de l'usine de Gerzat, entre 60 et 70 machines seraient encore opérationnelles. "Les machines sont en l'état et il y a un plan qui a été monté sur un redémarrage en 9 semaines" avance Axel Peronczyck."Cela c'est la Cgt qui le dit, seuls des experts indépendants pourraient nous dire si la reprise est possible ou pas " tranche la députée de LREM Valérie Thomas. "Plus de la moitié des salariés ont trouvé une solution d'emploi ou sont en création d'entreprises ou en formation" soutient la députée.
 
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